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Henri ANGLÈS n'est plus

Le lieutenant Henri Anglès, membre à vie de l'amicale des anciens combattants de la Légion Etrangère de Marseille-Provence, est décédé ce 22 novembre à 10 h du matin à son domicile à Marseille.

 

Il était âgé de 99 ans et s'était illustré à maintes reprises au cours de la seconde guerre mondiale et de la guerre d'Indochine.

Il était Chevalier de la Légion d'honneur et titulaire de nombreuses citations et décorations.

 

Henri Anglès était l'aide de camp du général Philippe Leclerc qui le tenait pour son meilleur soldat.

 

Biographie du Lieutenant Henri ANGLÈS

 

Les honneurs militaires lui seront rendus lundi 27 novembre à 9 h 15 au Funerarium du cimetière Saint-Pierre à Marseille.

 

Rendez-vous pour les anciens combattants et porte-drapeaux à 9 H 00

 

Le Président et les membres de l'AACLE de Marseille-Provence présentent leurs condoléances à la famille d'Henri et en particulier à José d'ARRIGO (son neveu et membre à vie de l'AACLEMP).

 

Le président de l'association des porte-drapeaux prévenu par téléphone ainsi que Monsieur  Michel FEUILLERET,  porte-drapeau de l'AACLEMP.  Monsieur Istvan SZEKFU jouera la sonnerie aux morts.

 

Tous les membres et amis de l'AACLEMP disponibles sont priés de venir accompagner ce grand soldat à sa dernière demeure.

 

Constantin LIANOS

Président de l'AACLEMP 

 

Hommage à la mémoire d’Henri Anglès

D’abord merci à tous d’être venus jusqu’ici ce matin pour vous associer à l’hommage que nous rendons ce matin à la mémoire d’Henri Anglès. Certains d’entre vous seront surpris d’entendre son vrai prénom « Henri » car ses proches avaient coutume de l’appeler affectueusement « Guy» ou « Guigui » depuis que sa sœur Janine l’avait ainsi rebaptisé parce qu’elle éprouvait dans son enfance les pires difficultés à prononcer « Henri » et qu’elle baragouinait un « Guigui » ou un « Guy » qui lui est  resté.

Un merci tout particulier à Christiane, Claudie, Caroline, Véronique et Karine, ses filles et petites-filles bien aimées, qui l’ont soigné jusqu’au bout avec un dévouement admirable, merci à Lucas, futur médecin, très proche de lui lorsque son état s’est aggravé, merci à Dany et Chantal, ses nièces, toujours présentes, toujours fidèles, merci à tous ceux qui l’ont aidé dans ses derniers moments de vie, en particulier le personnel soignant.

Je voudrais ici exprimer notre gratitude au lieutenant-colonel Constantin Lianos, président de l’Amicale des anciens combattants de la Légion Etrangère de Marseille qui a organisé avec brio l’hommage militaire auquel vous venez d’assister, et remercier le colonel Jean-Claude Baffie qui m’aidait en secret à obtenir une promotion pour Henri dans l’ordre de la Légion d’Honneur afin de célébrer dignement ses cent ans le 1er juillet prochain, mais la nature est toujours la plus forte.

Elle a déjoué nos plans et gagné la partie. Henri Anglès s’est éteint  paisiblement le 22 novembre à 10 heures du matin, comme s’il voulait dédier une délicate attention à sa chère épouse Paulette, décédée, elle, un 20 novembre, il y a près de vingt ans. 

Je prends la parole aujourd’hui à la demande du défunt, avec l’accord de sa famille, parce que j’étais devenu au fil du temps son confident et son ami après avoir recueilli ses souvenirs et écrit ses mémoires.

Nul besoin de s’étendre sur son exceptionnelle carrière militaire : le jeune lieutenant Henri Anglès s’est illustré à maintes reprises en Indochine puis durant la campagne de France et les appréciations de ses supérieurs pour justifier ses nombreuses décorations et citations valent mieux que de longs discours : « officier ardent et courageux », « soldat d’élite animé par une flamme intérieure », « courage, allant, sang froid », militaire « d’une téméraire bravoure ». Le lieutenant Henri Anglès était si vaillant que le féroce général Giap, chef du Viet Minh, avait mis sa tête à prix en Indochine et l’avait surnommé « Le Makoui », c'est-à-dire « Le Diable ».

Grièvement blessé au Laos par un éclat de grenade, Henri Anglès n’a dû son salut qu’au général Philippe Leclerc qui a dépêché sur place un Aviso médicalisé pour rapatrier d’urgence celui qu’il considérait comme son meilleur soldat. En vérité, Henri Anglès a toujours cru en sa bonne étoile, même dans les pires moments. Il était probablement un croyant qui s’ignore et un chef charismatique « animé d’une flamme intérieure » qui ne l’a jamais quitté, une flamme perceptible dans son regard bleu ciel d’une étonnante limpidité.

Henri Anglès assumait l’héroïsme tranquille d’un homme libre qui considérait la guerre comme « un métier de Seigneur ». Il aimait cette citation d’un autre brillant officier de la Légion qui s’est illustré en Algérie, le commandant Hélie Denoix de Saint Marc : « La vie est un combat et le métier d’homme est un rude métier. Ceux qui vivent sont ceux qui se battent. Rien n’est sûr. Rien n’est facile. Tout se conquiert. Tout se mérite. Si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu. Envers et contre tous, il faut croire en son pays et en son avenir. De toutes les vertus, la plus importante me paraît être le courage et surtout le courage dont on ne parle jamais : celui de rester fidèle à ses rêves de jeunesse… »

Eh bien Henri Anglès est resté fidèle à ses rêves de jeunesse et il les a accomplis en aristocrate de la guerre. Démobilisé en 1946, il a créé à Saigon un bureau d’import-export avec l’aide d’un mystérieux « Monsieur Tung » qu’il vouvoyait et appelait toujours respectueusement « Monsieur Tung ». Henri ignorait alors que ce « M. Tung » n’était autre qu’un des patrons du Viet Minh à Saigon. Lorsque M. Tung a vu passer le nom d’Henri Anglès accolé à « Makoui » dans une liste adressée au comité d’assassinat de la région de Saigon-Cholon, il a discrètement rayé le nom de son patron sur la liste noire…Quelques années plus tard, sur le Vieux Port, le mystérieux « M. Tung » expliqua à Henri qu’il lui avait sauvé la vie parce qu’il l’avait toujours traité avec la plus grande humanité.

La vie d’Henri Anglès ressemble à un roman épique peuplé de défis permanents, comme s’il cultivait le goût du risque et cherchait à s’éprouver lui-même. Il se lançait à lui-même ces défis, à la manière d’un alpiniste qu’aucune difficulté ne rebute, jusqu’à la réussite finale. Il a ainsi vécu sa vie comme une mission qui n’aurait pas de fin…

Henri, toi le baroudeur impénitent, tu reposes en paix auprès de ton épouse bien aimée. Toi qui étais en quête d’une plénitude extrême et d’une tentation de l’au-delà, te voilà aujourd’hui dans un autre au-delà, celui du royaume des Cieux. Toi qui rêvais enfant devant le tableau des médailles de tes ancêtres en aspirant à leur ressembler, voire à les dépasser un jour, tu y as mis toute ton âme, toute ta force et tu y es parvenu. Le récit de tes missions prestigieuses a fasciné nos imaginations blasées. Il nous reste ton regard bleu qui semblait percer à jour toutes les vilénies de ce monde pour les rendre dérisoires, il nous reste ton rire qui ruisselait en cascade et tes boutades goguenardes parfois empreintes d’une ironie mordante.

Grâce à ton exemple, grâce à tes amis et tes proches, nos enfants apprendront la grandeur de la France éternelle, ils sauront que rien n’est impossible à un cœur vaillant animé par une foi et une volonté invincibles. Je pense à Valentin, un de tes arrières petits fils qui pleurait à chaudes larmes le jour où Renaud Muselier et le lieutenant-colonel Constantin Lianos t’ont remis la médaille d’Honneur de la ville de Marseille pour services rendus à la nation. Tes larmes, sache-le, Valentin, ont été durant ces dernières années une des plus grandes joies du  glorieux lieutenant Henri Anglès. Adieu Guy, adieu l’artiste.

 José d'ARRIGO

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