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Sur les pas de Saint Paul

Récit sur les pas de Saint Paul au 21ème siècle

(du 16 au 25 Mai 2016) 

Rétrospective d’un voyage en Grèce, organisé par le Lieutenant-colonel (H) Constantin LIANOS, président de l’Amicale des Anciens Combattants de la Légion Etrangère de Marseille. 

Présentation 

Ce voyage-pèlerinage fait suite à deux voyages-pèlerinages en Terre Sainte, en 2014 et en 2015,
organisés par le Lieutenant-colonel  Constantin LIANOS.

Organisateur hors pair et pèlerin assidu de la Terre Sainte (cet homme est allé 71 fois en Israël !),  Constantin nous avait offert deux séjours exceptionnels ces deux dernières années.

Pour tout chrétien, évidemment, aller en Terre Sainte, c’est aller chercher la présence de Jésus Christ dans les lieux même où il a vécu et prêché, mais aller en Grèce pour y suivre l’itinéraire de Saint Paul, c’est aller chercher le

  

complément indispensable qui s’inscrit dans la logique même du monde chrétien, « tant l’apôtre des Nations a joué et joue encore, un rôle fondamental pour le christianisme ».

Les deux premiers voyages-pèlerinages en Terre Sainte, furent en tous points remarquables.

   

Plusieurs raisons à cela : certes l’organisation en fut parfaite (compte tenu de la quantité de visiteurs quotidiens, la

  

visite des lieux saints doit être strictement prévue et minutée très à l’avance, afin de pouvoir « en profiter » dans de bonnes conditions), mais la dimension spirituelle en fut une aussi ; elle fut à chaque fois de très haut niveau.

 

Monseigneur ELLUL, Recteur de la Basilique du Sacré Cœur de Marseille, a donné à ces deux pèlerinages une portée qui va bien au delà de ce dont on se souvient habituellement après un quelconque voyage. Enfin n’oublions pas la qualité du guide choisi pour nous accompagner et commenter les visites ; nos guides ont toujours été d’un excellent niveau. 

 

En 2014, le premier voyage-pèlerinage avait commencé par le désert du Neguev pour s’achever à Césarée, d’où Saint Paul fut emmené à Rome. 

Devant la prison de Saint Paul 

En 2015 le second, pour partie en Jordanie, commença par le fameux site de PETRA pour s’achever par la visite des lieux saints en Israël.

  

  

Cette année, Constantin se devait donc de les « compléter » par un troisième, mais cette fois-ci en Grèce, avec pour thème : «  sur les pas de Saint Paul » !

   

 

Il s’agissait de découvrir le chemin parcouru par Saint Paul, en Grèce, il y a plus de 2000 ans, et qui plus est, Constantin allait nous faire découvrir en même temps son pays natal ! 

Constantin et Jeanne LIANOS, tous les deux nés dans une terre de montagnes plongées dans les eaux de la Méditerranée, ayant ce goût de l’aventure et du voyage qu’ils partagent, ont accumulé beaucoup d’expérience au cours de leurs nombreuses escapades ; cela leur donne une grande aptitude à organiser de tels voyages.

L’occasion est belle pour leur faire un petit clin d’œil : les Grecs et les Corses c’est une très vieille histoire d’amour ….

Déjà au vie siècle av. J.-C., alors que les Grecs fondent Phocée, Massalia (Marseille), Agathe (Agde),Olbia (Hyères), Antipolis (Antibes) et Nikaïa (Nice),  ils établissent à la même époque un comptoir sur la côte orientale de la Corse, à Alalia (actuelle Aléria).

 

Plus tard en 1676, ce sera  pour se soustraire à la domination Turque, qu’une colonie grecque s'installera sur le littoral occidental de Corse, dans une zone concédée par la République de Gênes. Ce sera d'abord à Paomia, ensuite à Cargèse  puis au nord d'Ajaccio.

Vers 1670, les habitants du Magne, une péninsule au sud de la province du Péloponnèse, se décident à émigrer pour fuir la domination et les exactions des Turcs, alors maîtres de toute la Grèce continentale.

Réfugiés dans leurs montagnes du Magne, les Maniotes révoltés y sont traqués et attaqués. Quelques familles de cette contrée, soit environ 730 âmes originaires de Vitylo ou Oitylos (Laconie) dans le Magne, décident de quitter la région, avec Mgr Parthenios (ou Parthenius1), leur évêque, pour fuir la répression turque.

Un Grec respecté nommé Ioannès Stephanopoulos (Jean Stéphanopoli en français), est chargé de leur trouver un refuge. Après une vaine quête d'un lieu propice en Italie, il arrive à Gênes où il reçu par le Sénat pour exposer l'objet de son voyage. Il y est bien accueilli ; le Sénat lui concède un spacieux pays sur la côte occidentale de l'île de Corse et lui promet de  l’aider de tous ses moyens pour mener à bien l'établissement de cette petite colonie grecque.

En 1673 - Profitant de la présence d'un vaisseau français qui était dans le port de Vitylo, cette petite communauté de 730 personnes composée d'hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards, (montagnards du Taygète, marins de Vitylo et popes aussi), réussit à embarquer le 3 octobre 1673 à Porto-Betilo, à bord de ce navire, attaché au port de Marseille, le « Le Sauveur », (le bien nommé…). Mais de ces 730 personnes, 610 seulement arriveront à destination. Le voyage fut long et pénible. En 97 jours, 120 personnes avaient disparu pour des causes diverses : mauvaises conditions de vie et d'hygiène à bord du bateau, tempêtes et chutes à la mer, attaques des pirates barbaresques, etc…mais il y eut malgré tout quelques naissances à bord.

Les Génois assurèrent à cette petite colonie grecque la possession des terres de Paomia, en Corse, mais en contre partie leur imposèrent une convention, c’est un traité daté du 18 janvier 1676, qui leur impose les quatorze points suivants : 

1° La république de Gênes entend que la colonie grecque qui va s'établir en Corse soit soumise au souverain pontife en ce qui touche la religion, et qu'elle exerce le rite grec tel qu'il est en usage dans le domaine pontifical et dans les royaumes de Naples et de Sicile ;

2° Qu'à la mort de l'évêque actuel, des moines et des prêtres venus avec la colonie, ceux qui les remplaceront soient nommés par le pape ou par ses délégués ;

3° Que, suivant les sacrés canons et les conciles, le clergé grec soit soumis à l'évêque latin du diocèse de la colonie ;

4° À leur arrivée à Paomia, les colons devront bâtir des églises, des maisons pour leur habitation, et suivre les ordres du Régent que la république y entretiendra ;

5° Lorsque la république en aura besoin, les colons devront la servir sur mer comme sur terre en fidèles sujets ;

6° Les colons jureront fidélité et obéissance aux lois de la république, et s'engageront à payer exactement les impôts établis ou à établir ;

7° La république assigne aux Grecs, à titre d'emphytéose, trois pays, savoir : Paomia, Revida et Salogna. Elle les leurs concède pour eux et leurs descendants, à condition toutefois que les portions de terrain qui seront assignées à chaque colon soient par lui transmises en portions égales à ses enfants, sans distinction de garçon ou de fille. En cas de déshérence, la république rentrera de plein droit en possession du bien ;

8° L'administration de Gênes s'oblige à fournir les matériaux pour construire les églises et les maisons, ainsi que le blé et le froment pour les semailles, à condition que ces avances lui seront remboursées avec exactitude dans le délai de six ans ;

9° Chaque colon est libre d'avoir des fours, et des moulins à eau ou à vent ;

10° La colonie pourra avoir, pour son usage ou sa commodité, des troupeaux de gros et menu bétail ;

11° La république permet à chaque colon d'avoir chez lui des fusils et d'autres armes. Quant aux armes prohibées, il devra en donner connaissance au juge, selon les circonstances ;

12° Le commerce de toute espèce de marchandise est libre, en payant toutefois à la république les droits établis ;

13° Il est permis aux colons d'aller en course contre les Turcs sous pavillon de la république, à charge par eux de payer les droits consulaires et de se conformer aux règlements sur cette matière;

14° La république s'engage à transporter en Corse, sans frais, la colonie ; mais elle entend être remboursée des dépenses qu'elle a déjà faites pour ledit voyage, et qui s'élèvent à mille environ pièces (« La pièce dont il est question devait être la genovina de 80 f. »).

- Après cette bribe d’histoire, pour le moins intéressante, dans le contexte que nous vivons aujourd’hui, revenons à notre propos, le résumé de notre voyage et à notre organisateur. 

Comme tant de ses compatriotes, Constantin lui aussi quitta très tôt sa terre natale, ce fut pour l’Angleterre d’abord,  puis pour la France et la Légion Etrangère. 

Depuis 12 ans qu’il préside aux destinées de l’AACLEM, il nous a déjà concocté plusieurs très beaux voyages en commençant par celui de 2010.  Camerone à Camerone ! (inoubliable « pèlerinage » en Terre mexicaine à Camaron de Tejeda ! là où les Légionnaires écrivirent une leurs plus belles pages de gloire en 1863!). Il y a 6 ans déjà, mais on s’en souvient comme si c’était hier !

Depuis, plusieurs autres voyages ont suivi,  le Sud marocain (la terre du 4° Etranger ! rappelons nous que sur l’insigne du 4° Etranger figure la « Koutoubia » de Marrackech), Venise, l’Autriche, la Corse, etc… enfin les deux derniers que nous avons évoqué en début de ce compte rendu, 2014 et 2015 en Terre Sainte. 

Il lui restait donc à offrir à son groupe de pèlerins ce troisième voyage-pèlerinage, consacré à Saint Paul. « Son groupe de pèlerins »…avons-nous dit,  on peut en effet parler ainsi de ce groupe qui s’est constitué autour de lui, depuis le Mexique, où des amitiés se sont nouées, des liens se sont tissés et resserrés, le même noyau est toujours là.

Comme il sait le faire, Constantin se mît donc à l’ouvrage  pour organiser ce nouveau périple ayant pour thème : « sur les pas de Saint Paul ». Avec la minutie que nous lui connaissons,  il avait pris soin, par exemple, lors de ses nombreuses venues en Grèce, notamment pour voir sa famille, d’en tester lui-même, tous les détails (trajets, hôtels, restaurants, etc…) ; et comme à l’accoutumée, cette année encore, il s’est entouré d’une équipe bien rodée, attentive à ce que tout se passe bien, chaque jour, au sein de notre petite communauté ; chacun dans le groupe était investi d’une petite mission. Une fois de plus, aussi, il a su choisir aussi une excellente collaboratrice, en la personne de Néna PAPADOPOULOU, notre guide grecque, qui nous a commenté d’excellente manière chaque visite, et qui a su également intégrer quelques petites modifications de programme de façon très opportune, pour le bien être et l’avantage du groupe. 

Ainsi, dès le départ nous le savions, ce voyage, à l’instar des précédents, s’annonçait  sous les « meilleurs augures » ! 

Vient maintenant le moment de présenter notre groupe de voyage, mais avant cela le « scribe »,  tient à vous livrer un petit mot très personnel

Comme pour le Mexique en Avril 2010 et le Maroc Octobre de la même année, puis la Terre Sainte en Avril 2014, c’est à votre humble serviteur que Constantin confie la tâche de faire le « compte rendu » de ce voyage… et si cela prend un certain temps, il faut bien en convenir, c’est en même temps et à chaque fois  une manière d’effectuer une deuxième fois le voyage ; malgré le travail nécessaire que cela impose, c’est en réalité un vrai plaisir.

Cette fois-ci l’idée était de recueillir le sentiment de chacun et en faire une synthèse, mais ce fut impossible, tant les journées étaient denses. De plus, chacun d’entre nous est revenu dans ses foyers imprégné d’une multitude d’images, de sensations, d’émotions, enregistrées tout au long du parcours, avec en mémoire les explications très détaillées et fortes intéressantes de Néna, notre guide. 

Alors vouloir faire la synthèse du ressenti de chacun après un tel séjour, si riche et si complet dans tous ses aspects, relevait de l’utopie… (utopie avez-vous dit ? encore un mot qui nous vient… des Grecs).

Que chacun soit donc indulgent, s’il y a des lacunes, des oublis ou des erreurs…toute fois, gardons le secret espoir que chacun, en lisant cette « prose » revivra une deuxième fois ce superbe voyage-pèlerinage, vécu ensemble et en compagnie de Saint Paul.

 

Notre Groupe

ou

« Les pèlerins de Constantin »

Abordant cette présentation, je me suis permis de reprendre en partie les termes du préambule de la brochure de Routes Bibliques, intitulée : Un grand peuple en prière, distribuée à chacun d’entre nous, pour nous aider à prier ensemble tout au long de notre route. 

… « Le pèlerin trouvera dans ce recueil les éléments de la prière communautaire, mais aussi personnelle, pour, qu’en église*, il puisse célébrer les étapes historiques de l’irruption progressive de DIEU dans la vie des hommes. Ainsi ce grand peuple pourra se nourrir du sacrement de la parole entendue sur la Terre où elle a été vécue »…

*église, un mot de plus, encore un parmi tant d’autres, qui nous vient du Grec : « ecclésia », ce qui  signifie, (si la leçon a été bien retenue) « assemblée convoquée »-« appelée hors de… » 

… « En Terre Sainte cette église* célèbre les évènements du mystère du salut sur les lieux mêmes que nous indiquent  l’Ancien et le Nouveau Testament. La liturgie du LIEU prend le pas sur celle du temps. Il y a aussi comme un Sacrement de la Terre Sainte : que chacun marche sur cette Terre et entre donc dans la démarche  de prière proposée et animée par les pasteurs du groupe »... 

Dans ce groupe de pèlerins, nous avons tous été au moins une fois en Terre Sainte (sauf peut être à une ou deux exceptions près), et pour la plupart d’entre nous il manquait cette étape du Christianisme « l’œuvre de Saint Paul », tant son apostolat fut déterminant  pour le développement de notre religion.

Trente neuf personnes ont ainsi participé à ce voyage-pèlerinage, sous la responsabilité de notre ami Constantin.

… « Le pèlerinage se fait en groupe ; et le groupe est riche de toutes les personnes qui le composent. Oui, mais il est riche aussi de toutes les communautés auxquelles appartiennent ses membres. Le pèlerinage s’accomplit en église* »…

D’horizons sociaux très divers, d’origines et d’âges très différents, chacun d’entre nous a apporté sa motivation de faire ce voyage, son envie de prier ensemble, et sa joie aussi de se retrouver dans cette démarche commune.

En effet, dans ce groupe que Constantin a conduit plusieurs fois en pèlerinage, nous sommes nombreux à nous connaitre depuis un certain temps. Même si nous ne nous voyons pas souvent, nous constituons un noyau chaleureux qui s’est agrandi, enrichi et consolidé au fil des précédents voyages. Voilà pourquoi  cette fois encore, malgré les nouveaux visages, et le regret de ne pas revoir certaines connaissances, à peine étions nous regroupés à l’aéroport de Roissy que la cohésion était immédiate.

Ce groupe est comme une sauce très concentrée où les milles ingrédients et condiments qu’elle contient, lui donne une saveur exceptionnelle. Pardonnez cette analogie, mais il est très intéressant, impressionnant même, de constater que ce groupe foisonne de fortes expériences humaines, de vies faites de dures épreuves, de souffrances cruelles, de grandes connaissances du monde, ou encore de grandes responsabilités à assumer ; en un mot, des vies excessivement denses et complètes à la fois, mais en même temps tellement différentes les unes des autres… à cela s’ajoute les nombreux et incroyables  talents que possèdent les uns et les autres, que l’on ne découvre qu’au fur et à mesure. 

Ce groupe est un véritable concentré de qualités humaines.

Il est très  émouvant aussi de découvrir jour après jour, la richesse intérieure de certains, cela se fait bien sur par le biais de discussions animées sur des sujets qui nous tiennent à cœur et que chacun quelques fois, défend avec conviction, mais cela se fait aussi de façon quelques fois beaucoup plus subtile. 

Découvrir la dimension de l’autre avec humilité, demeure une démarche profonde ; il n’est pas rare en effet de rencontrer quelqu’un qui « ne paye pas de mine », suivant l’expression populaire, mais qui possède au fond de lui un véritable trésor humain…

Il y a tout cela dans ce groupe, dans notre groupe ; c’est ce qui en fait une communauté exceptionnelle, et cela aussi est l’une des raisons qui font que cette série de voyages-pèlerinages, organisée par notre ami Constantin, est une très belle réussite.

Pour conclure en quelque sorte cette présentation de cette communauté que nous avons formé pendant une dizaine de jours, citons une dernière phrase du préambule de la brochure de Routes Bibliques :…« Chacun y a apporté sa participation vivante »…

Cela dit, reste cependant une question : qu’est-ce qu’un groupe de pèlerins sans un guide spirituel ? 

Il est juste de dire aussi que la présence de Monseigneur ELLUL fut, une fois de plus, une très grande chance pour nous. 

Par les évocations des textes Bibliques et leur « traduction en langage accessible », par les transpositions qu’il a pu faire de scènes décrites à l’époque de Jésus et de Paul, en comparaison à ce que nous vivons aujourd’hui, par les célébrations quotidiennes, émaillées de ses homélies et de l’explications des rites catholiques en termes simples, par les prières qu’il nous a proposé tout au long de notre route, par ses commentaires et par son optimisme qui reflète la force de sa foi, Monseigneur ELLUL a très largement contribué à la dimension spirituelle de ce pèlerinage et à cette communion qui s’est faite au sein de notre groupe. Nous lui en sommes particulièrement reconnaissants. 

On ne sort pas « indemne » d’un tel voyage-pèlerinage, il laisse en nous une belle empreinte lumineuse, comme « un baume sacré » qui vient, au moins apaiser, si non guérir les blessures et les douleurs que nous avons tous accumulés dans nos vies.                                                                

Enfin à présent,

 avant de donner un aperçu de notre voyage-pèlerinage, parlons un peu de cet homme :

qui est Paul ?

C’est dans une brochure « fêtes et saisons » éditée par les Editions du Cerf à l’occasion de l’année « Saint Paul » 2008-2009, que sont extraits les principaux textes cités. 

Souvenons-nous que le Pape Benoît XVI inaugura « l’année jubilaire paulienne » le 29 Juin 2009, jour de la fête de Pierre et de Paul.

Paul est d’abord un Pharisien.

Né à Tarse, capitale de la Cilicie, en Asie mineure (actuelle Turquie) ; ville de plus de 300000 habitants connue pour ses professeurs de rhétorique ; Paul représente bien l’un de ces juifs, habitant loin de Jérusalem, au carrefour de plusieurs civilisations : la civilisation juive, évidemment, mais aussi le monde gréco-romain et le monde oriental.

Il a peut être reçu de ses parents le titre de citoyen romain dont les Actes des Apôtres affirment qu’il fera parfois usage avec fierté (Ac22,25-28). Il a sans doute fréquenté l’enseignement païen dont il utilisera les procédés littéraires et il cite à l’occasion des poètes. Son double nom, Saoul (nom juif) et Paulos (nom grec) indique bien son appartenance à ces deux cultures.

Il reçoit sa première éducation à Tarse puis il étudie à Jérusalem, peut être sous la direction d’un des plus grand rabbis de l’époque, Gamaliel (voir Actes 22, 3 et 5,37).

Il ne semble pas avoir connu Jésus personnellement.

Il exerçait le métier de fabricant de tentes (le cilice, gros tissu rêche, provient de sa région d’origine), ce qui l’amenait à travailler aussi bien les voiles de bateaux que les bâches de tentes.

Paul débute sa vie en tâchant de servir Dieu par la pratique minutieuse de la Loi que prônaient les pharisiens.

A Jérusalem, vers 34, il s’inquiète de la prédiction des disciples de Jésus. Parce qu’il est un érudit, il perçoit combien le discours des apôtres risque de bouleverser le judaïsme : ils mettent ce Jésus, condamné comme blasphémateur par les autorités, sur le même plan que Dieu. Il se décide à combattre cette nouvelle tendance. Comme il le dit lui-même, il « persécute » la première communauté chrétienne.

« Les Actes des Apôtres racontent que Paul assista à la lapidation de Saint Etienne et l’approuvât. »

Sur le chemin de Damas.

Sur le chemin de Damas où il va « mettre de l’ordre » dans les synagogues, Paul vit une expérience qu’il considère comme une révélation de Jésus ressuscité (Galates 1, 15-17 ; 1 Corinthiens 9, 1 ; 15, 8). Il se rend compte que le crucifié qu’il maudissait est le Christ, le Seigneur et le Messie que le peuple juif attendait.

Toute la théologie de Paul tient dans ce renversement. Jésus avait été condamné par la Loi dont les autorités religieuses étaient garantes. Il était maudit par Dieu qui n’avait rien fait pour le délivrer, comme il est écrit dans la Loi : » Maudit celui qui pend sur le bois » (Deutéronome 21, 23 ; voir Galates 3, 13). Or Dieu a glorifié ce « maudit » ! C’est donc qu’il se déclare d’accord avec lui. La Loi qui l’a condamné doit être réévaluée, les puissants qui l’ont mis à mort sont discrédités, le « petit reste » fidèle aux promesses de Dieu n’est donc pas les autorités mais les disciples de Jésus. Paul mettra toute sa vie à approfondir cette intuition dont l’expression la plus aboutie se trouve dans son épître aux Romains.

Le Prédicateur d’Antioche.

Après cet épisode, il se rend à Antioche (après une halte à Damas et en Arabie) où il devient le second de Barnabé, un des dirigeants de l’Eglise* locale. Il le suit dans un premier voyage missionnaire d’Antioche à Lystres dont certains épisodes sont racontés par les Actes des Apôtres. Juif de la diaspora (habitant hors de Judée), il ne voit pas de rupture avec le judaïsme. Il vit son judaïsme dans la même langue grecque en prêchant que le Messie est bien Jésus et qu’il faut pratiquer une ouverture aux non-juifs : non pas en abandonnant les prescriptions de la Loi, mais en imposant à chacun des concessions mutuelles pour que la vie commune soit possible.

La crise éclate lorsque des disciples de Jésus, venus de Jérusalem, refusent de partager la table avec des non-juifs : conflit culturel entre le judaïsme de Judée et le judaïsme de la Diaspora. Paul se rend compte que les difficultés ethniques et religieuses comptent davantage que le salut commun. Il part pour Jérusalem pour plaider sa position devant les autres Apôtres, dont Pierre et Jacques, et semble avoir conclu une sorte de modus vivendi : à lui la prédication pour les « gentils », c'est-à-dire les non-juifs. Il part donc pour un second voyage missionnaire qui le conduit à Ephèse, à Thessalonique, à Corinthe puis à Athènes en suivant les routes commerciales juives. Profitant de ses réseaux familiaux, il commence à prêcher aux juifs pour ensuite de parler aux non-juifs.

Crise à Thessalonique (vers 50).

Au cours de ce deuxième voyage, Paul s’arrête à Thessalonique où il prêche à des Juifs puis à des païens visiblement de condition modeste qui travaillent de leurs mains (1Thessaloniciens 4,11). Il quitte ensuite Thessalonique pour Corinthe. Peu après, de mauvaises nouvelles lui parviennent : une persécution a été déclenchée, sans doute pour des motifs étrangers à sa propre foi. Il y a eu des morts dans la communauté : les Thessaloniciens ont-ils flanchés ? Paul envoie un de ses auxiliaires, Timothée, qui revient avec de bonnes et de moins bonnes nouvelles : la foi n’a pas vacillé mais la persécution a suscité des questions sur le statut de ceux qui sont morts. Paul écrit donc pour affermir leur foi : c’est la Première Epître aux Thessaloniciens, premier écrit conservé du christianisme (datant des années 50), dans lequel il rassure sa communauté sur le destin de leurs morts.

Les années d’Ephèse (vers 52-55). 

Après son voyage en Grèce, Paul se fixe à Ephèse dont il fait la base arrière de ses missions ; il se comporte en chef d’Eglises* et réagit par ses lettres aux crises qu’elles traversent. Dans le même temps, Paul lui aussi rencontre de fortes oppositions provoquées par l’influence de « contre-prédicateurs ».

Le voyage vers Rome.

Plus tard, vers 57, Paul décide d’ouvrir de nouveaux champs à sa prédication et d’aller à Rome puis en Espagne

Pour préparer son arrivée dans la capitale de l’Empire, il envoie une lettre à la communauté de Rome, pour présenter sa doctrine, espérant ainsi son soutien.

Mais rien ne se passe comme prévu ! Avant d’aller à Rome, Paul s’arrête à Jérusalem pour y déposer le fruit de la collecte qu’il a mené dans ses Eglises* en faveur de l’Eglise* de Judée. Dénoncé comme agitateur par une faction extrêmement hostile, il est arrêté par les romains vers les années 58-59. Mis en prison à Césarée*, puis il est conduit à Rome quelques années après selon les Actes des Apôtres.

*Césarée : que nous avons visitée le 19 Mars 2014 lors du premier voyage-pèlerinage en Terre Sainte.

Concernant la fin de sa vie, une incertitude demeure cependant :

A Rome, meurt-il immédiatement (vers 62) ? 

Ou parvient-il à se faire libérer, à partir pour l’Espagne, à revenir à Rome pour y mourir en Martyr, comme le veut la tradition (vers 64-68) rapportée par Eusèbe de Césarée (Histoire ecclésiastique II,25) ?

 

 Notre voyage 

Comme pour les deux précédents voyages, l’itinéraire de notre parcours ne fut pas choisi par hasard. Il s’agissait de commencer par la région par laquelle Paul arriva en Grèce, la Macédoine de l’Est.

Compte tenu de la forme géographique de la Grèce, toute en longueur pour sa partie Est, c’est à Thessalonique que notre avion s’est posé. Il nous a fallu néanmoins faire un  « aller-retour » jusqu’à Kavala, là où Paul venant d’Ephèse posa le pied pour la première fois en Grèce, en 49 ap.JC.

©(aquarelle Elisabeth Lalle)© Monsieur Légionnaire

Ce voyage, centré sur le chemin de Saint Paul évangélisant les populations, nous a en même temps permis de découvrir ce pays qu’est la Grèce, ce pays dont le maintient au sein l’Europe économique est remise en question.

Voici d’ailleurs une bribe de Mythologie à propos de « Europe »…

Europe est une princesse phénicienne, fille de Téléphassa et d'Agénor, roi de Tyr, Europe (Gr. Εὐρώπη; Lat. Europa) fut aimée de Zeus et elle lui donna trois fils MinosRhadamanthe, et Sarpédon.

La jeune princesse fit un jour un rêve étonnant où deux continents personnifiés tentaient de la séduire. Le matin venu, pour chasser ce rêve étrange, elle alla avec ses suivantes cueillir des fleurs près de la 
plage de Sidon, c'est là que Zeus aperçut la jeune fille jouant avec ses compagnes et il en tomba immédiatement amoureux. Il jugea plus prudent de se métamorphoser en taureau pour échapper à la surveillance de son épouse, Héra, et pour mieux approcher les jeunes filles sans les effaroucher. Il prit la forme d'un beau taureau blanc au front orné d’un disque d’argent et surmonté de cornes en croissant de lune. Il se mêla paisiblement aux jeux des jeunes filles; il se laissa même caresser par Europe, qui, attirée par l'odeur d'un crocus qu'il mâchonnait, tomba sous son charme et s'assit sur son dos. Mais dès qu'elle fut sur son dos, il se précipita vers le rivage proche. Accompagné par toute une cohorte de divinités marines, de néréides chevauchant des dauphins et de tritons soufflant dans des conques, il l'amena dans l'île de Crête.

Pendant ce temps, son père, Agénor, cherchait partout sa fille. Il décida d'envoyer ses trois fils Cadmos, Phénix et Cilixainsi ainsi que sa femme à sa recherche. Il leur donna l'ordre de ne pas revenir 
sans Europe et il ne les revit jamais. 

Europe  donna son nom au continent européen et dans la voute étoilée, la constellation du taureau rappelle cette transformation divine.

 

Le programme

 

Dimanche 15 Mai

L’après midi

Arrivée d’une première partie du groupe à l’hôtel Comfort Hôtel Airport, au Mesnil Amelot, près de Roissy.

 

Lundi 16 Mai

Le matin 

Regroupement à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle pour les formalités habituelles. 

Vers Midi

Décollage de Roissy  pour Thessalonique

L’après midi

Arrivée à Thessalonique, départ pour Kavala (170 km), en Macédoine de l’Est par l’autoroute qui suit l’ancienne voie romaine, la « via Egnatia ». Nous laisserons sur notre droite le mont Athos, que nous ne visiterons pas, cependant  il est intéressant d’en dire un mot ; ensuite nous longerons le lac de Koronéia et le lac de Volvi avant d’arriver à Kavala.

Le mont Athos :

Mentionné par Homère et Eschyle, le mont Athos n’apparaît dans l’histoire qu’au VII°s., lorsque les moines d’Orient, chassés par les arabes, choisissent de s’y établir.

Deux siècles plus tard, en 885, une chrysobulle* de l’Empereur Basile 1er entire son statut religieux. La prise de Constantinople par les Latins (1204-1261) marque la rupture avec le monde Catholique qui y maintenait une présence malgré le grand schisme de 1054. Après le départ des Francs, le règne d’Andronic II (1282-1328) ouvre un nouvel âge d’or, interrompu par les sanglantes incursions de mercenaires catalans. Le mont Athos y survivra et se relèvera. Après la prise de Constantinople (1453), la sainte montagne conserve ses privilèges. Le mont Athos s’affirme peu à peu comme le foyer spirituel et intellectuel du réveil hellénique qui aboutira  à l’insurrection de 1821…et à une occupation temporaire par les ottomans. Au XIX°s. l’influence prépondérante de Moscou se montagne rentre dans le giron grec. Aujourd’hui en dépit d’un renouveau récent, les monastères du mont Athos sont manifeste. En 1912, la sainte loin d’avoir retrouvé leur lustre d’autrefois et ne compte plus que 2000 moines contre 7000 au début du XX°s..

Un endroit à découvrir lors d’un prochain voyage dans cette région ! Mais le mont Athos et sa république monastique ne s’ouvre qu’aux détenteurs du « diamonitirion », c’est une autorisation spéciale, et reste interdit aux femmes…    

Puis voici Kavala, le port de la ville de Philippes.

L’antique Néapolis, qui correspond à l’actuel quartier de Panagia, fut probablement fondée au 7°s. av JC par les habitants de Paros et de Thassos, située à proximité des mines d’or du Pangée, la cité connait une grande prospérité, attestée par l’importance de ses monnaies frappées. Sa position entre l’Orient et l’Occident, lui vaut la visite inopportune des Perses, puis de Philippe II de Macédoine, qui en fait le port de la ville de Philippes (340 av JC). Quatre siècles plus tard, c’est à Kavala que venant d’Ephèse Saint Paul foule pour la première fois le sol européen et que  débute  son parcours en Grèce, en 49 ap Jésus Christ.

Rebaptisée Christoupolis au IX° s. la ville subit les raids slaves jusqu’au XIV°s., des Catalans et, surtout des Normands de Sicile (1185), avant de succomber aux Ottomans (1391).

Kavala vivote alors grâce au commerce des chevaux (qui lui vaut son nom), jusqu’à l’arrivée d’une population de juifs transférées de Hongrie par les ottomans (début du XVI°s.).

La ville connait un nouvel essor, tandis que Soliman le Magnifique la dote de nouvelles fortifications et d’un aqueduc. Par sa situation, la cité affirme sa vocation commerciale, nouant des relations avec Marseille. 

Au XIX°s., grâce au dynamisme de la communauté grecque, elle déborde  des limites de Panagia. Mais ce n’est qu’en 1913, après une brève occupation des bulgares, qu’elle rentrera dans le giron d’Athènes. Ultime soubresaut de l’histoire : en 1922, la cité accueille 25000 grecs lors de l’échange de population entre la Grèce et la Turquie.

 

Mardi 17 Mai

Le matin 

Nous commencerons la journée par une promenade sous les murs crénelés du Kastro de la vieille ville qui domine le port, l’ancienne Panagia. Elevée par les Byzantins, cette citadelle fut remaniée par les Turcs puis par les Vénitiens au XV°s.. Nous emprunterons quelques ruelles pavées, passant devant l’IMARET, édifice construit en 1817 par les Turcs, semblable à un caravansérail avec ses coupoles et ses cours intérieures, il abritait autrefois une école coranique et un hospice pour les pauvres, aujourd’hui c’est hôtel de luxe. Nous verrons les maisons anciennes accrochées aux remparts.

 Nous passerons également devant la maison où à vu le jour Mohamed Ali, témoin de l’architecture ottomane du XVIII°, aménagé en musée.

Fascinante destinée que celle de cet Albanais natif de Kavala (1769-1849), qui défia les grandes puissances et fonda une dynastie appelée à régner sur le Nil jusqu’en 1952. Envoyé en Egypte à la tête d’un corps expéditionnaire albanais pour combattre Bonaparte, il se fait proclamer vice-roi après le départ des français, massacre les Mamelouks, chasse les Wahhabites d’Arabie, s’attaque aux pirates de la mer Rouge et fonde Khartoum ! En 1877, sa flotte mate la rébellion Grecque, mais elle est vaincue à Navarin. Furieux de n’avoir pas obtenu la Syrie, Mohamed Ali conquiert la Palestine. En 1839 il vainc les turcs avec l’appui de la France, mais, sous la pression anglaise, il doit se replier en Egypte et au Soudan, terres qu’il reçoit en héritage et où il finira ses jours. Bien que jugé tyrannique par les égyptiens, Mohamed Ali reste considéré comme le fondateur de l’Egypte moderne et le précurseur de la renaissance arabe.

Nous nous arrêterons surtout devant le monument paré d’une très belle mosaïque, qui rappelle l’arrivée de Saint Paul à Kavala, Panagia à l’époque. Monseigneur  Ellul nous commentera ce « premier contact avec Paul ». Là commencera notre pèlerinage.

Comme nous l’avons dit plus haut, Saint Paul, en 49 ap. JC, pose le pied à Kavala (qui ne portait pas encore ce nom). Il arrive d’Ephèse par la mer. 

Quittant Kavala,  nous prenons la direction de Philippes, apercevant sur notre droite les montagnes frontière naturelle avec la Bulgarie.

Nous nous arrêterons au Baptistère de Sainte Lydie, Lieu empreint de calme et de sérénité. La messe fut dite près du ruisseau qui coule le long d’une lisière. L’endroit est particulièrement propice au recueillement et à la prière.

Il y a dans le Baptistère de forme ronde  une série de vitraux (relativement récents), ce qui n’est pas très commun en Grèce, mais il y a surtout de magnifiques mosaïques qui représentent entre autre, qui retrace le périple de Saint Paul en Grèce.

Sainte Lydie est considérée comme la première femme chrétienne d’Europe.

Elle venait de la Grèce d’Asie et s’était installée à Philippes, port de la mer Egée pour son commerce de tissu et de pourpre. C’est là qu’elle rencontra Saint Paul et Saint Luc (Actes des Apôtres 16.11). Ils vinrent habiter chez elle « si vous voulez bien me considérer comme une servante de Dieu, descendez chez moi ».

Les églises d’Orient fêtent cette païenne qui professait la foi juive et qui fut convertie au Christ par Saint Paul. Elle l’accueillit avec ses compagnons Silas et Luc (Actes 16.11 à 15). Elle dut mourir vers 50-55, puisque Saint Paul écrivant aux chrétiens de Philippes ne la mentionne pas.

Après cette halte de prière au Baptistère de Sainte Lydie, c’est le site de Philippes qui nous accueille. Située aux avant-postes de la grande plaine de Macédoine orientale, la ville antique de Philippes a vu se jouer plusieurs fois le sort de l’Occident. C’est ici qu’Antoine et Octave défirent les armées de Brutus et de Cassius, ce qui fut le prélude à l’établissement de l’empire Romain et c’est ici que Saint Paul prêcha pour la première fois en Europe. 

De cette destinée hors du commun subsistent de superbes ruines, remarquables témoins de notre histoire.

Nous pourrons y admirer les vestiges encore existants de Philippe II, en particulier la porte de Néapolis (4°s. av JC).Cependant la plupart datent de l’empereur Justinien (6°s.ap JC). 

Au Nord de la route qui traverse le site (parallèle à la « via Egnatia » se trouve le théâtre bâti par Philippe II ; il fut modifié à l’époque romaine pour accueillir des combats de gladiateurs et d’animaux sauvages. Aujourd’hui ce sont les spectacles –bien plus paisibles- du festival annuel de Philippes qui animent les lieux. Se trouvent également les sanctuaires d’Artémis et de Sylvain.

Sur l’ensemble du site de Philippes, l’emplacement de trois basiliques*, la A, la B et la C, subsistent.

* Basiliques : édifices romains en forme de grande salle rectangulaire, se terminant en général par une abside en hémicycle qui abritaient les diverses activités publiques des citoyens.

Les premières églises chrétiennes seront bâties sur un même plan ; c’est aussi le nom donné à une église de première importance après la cathédrale (cf la Basilique Saint Pierre à Rome).

De la basilique A (fin du 5°s.), dans la zone Nord du site, restent peu de choses, qui toute fois, nous permettent d’avoir une idée de l’ampleur de ses trois nefs, du narthex* et de l’emplacement de l’atrium*. 

* Le Narthex : c’est le portique élevé en avant de la nef des basiliques chrétiennes où se tenaient les catéchumènes.

* L’Atrium, c’était une cour intérieure dans les habitations romaines. 

De la basilique C (fin du 5°s.), dans la zone Nord également, ne reste que le pavement en marbre, enfin avant de traverser la route pour visiter la zone Sud, dans le prolongement de la basilique A nous verrons les fondations massives d’un bâtiment d’époque romaine que les byzantins transformeront en citerne. A cet endroit Paul fut enfermé ; un tremblement de terre eut lieu le lendemain et la porte de la prison s’ouvrit  mais Paul ne voulut pas sortir, c’est vraisemblablement sa citoyenneté romaine, qui  lui permit d’être très vite libéré.

En partie Sud, la basilique B, appelée aussi basilique des colonnes, est un impressionnant édifice paléochrétien,  dont-on peut voir les fondations des trois nefs et de l’abside précédées du narthex* et de l’atrium*.

L’arche de marbre qui séparait le narthex de la nef est encore debout ainsi que les quatre énormes piliers qui supportaient une très grande coupole (trop grande, puisqu’elle s’effondra). 

Les quelques colonnes en marbre vert de Thessalie toujours là, donnent aussi une idée de la splendeur de l’édifice.

C’est lors de son  premier passage en l’an 49-50, que Saint Paul jette les premiers jalons du christianisme. De retour à Philippes six ans plus tard, « l’Apôtre de Nations » entretien des liens privilégiés avec la cité, comme l’illustre son épître aux Philippiens (sans doute envoyée depuis Rome en 64). 

Aidé par le rayonnement de Constantinople au IV°s., le christianisme s’impose dans la région, qui opère ainsi un retour à l’hellénisme et à la langue grecque. 

Ainsi Philippes, Siège du Métropolite, dont relèvent plusieurs évêchés, se pare de quelques basiliques.

L’Après midi

Empruntant le chemin inverse de la veille, nous nous dirigerons vers Thessalonique (53km au Nord d’Athènes), laissant, cette fois-ci sur notre gauche, la péninsule d’Akti et le mont Athos, que nous avons évoqué à l’aller.

Plus loin, Néna évoquera le Mont  Olympe, que nous n’apercevrons pas à cause des nuages. Même s’il ne fut pas prévu dans nos visites, découvrir la Grèce nous invitait à en dire quelques mots.

Le Mont Olympe (2917 m) et la Mythologie Grecque :

Confortablement installés dans les brumes de l’Olympe, les principales divinités se réunissent en un « Conseil des Grands Dieux » composé de 12 membres.  Mais seuls Zeus et ses 5 frères et sœurs ne pouvaient en être exclu. Après leur victoire sur les Titans, les 3 frères se partagèrent le Monde. 

Obtenant la prééminence sur ses frères, Zeus reçu le Ciel. Véritable maître de l’Univers, quoique soumis au destin, c’est le sage parmi les sages, mais faiblesse notoire, il affiche un penchant immodéré pour les femmes et accessoirement…pour les hommes. 

Aussi à côté de ses épouses officielles il multiplie les aventures avec déesses et mortelles qui lui vaudront une nombreuse progéniture divine.

Poséidon,  quant à lui, règne  sur les mers et Hadès obtint le monde souterrain et le royaume des morts. Doté d’un casque qui le rendait invisible, il enleva Perséphone, la fille de Zeus et de Déméter, avant de l’épouser. Des 3 sœurs, Hestia l’ainée, est la déesse du foyer domestique, restée vierge, elle ne quitta jamais l’Olympe ; Déméter n’eut pas les mêmes scrupules ayant une liaison avec Zeus dont elle eut Perséphone (devenue épouse de Hadès), enfin Héra troisième sœur de Zeus qui fut son épouse légitime et définitive…

De là les grands cycles légendaires, les 12 travaux d’Héraclès, la quête de la toison d’or, Thésée et le Minotaure, la guerre de Troie, les aventures d’Ulysse , etc…

Qui de nous, français, n’a pas en mémoire quelques réminiscences de cette culture légendaire ? 

Patrimoine et modèle du monde occidental, la culture grecque n’a cessé de rayonner depuis l’Antiquité. La philosophie de Platon, le théâtre de Sophocle ou les poèmesd’Homère ont traversé les âges et les civilisations. Leurs héros n’ont pas pris une ride et continue de hanter le monde contemporain qu’ils ont  façonné.

 En chemin nous nous arrêterons pour admirer le lion d’Amfipolis (4° s. av J.C.) ; c’est une altière statue de fauve dressée sur un piédestal moderne, découverte durant la guerre des balkans, en 1912 par des soldats qui creusaient une tranchée. Haut de 5,20m, ce lion de marbre était à l’origine disposé au sommet du tumulus de Kasta.

Nous ne visiterons pas la cité antique d’Amfipolis, nous savons cependant que Saint Paul s’y arrêtera brièvement.

A Amfipolis, pendant l’été 2014, un évènement a mis en émoi le petit monde de l’archéologie : il s’agit de l’ouverture de la plus grosse  tombe jamais découverte en Grèce ! La tombe de Kasta. Qui a été enterré dans ce tumulus circulaire de 158m de diamètre et de 30 m de haut ? On l’ignore encore, mais tout indique qu’il s’agit de la tombe d’un personnage important (elle est plus grande que celle de Philippes II que nous visiterons à Vergina). On pense bien sur à Alexandre le Grand, mort à Babylone mais probablement enterré à Alexandrie. La tombe de Kasta, pour l’heure, non  ouverte au public, garde encore son mystère et reste plus que jamais sous haute surveillance. Elle  pourrait faire l’objet d’un classement accéléré au Patrimoine mondial de l’Unesco.

En fin d’après midi, nous arrivons à Thessalonique. C’est la deuxième plus grande ville du pays, elle compte 37000 habitants, 860000 avec l’agglomération, et c’est aussi la ville natale de Néna notre guide.

Thessalonique a eu plusieurs vies.

Les historiens débattent encore sur l’emplacement de Thermé, le noyau primitif de Thessalonique, que certains situent dans le quartier de Toumba. Quoiqu’il en soit, c’est en 315 av.JC que Cassandre fonde la cité qu’il baptise du nom de sa femme, Thessaloniké, demi-sœur d’Alexandre le Grand. 

Principal port marchand et place de la Macédoine, la ville attire quantité d’étrangers et établit des relations avec  les grands centres de l’hellénisme. Loin de marquer un coup d’arrêt, l’invasion romaine (168 av.JC), ouvrira  une ère nouvelle, avec notamment sa position sur la Via Egnatia, principale liaison entre l’Occident et l’Orient. Pompée y préparera la bataille de Pharsale, Cicéron s’y exile et Saint Paul y établit en 49-50, l’une des première communautés chrétiennes d’Europe. Plus tard le tétrarque Galère la couvre d’édifices publics ou à la gloire des soldats romains. Galère garde la réputation d’un grand persécuteur de chrétiens, en 304, il fera exécuter Dimitrios qui deviendra le saint patron de Thessalonique. Deux personnages historiques importants y ont vu le jour : en 827, Cyrille, évangélisateur des Slaves et inventeur de l’alphabet qui porte son nom, et en 1881, Mustafa Kemal, dit Atatürk, le père de la nation turque.

La grande cité maritime du Nord de la Grèce cultive et préserve ses héritages. Florissante à l’époque byzantine, elle fut pillée par les sarrasins, reconquise par les Normands, les Francs et les Vénitiens, les Ottomans l’annexeront et s’y maintiendront jusqu’en 1912.  Accueillante et cosmopolite, elle est devenue le refuge des juifs sépharades, chassés d’Espagne, qui y ont prospéré pendant des siècles. Rattachée à la Grèce en 1912, elle a survécu à l’incendie qui l’a ravagée en 1917, ouverts ses bras aux réfugiés d’Asie Mineure et pleuré la déportation des juifs en 1943. En effet, à la veille de la seconde guerre mondiale, 53000 juifs forment une communauté d’artisans, de commerçants, d’ouvrier et de dockers gagnés aux idées socialistes. Ils parlent grec, mais surtout « ladino », un espagnol médiéval mâtiné d’expressions hébraïques. Cette communauté était également très largement francophone et francophile, possédant deux quotidiens en français. En 1943, les nazis en déportent 50000 vers Auschwitz, dont 37000 seront immédiatement gazés ! Un monument fut érigé en leur mémoire en 1997 sur la place Eleftherias.

En 1978 eut lieu un fort tremblement de terre qui fit des dégâts importants dans la ville et 47 victimes.

Entrés par le haut de la ville, par la citadelle qui fut construite par les byzantins sur l’emplacement de l’Acropole hellénistique, c’est un premier arrêt sous les remparts de la ville ancienne que nous propose notre guide.  De cet endroit, s’offre à nous un très beau coup d’oeil sur les quartiers  anciens et modernes de la ville, ainsi que sur la baie et le port.

Descendant par les ruelles tortueuses et étroites de la vieille ville nous irons visiter le monastère des Vlatades.

Moni  Vlatadon ,  c’est le seul monastère qui reste sur les 20 qui existaient intra muros (les monastères se situent en général hors des villes, mais ici ils étaient dans la ville pour raison de sécurité) ; dans la petite église du 14°s. on peut voir les fresques chrétiennes mutilées et recouvertes d’enduit  par les ottomans  (technique très utilisée par les musulmans pour effacer les symboles chrétiens partout où ils sévirent), qui furent remises à jour par les archéologues. Ce monastère serait la maison de Jason, le premier chrétien de Thessalonique qui accueillit Saint Paul venant de Philippes. Le jardin permet  une très belle vue sur la mer et sur la ville et « sans doute pour nous remercier de la visite »,  une petite communauté de magnifiques  paons  nous  gratifia d’une amusante chorégraphie.

Cette journée s’achèvera par une promenade en bus, nous donnant un premier aperçu de la ville et de ses différents édifices, il est impossible de ne pas voir tout le long du parcours la quantité de commerces fermés et le peu de gens dans les rues…la crise est bien réelle.

Nous finirons sur le bord de mer avec la Tour blanche* avant de  s’installer à l’hôtel.

*La tour blanche : isolée des remparts  dont elle faisait partie jusqu’en 1866, domine le front de mer de sa silhouette imposante. Construite par les Turcs ou les Vénitiens (15°s.), elle servit de prison au 18°s. et reçu le surnom de tour du sang en raison des nombreuses exécutions perpétrées par les janissaires* au début du 19°s. ; les Turcs, la firent blanchir à la chaux pour faire oublier se passé macabre.

Elle abrite désormais le musée de l’histoire de Thessalonique.

*Janissaires : milice armée de chrétiens au service des Turcs, que Mustapha Kemal fera tous assassiner car ils avaient pris trop d’importance  (une histoire qui nous rappelle celle de Philippe le Bel et des Templiers…)

Mercredi 18 Mai

Le matin 

Notre première visite sera pour  la Cathédrale de Thessalonique où nous assisterons à la messe. 

Ce furent les pères Jésuites qui construisirent cette église dédiée à Saint Louis en 1713. En 1742, fut construite une église plus grande toujours dédiée à Saint Louis.  Malheureusement en 1839, avec le presbytère, elle fut détruite par l’incendie qui ravagea un tiers de la ville.  L’église actuelle a été construite entre 1896 et 1900. L’inauguration prévue en 1898 ne put avoir lieu en raison d’un violent orage de grêle qui endommagea la toiture. Elle n’eut lieu qu’en 1900 et l’église fut dédiée à la Vierge Marie.

En 1917, elle sortira intacte de la catastrophe due à un deuxième gigantesque incendie qui ravagea une nouvelle fois Thessalonique ; en 1940 un bombardement italien causera de gros dégâts, mais le 21 Septembre 1944 un bombardement anglais la détruira en partie. La restauration fut entreprise après la guerre, des 10 vitraux d’origine, 2 seulement avaient échappé à cette catastrophe ; on peut les admirer encore aujourd’hui de part et d’autre du porche d’entrée, les 8 autres fenêtres  furent reçurent de nouveaux vitraux en 1972-74.

A l’issue de la messe, nous aurons un entretien avec le Prêtre en charge des lieux (d’origine camerounaise) ; il évoquera les difficultés qui sont les siennes et notamment le problème des relations avec l’église Orthodoxe. Les catholiques sont peu nombreux en Grèce, environ 45000 personnes, mais l’église orthodoxe lui oppose une « distance sévère ».  

Bien qu’unis par leur genèse et leur doctrine -le christianisme-, l’orthodoxie et le catholicisme divergent à partir du 5°s. pour aboutir au plus important schisme de l’histoire chrétienne en Juillet 1054.

Notre deuxième visite sera pour l’église Sainte Sophie.

Reconnaissable à ses murs ocre, l’église Sainte Sophie a subi de graves dommages lors de l’incendie de 1890. Son plan carré et le choix d’un système en voûte (au lieu d’un toit en charpente) indiquent un style transitoire,entre la basilique et l’église criciforme. Erigée au 8° s., elle servit de Cathédrale de 1204 jusqu’à sa transformation en mosquée en 1585.Passé le narthex, décoré defresques du 11°s., on pénètre dans l’espace central, divisé en trois nefs que séparent des piliers et des colonnes, avec de beaux chapiteaux corinthiens. Mais c’est surtout la mosaïque sur fon d’or de la coupole, illustrant l’Ascension de Christ (9°s.) qui produit la plus forte émotion, sans oublier la Vierge à l’enfant, très également.

Ensuite ce sera la visite du site de l’Agora.

Découverte lors de fouilles en 1960, l’agora de Thessalonique est en fait un forum romain (2° s. ap JC) bâti sur

Une agora hellénistique. Grande place dallée de 145 m sur 90 m, elle était bordée sur trois côtés par un portique à double colonnade abritant des boutiques. Devant le portique Est, qui garde son pavement de mosaïques, l’odéon fut aménagé durant le Bas Empire pour accueillir des combats de gladiateurs. 

 

La visite de l’église byzantine de Saint Dimitrios.

C’est le dernier des nombreux sanctuaires qui furent édifiés sur les lieux présumés du martyr de Saint Dimitrios, assassiné par le Tétrarque Galère au 4°s. Rebâtie après l’incendie de 1917 suivant le plan originel, même si elle n’a plus la patine du temps, elle a gardé des éléments d’un intérêt historique et artistique incomparable. L’intérieur dont le volume étonne ne comprend pas moins de cinq nefs coiffées chacune par un toit en charpente. Côté Nord, les restes d’un minaret rappellent que cette église servit, elle aussi, de mosquée 1493 à 1912.

Enfin avant midi, nous irons visiter la Rotonde  (l’église Agios Giorgos).

C’est un chef d’œuvre paléochrétien *; l’église Rotonda est une impressionnante nef circulaire haute de 30 mètres décorée de splendides mosaïques sur fond d’or.

Peut être conçue d’abord pour servir de mausolée à un souverain, elle fut transformée en église par Théodose1er, les Turcs à leur tour en firent une mosquée en lui ajoutant un minaret.

*l’art paléochrétien est l’art des premiers chrétiens.

Au sortir de la Rotonde, nous verrons l’arc de Triomphe de Galère du nom de son constructeur, grand persécuteur de chrétiens comme nous l’avons dit plus haut. 

Ce monument fut construit  en 303 ap JC le Tétrarque Galère, gouverneur de Thessalonique, en souvenir de ses victoires sur les Perses et les Mésopotamiens. 

L’Après midi

Etait programmée la visite du Musée Byzantin.

Depuis son rattachement à la Grèce en 1912, Thessalonique rêvait d’un tel musée. Il fallu attendre 1994 pour qu’il soit créé. 

En 2005, ce site a reçu le prix du meilleur musée par le Conseil de l’Europe. 

Ce musée propose une passionnante collection d’art byzantin depuis la période paléochrétienne jusqu’à l’époque post-byzantine, du 4° au 19° siècle. 

La première salle réunit divers éléments de décors provenant d’églises macédoniennes : sculptures, chapiteaux et mosaïques, tandis que la suivante évoque la vie quotidienne, à travers des objets domestiques et la reconstitution d’un intérieur, avec son pavement de mosaïques. La troisième illustre la survivance des traditions antérieures dans l’art funéraire des premiers chrétiens par une série de tombes peintes où étaient déposés les bijoux et les objets personnels accompagnant les défunts. La dernière salle est consacrée à une très belle collection d’icônes. 

Ce fut une magnifique visite.

Le « verrier » du groupe fut stupéfait de découvrir du verre et du plomb fondus provenant de l’une des basiliques de Philippes, conservés dans une vitrine !

Bien que la Grèce ne soit pas un pays où foisonnent les vitraux, cela indique cependant qu’il y avait dans certaines basiliques paléochrétiennes ; c’est une information très intéressante, quand on sait que les origines de l’art du vitrail restent encore énigmatiques.

Nous terminerons cette 3° journée de voyage,  par une promenade à pied sur bord de mer jusqu’à la place Aristotélous.

Cette place est une vaste esplanade bordée de cafés et d’hôtels, l’un des centres névralgiques de la cité, qui a été construite  à la suite du grand incendie de 1917. Dessinée par l’architecte français Ernest Hébrard, qui à l’époque se trouvait à Thessalonique avec l’armée d’Orient, elle faisait partie d’un plan global de reconstruction mais fut la seule partie de ce vaste projet à sortir de terre. Les bâtiments alentours, édifiés dans les années 30 et 60, dévoilent des influences européennes, mais aussi néobyzantines.

 

Jeudi 19 Mai

Le matin 

Nous quittons Thessalonique et sa plaine très fertile entourée de montagnes, pour nous diriger vers la limite Ouest de la Macédoine. La Macédoine  est, à ce sujet, la plus grande région de Grèce.

A 80 km plus au Sud Ouest, nous atteindrons Véria ; ce fut également l’une des étapes de Saint Paul, où, dit-on qu’il reçu un accueil chaleureux. Vivait là une importante communauté juive à l’époque et l’on sait que Paul s’adressa souvent aux gens de cette diaspora juive établie en Grèce. Véria, c’est l’ancienne Bérée, que l’on appelait, dit-on, la seconde Jérusalem, car elle comptait 72 églises byzantines.

Notre journée commencera par la célébration de la messe sur le lieu qui, dans cette ville, commémore le prêche de Paul devant la communauté juive.  

Un petit square arboré lui est dédié, auquel on accède par un escalier ; le fond en est fermé par mur orné d’une très belle mosaïque et une grande statue récente en bronze de Saint Paul, complète au centre la symbolique de ce lieu.

A 10 km de là, ce sera la visite du site de Vergina, l’antique Aigai.

Bâtie à flan de colline à la sortie d’un défilé séparant la chaine du Périan du massif du Vermio, sur un site admirable, Vergina domine la plaine occidentale de la Macédoine.

Le village actuel fut fondé en 1922 sur le hameau de Koutlès lors de l’arrivée massive des réfugiés Grecs venant de Turquie.  L’Archevêque  de Béroia lui donna le nom de Vergina, nom d’une reine légendaire qui se jeta dans les eaux d’un affluent du fleuve Haliakmon pour échapper aux Turcs.

Mais bien avant le 20°s., l’antique Aigai fut la cité de PERDICAS 1er, fondateur de la dynastie macédonienne.

Guidé par l’oracle de Delphes (Delphes que nous visiterons quelques jours plus tard), Perdicas 1er décida d’y établir sa capitale (6°s. av JC) ; ce sera le point de départ de l’extension du royaume. Au 6°s av JC, la ville conservera son prestige, même après le transfert de la capitale à Pella (fin du 5°s av JC). Elle continuera à accueillir les grands évènements de la cour…avec ses fastes et ses tragédies : elle verra en effet l’assassinat de Philippe II, lors des noces de sa fille avec le roi d’Epire (336 av JC), mais aussi l’intronisation de son fils, Alexandre le Grand ! 

Hélas le déclin d’Aigai, entamé par la conquête romaine (2°s av JC), sera parachevé par les invasions barbares qui suivront et la brillante cité tombera dans l’oubli pour des siècles.

Première capitale macédonienne, le site d’Aigai suscita la curiosité de générations d’archéologues.

C’est à un archéologue français, Léon HEUZEY, que devons les premières fouilles  entreprises en 1855.

En 1861, il revint accompagné e l’architecte H. Daumet à la tête d’une mission archéologique placée sous la haute protection de Napoléon III lui-même. La mission arriva à bord d’une corvette équipée de 15 marins (que l’Empereur avait mis à la disposition des archéologues) ; elle s’installe à Koutlès, la future Vergina.

«  Les fouilles ne dureront malheureusement que quelques jours à cause des fièvres paludéennes qui infestaient la région », et, en 1920, l’arrivée massive des réfugiés grecs venus de Turquie aura des conséquences désastreuses pour le site, car ils y prélèveront des quantités de matériaux pour construire le village de Vergina !

En 1937, les fouilles reprendront avec l’université de Thessalonique, sous la direction du professeur K. Rhomaios, jusqu’à la déclaration de guerre italo-grecque en 1940.

Elles seront ensuite relancées une nouvelle fois par le professeur K. Rhomaios, entre 54 et 56, puis en 59 grâce en particulier au financement de la fondation française Singer-Polignac. 

En 1960-61, à ce financement de la fondation Singer-Polignac qui soutien toujours le projet, s’ajouteront ceux de l’Université de Thessalonique et du gouvernement Grec.

Durant la période 1977-78, c’est sous la direction du professeur Manolis Andronicos, sous les remblais de la Grande Toumba, que sera découverte une tombe inviolée, celle de Philippe II, le père d’Alexandre le Grand !

D’autres fouilles également ont mis à jour une tombe préhistorique qui atteste de la présence d’un habitat en ces lieux depuis l’âge de bronze et même du post-néolitique.

Cette visite fut merveilleuse ; dans ce lieu souterrain impressionnant, nous avions sous nos yeux extasiés le fabuleux trésor que contenait le sarcophage du père d’Alexandre le Grand, resté inviolé pendant vingt quatre siècles ! Nous avons pu admirer toute sorte d’objets magnifiques, qui témoignent de l’exceptionnel savoir-faire des artistes de l’époque.

Par leur architecture, leurs trésors et leurs peintures, les tombes macédoniennes constituent les plus remarquables monuments funéraires de la Grèce antique.

Dans les tombeaux les plus importants, la façade s’orne de demi-colonnes engagées et de fresques d’une richesse chromatique exceptionnelle. Après la crémation rituelle, les cendres étaient déposées dans une urne, placée dans la chambre mortuaire avec des offrandes (armes, bijoux, couronnes etc). Conçu comme une résidence éternelle le tombeau se devait d’être également confortable, voire luxueux où les défunts les plus éminents pouvaient dignement recevoir la visite des dieux. Aussi, la chambre mortuaire prenait-elle des allures de salle de banquet, avec ses vivres et ses nombreux ustensiles de la vie quotidienne.

Cette prodigieuse découverte a livré d’irremplaçables témoignages sur ce que fut l’un des plus brillants royaumes de l’Antiquité,  permettant par là même de réévaluer la civilisation des Macédoniens longtemps considérés comme des barbares. 

Inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, c’est aujourd’hui l’un des plus précieux sites archéologiques de Macédoine, mais aussi de la Grèce toute entière. 

L’après midi

Quittant ce site historique exceptionnel, Néna évoquera l’école d’Aristote. 

Non loin de là en effet, sur les bords d’un ruisseau, le philosophe Aristote enseigna pendant trois ans l’éthique et la doctrine politique au jeune Alexandre et à ses condisciples. Le roi Philippes II voulait soustraire son fils à l’influence de sa mère. Evocation de deux êtres d’exception !

Continuant notre itinéraire  toujours vers le Sud Ouest, nous partons pour un autre site, exceptionnel lui aussi, dans la région de Kalambaca ;  un site également classé au Patrimoine mondial de l’Unesco. 

Nous longerons l’imposante chaine du Pinde qui, du Nord au Sud, isole l’Epire, à l’Ouest, du reste du pays. Ce massif qui culmine à 2637 m, est couvert d’épaisses forêts de conifères qui en rendent l’accès difficile. En Grèce, 70% du territoire est montagneux. Ce relief boisé a longtemps servi de barrière naturelle à l’avancée des ottomans. De nos jours, il est encore le refuge de loups, d’ours et d’une importante faune sauvage.

A l’Est du Pinde s’étend une grande plaine, la Thessalie qui est la principale terre agricole de la Grèce, et là, entre montagne et plaine surgit un incroyable décor : un ensemble de rochers sombres, aux parois lisses et vertigineuses, «  tels des pains de sucre plantés ici, il y a sans doute  bien longtemps… par quelque dieu extravagant », les Météores !

Le site des Météores ne compte pas moins d’une soixantaine de ces étranges tours rocheuses façonnés par l’érosion. Certaines dépassent les 300 m de haut. Ces blocs de grés, bien plus durs, ont résisté aux ruissellements des eaux, tandis que le calcaire tout autour a été creusé au fil du temps, créant un dédale de d’étroits défilés à leur pied et laissant sous nos yeux aujourd’hui ce surprenant paysage.  

Ces majestueux pitons rocheux,  sculptés par le temps, servent de plates formes entre ciel et terre à plusieurs  monastères  bien nommés « les Météores » (suspendus dans les airs). 

C’est au 11° siècle que les premiers moines s’établissent dans les Météores, inspirés par l’exemple de Siméon le Stylite (ascète syrien du 5°s.). D’abord installés dans des cavernes propices à l’ascétisme et à l’exaltation mystique, c’est au 14° siècle que sous l’instigation de Saint Athanase, venu du mont Athos, que les règles de vie changent. 

Longtemps accessibles par des cordes, des nacelles ou de très longues échelles, les Météores se hérissent alors de monastères byzantins, bâtis au-dessus de l’abîme dans des conditions d’extrêmes difficultés. Les Serbes orthodoxes qui dominent la région à cette époque, se montrent des protecteurs prodigues et dévoués. Dès le 15° s. on ne dénombre pas moins de 24 monastères, décorés par les plus grands artistes de l’époque, comme par exemple, Théophane le Crétois.

L’invasion ottomane n’entrave pas leur essor, les monastères bénéficiant même de « l’indulgence » de Soliman le Magnifique. Mais une longue période de déclin s’en suivra, due aux impôts et aux rivalités entre les communautés à propos de la gestion de leurs immenses propriétés foncières.

L’intégration à la Grèce en 1881 n’enrayera pas ce processus ; en 1920 les moines se verront confisquer leurs domaines.

En 1949, au lendemain de la guerre civile, certains monastères hébergent des réfugiés et même des touristes.

Enfin grâce à l’action de l’évêque DIONYSIOS, le monachisme connaît un renouveau et de nos jours, 5 d’entre eux, ainsi qu’un couvent demeurent en activité.

A présent, la vie de ces monastères a bien changé, des escaliers et des passerelles ont été aménagés pour en rendre l’accès plus aisé, permettant à une multitude de touristes de s’y chaque jour.

Cependant par miracle, le site n’a rien perdu de l’émotion qu’il procure lorsqu’on le visite. 

Arrivant à Kalambaka, nous nous arrêteront dans un atelier-boutique qui propose de magnifiques icônes.

Le « plus jeune couple » du groupe  (marié le 13 Décembre 2014) après s’être fiancé au champ de bergers à Bethléem, lors du voyage-pèlerinage de 2014 sous la bénédiction de Monseigneur ELLUL, se verra offrir par Constantin, au nom de tous, une superbe icône : la Sainte Vierge allaitant Jésus.

C’est un très précieux témoignage d’amitié.

Kalambaca offre un site grandiose ; nous serons  hébergés dans un très bel hôtel avec une vue imprenable sur les Météores et une belle piscine, un peu froide à cette période de l’année, cependant cela ne rebutera pas « quelqu’intrépide » qui se jettera à l’eau pour faire quelques brasses. Dans notre groupe, il y avait aussi des sportifs ! 

Vendredi 20 Mai

Le matin 

La journée commença par la messe dans une très jolie petite chapelle tout près de l’hôtel, au pied des Météores. L’autobus ensuite nous rapprochera du monastère de Saint Stéphane, c’est le premier que nous visiterons.

Nous visiterons tout d’abord du monastère de Saint Stéphane, puis de celui du Grand Météore.

Ce sont deux monastères du 14°s.

Le monastère Agios Stephanos, (Saint Stéphane), construit au 14°s. est semblable à un château fort dressé sur son piton rocheux. C’est un pont de pierre qui, enjambant le précipice, permet d’y accéder depuis le route.  Bâti à l’emplacement de l’ermitage de Jérémie (12°s), sa prospérité date du 14°, quand l’empereur byzantin Andronic Paléologue (III ou IV…) le combla de bienfaits en remerciement de l’accueil qu’il avait reçu. 

Elevé au statut de patriarcat en 1545, ce monastère occupa une place importante dans la hiérarchie des Météores, malheureusement lui aussi comme tant d’autres, fut pillé par les Allemands pendant la dernière guerre. Depuis 1961, il abrite un couvent où les religieuses cultivent la tradition de la peinture des icônes et du chant sacré. Les fresques de l’église Agios Haralambos (18°s), sont un peu vives, sans la patine du temps, car elles ont été refaites après la guerre pour remplacer celles détruites lors d’un bombardement allemand ; cependant la somptueuse iconostase en bois est d’époque, tout comme le reliquaire contenant le crâne du saint vénéré.

Le monastère du Grand Météore, ou monastère de la transfiguration, fut  fondé par Saint Athanase ; c’est l’un des plus anciens (1356). Il est perché lui aussi sur un impressionnant rocher et avec 554 m, c’est lui qui s’approche le plus près du ciel. 

Toujours habité, c’est l’un des monastère les plus intéressants à visiter bien qu’il fut malheureusement lui aussi bombardé par les Allemands lors de la 2° guerre mondiale. 

Gravissant les escaliers, on passe devant la grotte ermitage d’Athanase et l’on arrive à la tour par où était hissé le ravitaillement autrefois ; le panorama est superbe !

Au centre du complexe se dresse le catholicon, c’est une église de plan cruciforme, couronnée d’une coupole ornée d’un Christ sur fond d’or. Les fresques furent peintes par Théophane le Crétois (célèbre artiste de l’époque) ou par ses élèves au 16°s., ce qui est un brillant exemple de l’art post-byzantin.

Le sanctuaire, seule partie d’origine de l’église (1388) est décoré d’une suite de fresques où s’alignent des saints guerriers.

Le monastère du Grand Météore compte trois autres églises ; il reste l’un des plus importants de Grèce.

L’après midi

Départ en direction de Delphes, que nous visiterons le lendemain ; nous aurons 300 km de route à faire jusqu’à Itea. Un long déplacement vers le golfe de Corinthe, dont Néna, notre guide, profitera pour nous relater nombre d’épisodes de l’histoire de la Grèce. Notre itinéraire ne sera cependant pas direct jusqu’à Itéa ; il y avait  « un petit détour » à ne pas manquer…

Nous ne pouvions pas en effet « ignorer » cet épisode historique de la Grèce antique, tant il eut de répercussions : le combat des Termopyles ! 

Là, Léonidas et ses 300 Spartiates livrèrent un combat héroïque pour stopper l’armée Perse bien supérieure en nombre, qui tentait d’envahir la Grèce en 480 av JC ; un fait d’armes qui n’est pas sans nous faire penser à celui de Camerone où soixante Légionnaires se sacrifièrent face à l’armée Mexicaine.

Les Thermopyles, sont un passage resté pendant des siècles le verrou stratégique entre l’Attique* et la Thessalie*. Depuis les alluvions du fleuve Sperchios ont formé un delta large de plusieurs kilomètres, et les Thermopyles, à l’intérieur des terres aujourd’hui ne sont plus ce passage étroit qu’ils constituaient au temps de Léonidas. A l’époque la mer baignait les flancs de la montagne et il n’y avait là qu’une étroite gorge de 5 km de long ; c’est ce qui en faisait sa situation stratégique.

Dans ce compte rendu de voyage, au pays des légendes épiques, la tentation est ici trop grande de ne pas consacrer un paragraphe complet à ce fameux combat : La Bataille des Thermopyles.

Dans les années 490 av. J.-C., le roi achéménide Xerxès Ier (Perse), prépare une invasion de la Grèce continentale. Se trouve alors à sa cour le roi spartiate en exil Démarate. Selon Hérodote, ce dernier prévient ses concitoyens d'une attaque imminente par un message secret, ce qui pousse Sparte à demander conseil à l'oracle de Delphes. Conformément à la tradition, la Pythie fournit une réponse ambiguë :

« Pour vous, citoyens de la vaste Sparte,
Votre grande cité glorieuse ou bien sous les coups des Perséides
Tombe, ou bien elle demeure ; mais sur la race d'Héraclès,
Sur un roi défunt alors pleurera la terre de Lacédémon
Son ennemi, la force des taureaux ne l'arrêtera pas ni celle des lions,
Quand il viendra : sa force est celle de Zeus.
Non, je te le dis,
II ne s'arrêtera pas avant d'avoir reçu sa proie, ou l'une ou l'autre. »

En d'autres termes, ou bien Sparte perdra son roi pendant la bataille, ou bien elle sera conquise. Aucun roi spartiate n'étant jamais mort à la guerre…

À l'automne 481 av. J.-C., ce que l'historiographie appelle la « Ligue hellénique » se réunit sur l'isthme de Corinthe et choisit Sparte à sa tête. Elle décide l'envoi d'une force armée sous le commandement de Léonidas pour défendre le défilé des Thermopyles, afin de retenir les Perses et laisser à la flotte grecque le temps de se replier au-delà du détroit que forme l'Eubée avec le continent. Selon Hérodote, les forces grecques envoyées aux Thermopyles représentent en tout 6 000 soldats : 300 hoplites spartiates, 1 000 Tégéates et Mantinéens, 600 Orchoméniens, 400 Corinthiens, 200 Phliontiens, 80Mycéniens, 700 Thespiens et 400 Thébains loyalistes. Face à eux se trouveraient 1,7 million de Perses. Ce chiffre est reconnu comme fantaisiste, d'autant qu'Hérodote se trompe dans son calcul des Péloponnésiens présents, mentionnant 3 100 hommes alors qu'il cite ailleurs une inscription faisant état de 4 000 soldats. Le même chiffre réapparaît encore ailleurs comme le nombre de morts des Thermopyles. Pour ce qui est des Grecs, d'autres sources montrent que le contingent lacédémonien comprend également 900 ou 1000 Périèques, sans oublier les Hilotes qui servent de valets d'armes. S'agissant des Perses, on a supposé qu'Hérodote confondait les termes « chiliarchie » (10 000) et « myiarchie » (1 000), évaluant ainsi les forces comme étant dix fois plus importantes qu'elles ne l'étaient. 

Dès lors, les forces perses présentes à la bataille des Thermopyles seraient plutôt de 210 000 hommes et 75 000 animaux.

Quoi qu'il en soit, le rapport de force numérique est très largement en faveur des Perses. Pour Léonidas, il s'agit clairement d'une mission « kamikaze » : il ne choisit parmi les 300 hoplites qui constituent sa garde personnelle que des citoyens ayant déjà donné naissance à des fils. Par conséquent, il ne s'agit pas seulement d’Hippeis, corps d'élite composé parmi les dix premières classes d'âges mobilisables, mais d'un mélange d’Hippeis et de soldats ordinaires.

Après avoir pris position aux Thermopyles, les Grecs repoussent victorieusement plusieurs attaques perses : situés à l'endroit le plus resserré du défilé, ils se battent en rangs très serrés et sont bien protégés par leurs grands boucliers. Après quelques jours, les Grecs sont trahis par un certain Éphialtès : Léonidas se retrouve encerclé  par les troupes du satrape Hydarnès. Hérodote rapporte que pour certains, les Grecs ne parviennent pas à se mettre d'accord sur l'attitude à prendre : certains abandonnent leur poste pour rentrer dans leur cité respective, alors que Léonidas décide de rester. Selon Hérodote, Léonidas renvoie la majorité de ses troupes pour épargner leur vie, mais juge inapproprié pour un Spartiate d'abandonner sa position ; l'oracle rendu par la Pythie ne fait que renforcer sa détermination. Il garde auprès de lui les Lacédémoniens, les Thébains et Thespiens volontaires pour mourir à leur tête.

La description de la fin de la bataille varie suivant la source. Chez Hérodote, Léonidas et ses hommes se portent à l'endroit le plus large du défilé et combattent jusqu'au dernier. D’autres mentionnent une attaque nocturne contre le camp perse : les Grecs, semant le désordre dans les troupes ennemies, en massacrent un grand nombre avant de tomber, encerclés, sous les flèches et les javelines perses – récit très probablement fantaisiste, le camp de Xerxès étant éloigné de celui des Grecs de près de 8 kilomètres.

Toujours est-il que la mission fut accomplie ! Plus tard, la dépouille de Léonidas fut transférée à Sparte où un magnifique mausolée lui fut consacré tandis que des fêtes, appelées Léonidées, furent instituées. Il fit également l'objet d'un culte héroïque.

Avec Othryadès, héros de la bataille des Champions, Léonidas est l'un des Spartiates les plus cités par les Anciens, notamment par les épigrammatistes de l’Anthologie grecque. 

Aux débuts de l'ère chrétienne, Origène compare son sacrifice et celui de Socrate à la mort du Christ.

À l'époque moderne, Léonidas reste une figure héroïque, glorifiée pour son combat pour la liberté. Fénelon en fait le monarque parfait dans ses Dialogues des morts. Il inspire à Jacques-Louis Daviden 1814, son tableau « Léonidas aux Thermopyles ». Le peintre écrit : « Je veux peindre un général et ses soldats se préparant au combat comme de véritables Lacédémoniens, sachant bien qu'ils ne s'échapperont pas. (…) Je veux caractériser ce sentiment profond, grand et religieux qu'inspire l'amour de la patrie. »... !

Un monument et une très imposante statue de Léonidas, au pied de laquelle nous ferons une photo de groupe,  commémorent cette glorieuse page d’histoire aux « Termopyles ». 

A ce moment là, Sparte était alliée avec Athènes, mais ce ne sera pas toujours le cas, car plus tard, les cités grecques se livreront des guerres fratricides qui en feront une proie facile pour nombre d’envahisseurs, dont les romains en particulier…

Ayant repris notre route, lorsque l’on s’approche d’Ithéa, on aborde la plaine côtière du golfe de Corinthe, c’est une immense oliveraie que l’on traverse, « une mer d’oliviers ». Les olives, dont la récolte se fait à partir de Novembre, sont pressées dans des moulins à eau sur le fleuve Pleistos. 

Itéa est une station balnéaire et une escale maritime en même temps ; en 1917, les Alliés choisirent ce port comme point de départ de la route de ravitaillement de l’Armée d’Orient basée à Thessalonique.

Après notre installation et le dîner dans notre hôtel, nous aurons un exposé-entretien avec un ancien préfet français, à la retraite,  retiré en Grèce, lui-même accompagné de l’un de ses amis grec, très informé sur la situation de son pays à l’heure actuelle.

Notre propos n’est pas d’en relater ici la teneur, chacun garde en mémoire sa propre synthèse ; cela dit succinctement, le discours qui nous a été proposé fut : un aperçu de l’analyse qui peut être faite de la situation actuelle,  le résumé des atouts que  la Grèce garde, malgré la grande crise qu’elle traverse  et une conclusion plutôt positive disant que ce pays, à l’origine de notre civilisation, est capable se relever, grâce en particulier à sa culture enracinée au plus profond de lui-même et la réelle cohésion de son peuple (malgré certaines différences de points de vue).  

L’église orthodoxe n’est d’ailleurs pas étrangère à cette cohésion nationale et durant près de quatre siècles (1453- 1830) de domination musulmane turque, elle saura préserver les racines, la culture, la langue et la religion grecques.

En Grèce il n’y a pas de séparation entre l’église et l’état ; le président de la république prête serment sur la Bible. Dans toute manifestation publique un représentant de l’église est présent et la mention obligatoire de la confession orthodoxe sur la carte d’identité nationale (cas unique en Europe) n’a été supprimée qu’en 2000. La religion orthodoxe (97% de la population) a donc une place majeure dans la conscience nationale et elle est indissociable de l’identité grecque.

Samedi 21 Mai

Le matin 

Déplacement jusqu’au site de Delphes, éloigné de quelques kilomètres seulement d’Itéa.

Accroché aux pentes du mont Parnasse, Delphes, le sanctuaire d’Apollon, est le plus célèbre centre religieux de l’Antiquité grecque, il est bien évidemment classé au Patrimoine mondial de l’Unesco. L’oracle de Delphes joua un rôle primordial dans la vie politique de la Grèce Antique, aucune grande décision n’était prise avant de l’avoir consulté.

Delphes passait pour être le centre de l’Univers. Déjà, au 2° millénaire av JC, les pentes du mont Parnasse accueillaient le sanctuaire de Gaïa, la Terre, source de toute vie. Grottes, gouffres, failles, vertigineuses parois rocheuses, la théâtralité du site inspira largement les Anciens qui voyaient dans les grondements des profondeurs et les murmures des torrents, autant de paroles divines. Un oracle naquit, gardé par un serpent, Python, qui donna son nom primitif au site : Pythô, puis à la prêtresse du temple, la Pythie*.

Zeus, dieu des dieux et maître du Monde en fit le centre de son territoire, mais c’est son fils Apollon qui y sera vénéré. Arrivé un jour sur les lieux, il tua de ses flèches Python le serpent et pour fêter sa victoire, le jeune dieu, s’arrogea le titre d’Apollon Pythien, faiseur d’oracles, fonda les jeux pythiques (les Pythia), et rebaptisa l’endroit Delphes, en hommages au dauphin (delfini) légendaire qui l’avait conduit jusque là.

Un grand séducteur, Apollon s’était entiché de la belle Daphné. Or la nymphe restait insensible à ses charmes. Pour échapper à ses avances, elle demanda l’aide de son père, le fleuve Pénéos qui, au moment où Apollon allait rattraper sa fille, la changea en un superbe laurier.

… « Eh bien puisque tu ne veux pas être mon épouse, tu seras mon arbre. Toujours c’est de toi que ma chevelure, de toi, que ma cithare, ô laurier, de toi que mon carquois s’orneront…à l’entrée de la demeure d’Auguste, c’est encore de toi qui, comme le plus fidèle des  gardiens, te dresseras devant ma porte. »…

 C’est ainsi que le laurier - qui en grec signifie Daphné -, devint l’arbre emblématique d’Apollon.

*les Pythies au nombre de trois, elles étaient recrutées parmi les jeunes filles vierges du voisinage.  Elles devaient tout abandonner pour remplir cette charge. Uniquement vêtues de blanc ; elles vivaient dans l’enceinte sacrée, à l’écart de l’impureté du monde des mortels. Avant chaque séance, la Pythie officiant, se baignait dans la fontaine Castalie, s’installait sur un trépied et mâchait des feuilles de laurier.  Deux prêtres lui transmettaient les questions des consultants ; elle entrait alors en transes émettant des sons qui restaient à interpréter…

La visite est passionnante. Nous visiterons tous les édifices du site ; en premier l’Agora d’abord, puis  on empruntera la voie sacrée, toute dallée de marbre, qui monte de terrasse en terrasse ; la voie traverse d’abord le quartier des ex-voto, hérissé de colonnes, de stèles, de statues et de trésors. Des petits bâtiments en forme de temples, offerts par les cités grecques pour y déposer leurs offrandes, s’y succèdent, pour arriver à hauteur du trésor des Athéniens (c’est un petit temple dorique de marbre blanc qu’Athènes fit ériger avec le butin pris aux Mèdes après la célèbre bataille de Marathon. Et un peu plus haut, après avoir passé le lieu où se tenait l’oracle primitif, gardé par Python, voici le fameux temple d’Apollon, « le centre de l’Univers ».  Ce qu’il en reste nous laisse imaginer l’ampleur de cet édifice, élevé au 4°s av JC sur les ruines d’un temple plus ancien. Là, l’antre secret de l’oracle, l’adyton,  était le domaine réservé de la Pythie.  Toujours plus haut, nous pourrons admirer le théâtre de 5000 places, superbe éventail adossé à la montagne. Le point de vue sur la vallée et les cimes du Kirfis est splendide, dans le dos nous avons la paroi de la Phédriade, d’où le fabuliste Esope aurait été précipité pour s’être moqué des prêtres d’Apollon. Les fables d’Esope (6°s av JC), dont s’inspirera quelques siècles plus tard… Jean de la Fontaine, furent transmises oralement ; elles ne furent écrites qu’au 2°s. ap JC.

Après la culture, le sport ; en continuant le chemin qui poursuit son ascension vers la dernière terrasse, on arrive au domaine  des activités sportives. Le stade est constitué d’une piste de 178 m, cernée de gradins qui pouvaient contenir jusqu’à 6500 spectateurs.

En redescendant, la visite s’achève par le musée qui abrite des pièces de toute beauté avec, pour n’en citer qu’une seule, la magnifique statue de l’Aurige ; c’est une splendide statue de bronze qui compte parmi les chefs d’œuvre de l’art de la fin de l’époque archaïque (478 av JC). Découverte près du théâtre en 1896, elle représente, grandeur nature (1,80m), le conducteur d’un char qui remporta la course des quadriges aux jeux olympiques de 474-473av JC. Il fut offert au sanctuaire d’Apollon par Polyzalos, le tyran de Gela (Sicile). Les chevaux quant à eux ont malheureusement disparus ; l’œuvre complète devait être extraordinaire. 

Malgré les guerres, les tremblements de terre et les pillages (dont ceux de Néron et de Sylla), le sanctuaire continuera de fonctionner jusqu’au règne d’Hadrien (2°s ap JC). L’avènement du Christianisme sonnera le glas de l’oracle delphique et le dernier empereur païen, Julien l’Apostat (331-363), reçu de la Pythie cet ultime oracle qui résonne comme une épitaphe : « allez dire au roi que le bel édifice est à terre, Apollon n’a plus de cabane, ni de laurier prophétique, la source s’est tarie et l’eau qui parlait s’est tue. » De fait le sanctuaire d’Apollon ferma définitivement ses portes en 381, avant que l’empereur byzantin, Constantin le Grand achève de le vider de ses derniers trésors.

Il faut attendre 1892 pour que Delphes retrouve une nouvelle vie, grâce à la prestigieuse équipe archéologique de l’école française d’Athènes. 

Ayant repris notre autobus, pour une cinquantaine de kilomètres environ,  en direction du monastère de Ossios Loukas, nous laisserons la fontaine Castalie (du nom d’une  nymphe qui s’y serait noyée pour échapper aux assiduités d’Apollon), où se baignait la Pythie et où les pèlerins faisaient leurs ablutions avant de pénétrer dans le sanctuaire ; en contre bas le site de  Marmaria est un sanctuaire  dédié à Athéna et Tholos.

L’après midi

Nous visiterons le très beau monastère de Ossios Loukas ; il fut construit au XI°s, sur les lieux mêmes où, 150 ans plus tôt, l’ermite local, Luc le Stiriote avait érigé un petit oratoire.  Avec ses deux églises, Saint Luc et Sainte Marie, c’est un lieu de paix, hors du temps, où ne vivent plus que quelques moines, deux en ce moment  semble-t-il, nous a dit Néna. Mais l’importance des bâtiments, comme celui qui abritait les moines dans leurs cellules situé en face du Catholicon*, ou les annexes situées derrière l’ensemble principal, nous donne une idée de la taille de la communauté autrefois… 

Tant par l’originalité de son architecture (construit suivant un plan octogonal qui devint une référence dans l’architecture byzantine tardive), que pour l’extraordinaire richesse de ses mosaïques à fond d’or, de ses fresques, de ses icônes et de ses pavements de marbres polychromes, le monastère de Ossios Loukas compte parmi les plus beaux de Grèce.

Le Catholicon* est un édifice magnifique coiffé de coupoles aux tuiles rouges, avec une façade qui alterne des lignes de briques et de pierres incluant des frises de marbre blanc. Dédié à Saint luc, il fut érigé au-dessus de la crypte où repose le saint ermite et s’adosse à la première église, plus ancienne, consacrée à la Vierge Marie.

Nous pourrons nous recueillir quelques instants devant la dépouille du moine visible dans sa châsse de verre.

A l’issue de la visite, la messe sera célébrée dans une petite chapelle à l’extérieur du monastère, puis l’autobus  nous conduira ensuite vers Corinthe. 

Pour accéder à ce que fut la presqu’ile du Péloponnèse, il faut franchir un canal étroit, comme une tranchée taillée dans la roche par un outil géant forgé dans l’antre d’Héphaïstos ! Cet étroit fossé qui fut creusé entre 1882 et 1893, par des ingénieurs français, mesure 6,3 km, 23m de large et 8m de profondeur. 10 000 bateaux y passent chaque année, mais seuls des navires de moyen tonnage peuvent l’emprunter tractés par des remorqueurs ;  les bateaux de plus gros tonnage quant à eux se voient contraint de faire le tour, soit 325 km de plus.

C’est en fait un projet de vieux de 2500 ans ! Les romains avaient déjà eu l’idée de le creuser. Après que l’empereur Néron eut symboliquement commencé les travaux à l’aide d’une pelle d’or, le chantier fut interrompu faute d’outils assez puissants pour percer la roche. Il fallut attendre dix-sept siècles plus tard…

Néna nous parlera d’une autre réalisation française, beaucoup plus récente celle-ci, située non loin de là mais que nous ne verrons pas, il s’agit du pont Rio-Antirio, qui enjambe le Golfe de Corinthe, reliant ainsi la péninsule du Péloponnèse au continent.

Ce pont relie les villes de Rio(sur la péninsule, en Achaïe) et Antirio (en face, donc).
La région étant fortement sismique (les deux rives s'éloignent l'une de l'autre), des techniques particulières ont dû être mise en œuvre  pour donner une certaine élasticité à l'ensemble. Les piles du pont reposent sur des lits de graviers (mis en place par 65 mètres de fond) sur lesquels ils peuvent glisser, des mécanismes à base de vérins permettent au tablier de se déplacer par rapport aux piles et le pont est capable de s'allonger pour suivre l'élargissement progressif du Golfe de Corinthe.
Le pont, construit entre 1998 et 2004, fait près de trois kilomètres de long, dont 2252 mètres pour sa partie suspendue. C'est le second plus long pont suspendu au monde, le premier étant le viaduc de Millau.
Officiellement, le pont s'appelle pont Chiralaos Trikoupis, du nom du premier ministre grec du XIXe siècle qui suggéra sa construction.

Arrivés à Corinthe, la journée s’achève un peu tardivement par le dîner à l’hôtel, où nous aurons la surprise d’une délicate et délicieuse attention de la sœur de Constantin, qui, en nous offrant un dessert traditionnel grec réalisé par ses soins, nous régalera tous. 

Corinthe, capitale de la Corinthie, peuplée dès le néolithique, Corinthe s’afficha très vite comme la ville la plus riche et la plus commerçante de la Grèce antique, grâce aux nombreuses sources qui font de la région une terre fertile, grâce à ses poteries et ses bronzes renommés, vendus sur tous les marchés de la Méditerranée, entre 650 et 550 av JC, mais grâce surtout à sa situation exceptionnelle ; Corinthe dominait tout le Nord du Péloponnèse  et quiconque transportait des marchandises de l’Orient vers l’Occident passait par elle. 

La cité connu son apogée entre 630 et 590 av JC, époque à laquelle fut construit le majestueux temple dédié à Apollon, véritable image de son immense prospérité. Corinthe était connue pour son luxe sans limites…et quelque peu licencieux. Outre les courtisanes, nombreuses à travers la ville, les prêtresses du temple d’Aphrodite se livraient à la prostitution sacrée et les banquets étaient accompagnés de danseuses et de musiciennes aux mœurs légères. 

L’austère philosophe Diogène s’en fit le réprobateur, décidant de loger dans un simple tonneau.

Une telle puissance commerciale se devait d’attirer la convoitise des Romains, qui s’en emparèrent en 146 av JC, massacrant et pillant sans vergogne. Cent ans après cette mise à sac, Jules César y installa une colonie de vétérans. Les bâtiments encore en place furent réparés, réaménagés et la ville retrouva peu à peu sa splendeur. Peuplée de 300 000 habitants au 1ers. ap JC, elle fut durant trois siècles la capitale de la Grèce Romaine !

Cette renommée attirait une foule de visiteurs, négociants, marins et voyageurs de tout poil, ce qui lui valut d’être traitée de « grande débauchée » par Saint Paul dans son « Epître aux Corinthiens ».

Restant à peu près à l’écart des invasions barbares, ce sont les tremblements de terre au 6°s. qui achevèrent  ce second âge d’or. 

Au fil des siècles, Corinthe se réduisit à une modeste bourgade agricole, connue à partir du 14s. pour ses raisins secs. Seule l’Acropole fortifiée, l’Acrocorinthe, conserva une certaine importance stratégique. 

Dimanche 22 Mai

Le matin 

Tôt nous ferons le déplacement vers le site de la ville romaine, la messe sera célébrée en plein air à l’intérieur de l’enceinte archéologique. En ce dimanche, nos frères orthodoxes célèbrent eux aussi la messe, leurs chants parviennent jusqu’à nous.

La visite de la ville romaine se déroulera avec le temple Apollon, l’Agora avec ses boutiques, l’emplacement du tribunal (la tribune ou bêma), la fontaine Pirène et le musée.

Dans cette colonie romaine, Saint Paul séjourna durant plus d’un an lors de son 1er voyage à Athènes (Ac 18,1ss) et à qui il adressa deux lettres. Il y retournera brièvement (2Co12, 14) puis une troisième fois à la fin de l’hiver 57-58 (Ac20,3) et il rédigea l’épître aux Romains. La Cathédrale de Corinthe est dédiée à Saint Paul.

Nous n’irons pas visiter l’acropole ou Acrocorinthe, qui domine tous les environs ; nous reprendrons notre route pour aller jusqu’à Mycènes à 40 km environ. 

Mycènes, la cité « riche en or ».

La mythologie attribue la fondation de Mycènes à Persée, fils de Zeus et de Danaé, et la construction du mur d’enceinte de son acropole aux Cyclopes, ces géants dotés d’un œil unique et d’une force surhumaine. L’Histoire, quant à elle, plus prosaïque, la situe à 2000 av JC (début de l’âge de bronze) avec l’arrivée des Achéens. Sous le règne d’Agamemnon (13°s. av JC), Mycènes était la principale cité du monde achéen, dominant de sa puissance une grande partie de la Grèce continentale et toute la région alentour, « l’Argolide », elle-même divisée en plusieurs petits royaumes.

Très influencée par la civilisation crétoise (minoenne), sa prospérité fut telle qu’Homère la décrivait ; la cité de « polychrysos » (riche en or).

C’était une société féodale, mais hormis son talent pour le pouvoir, elle brillait également pour ses arts et le travail des métaux précieux, dont on pourra admirer maints exemples au musée d’Athènes, avec notamment l’un des joyaux, le masque mortuaire attribué à tort à Agamemnon.

Personne ne sait exactement ce qui causa la ruine des palais mycéniens, vers 1200 av JC. Peut être des tremblements de terre, ou des révoltes paysannes ou encore le déferlement des Doriens venus du Nord. Quoiqu’il en soit ce fut un désastre qui détruisit la civilisation mycénienne et il faudra aux Grecs des siècles pour retrouver une structure sociale et administrative aussi organisée que celle qui naquit ici.

Mycènes est l’une des plus anciennes citadelles de l’histoire (du 16° au 12° s. av JC). Couronnant la colline, une impressionnante enceinte  la protégeait, faite d’un assemblage de blocs énormes parfaitement jointés pouvant aller jusqu’à 8 m d’épaisseur ! En montant vers l’acropole, on passe sous la fameuse porte des lionnes, percée dans la muraille au 13°s. av JC ; quatre  blocs de pierre massif la compose, dont un triangle monolithique au-dessus du linteau, sculpté de deux lionnes dressées sur leurs pattes arrières. Dans sa simplicité l’ensemble dégage une puissance impressionnante.

A l’extérieur de l’enceinte neuf tombes ont été dégagée ; nous visiterons celle du trésor d’Atrée, la plus grandiose. La perfection de l’ouvrage laisse à penser qu’elle fut aménagée pour accueillir la dépouille mortelle d’un grand roi.

On y entre par une porte dont le linteau monolithique est impressionnant (9m de long, pesant quelque 120 tonnes !), elle-même précédée par un corridor d 36 m de long. La salle ronde de 14,50 m de diamètre et de 13,20 m de haut est une courbe parfaite avec un remarquable assemblage de 33 rangs de pierres.

La visite des lieux achevée, nous ne pouvons pas quitter Mycènes sans dire un mot de Heinrich SCHLIEMANN, autodidacte de génie ! le père de l’archéologie moderne.

Heinrich Schliemann, ou un mécène à… Mycènes.

Rien ne prédisposait ce petit commis d’épicerie allemand (1822-1890) à  devenir l’un des plus grands découvreurs du monde hellénique. Rien, si non une passion dévorante pour l’Antiquité, l’Illiade était son livre de chevet.

A 45 ans devenu richissime banquier, à la tête de la banque impériale de Saint Pétersbourg, il décida de consacrer sa fortune et son temps à la recherche des lieux décrits par Homère ; sites que la société  savante de l’époque considérait comme légendaires.

Sa découverte de la ville de Troie en 1871, à l’entrée du détroit des Dardanelles, prouva que les récits homériques se fondaient sur des faits réels et celle des tombes royales de Mycènes, en 1874, confirma l’existence d’une civilisation que l’on jugeait également mythique…

L’Après midi

L’itinéraire nous conduit à Epidaure pour visiter le sanctuaire du dieu-guérisseur « Asclépios » (l’Esculape des Romains). En quittant Mycènes, la route pénètre dans une campagne peu habitée, alternant collines aux courbes douces et plaines verdoyantes. Le cœur de l’Argolie est un jardin paisible, semé de ruines mycéniennes, et soudain nous arrivons aux portes de l’un des plus fameux sanctuaires du dieu-guérisseur, c’était aussi un lieu de cure. 

De ce vaste complexe, seul demeure le somptueux théâtre, intact, qui déploie sa conque de marbre blanc dans une superbe pinède. Il fut construit au 4°s. avJC, c’est l’un des plus achevé du monde antique, d’une pureté sans égale. Pour nous en faire apprécier l’excellent acoustique,  avec une belle voix, Néna nous fredonne une chanson de Mélina Mercury … mais lorsque notre ami Roland  voulut en faire autant en nous faisant entendre sa voix forte un air de Légion, les gardiens n’apprécièrent pas du tout ! et notre guide se fit remonter les bretelles … « à la Légion nous dirions qu’elle a fumé un cigare »…

Après cet épisode ce sera la visite du musée qui, bien que modeste, présente de nombreux instruments chirurgicaux de l’époque romaine en particulier. 

Le Péloponnèse que nous quittons pour rejoindre Athènes,  sera libéré de la domination turque en 1821.

Les deux derniers jours de notre périple seront consacrés à la visite d’Athènes.

Athènes

Selon la légende, la ville doit son nom à la déesse Athéna qui emporte la tutelle suite à une âpre dispute avec Poséidon.

La cité se développe au 2° millénaire av JC avec l’arrivée des Ioniens ; elle s’impose progressivement au cours de la période mycénienne (1600-1150 av JC). Solidement fortifiée elle se classe au premier rang des cités mycéniennes, 

Au 11°s. avJC, Athènes sera affectée par l’effondrement du monde mycénien ; la monarchie fait place à un gouvernement aristocratique, constitué par les chefs des quatre grandes tribus de la région. La nouvelle Attique est un territoire féodal dont le caractère terrien et seigneurial évolue peu à peu au profit des nouvelles élites issues du négoce. Ainsi commence le véritable essor d’Athènes, c’est le début d’un brillant épanouissement artistique.

Le 5°s. est jalonné de conquêtes (politiques, artistiques, intellectuelles) qui imposent Athènes comme le foyer de la civilisation occidentale.

En 508 av JC, à l’issue d’une révolution populaire, la cité se dote d’un régime démocratique dont les institutions seront mises en place par Périclès. Réélu chaque année pendant trente ans (460-430 av JC), celui-ci s’entoure des plus grands savants et artistes de son temps, dont les œuvres  feront passer cette période à la postérité sous le nom de siècle de Périclès.

La lutte victorieuse contre les envahisseurs perses (490-479 av JC) avait conduit Athènes à se placer à la tête de la fédération de Délos, alliance qui rassemblait toutes les cités des îles Egéennes et des côtes d’Asie Mineure.

Mais sa volonté hégémonique lui vaudra bientôt l’hostilité de Sparte, de Corinthe et de l’Eubée, ce qui aboutira à la guerre du Péloponnèse qu’elle perdra face à Sparte.

Malgré le déclin politique amorcé, Athènes demeurera la métropole incontestée de la civilisation hellénique, dont Philippes II de Macédoine et Alexandre le Grand seront les vecteurs jusqu’aux marches de l’Asie.

La victoire de Rome sur les Macédoniens ne fait que consolider cet âge d’or, mais cet ultime sursaut de prospérité sera interrompu par la mise à sac de la ville par les Romains en 86 av JC.

La paix romaine assurera néanmoins à la culture grecque une diffusion sans précédent dans tout le monde méditerranéen, faisant d’Athènes un carrefour universitaire où viendront se former une partie des élites politiques, intellectuelles et artistiques de l’Empire romain.

Le déclin est cependant avéré. Après les destructions liées aux invasions barbares germaniques, la fermeture des écoles philosophiques au 5°s. et la transformation des édifices païens en basiliques chrétiennes mettent un terme à plus de dix siècles de rayonnement.

Constantinople  prend de l’ampleur ; avec Rome, Athènes s’efface et se réduit à une petite ville à la périphérie de l’Empire. Seuls les églises et les monastères byzantins, bâtis aux 11° et 12°s., marquent l’architecture de cette époque.

A la fin du 12°s., le raid sarrasin viendra anéantir ce qu’il en restait. A partir du 13°s., Athènes passe des croisés (1204-1311) aux catalans (1311-1387), puis des Florentins aux Vénitiens (1387-1456), avant d’échouer entre les mains des Turcs, qui s’y installent pour quatre siècles (1456-1833). La ville est peuplée d’environ 10 000 âmes, en majorité des Grecs et des Albanais. Les édifices antiques sont parfois fortifiés ou transformés pour des usages civils, ou encore démantelés pour en récupérer la pierre à des fins de construction.

En 1834, en plein néoclassicisme européen, le choix d’Athènes pour devenir capitale du jeune royaume hellénique sonne l’heure du renouveau. Malgré l’élaboration de plans, la cité se développe de façon incohérente, jusqu’à dévorer l’espace archéologique autour de l’Acropole.

A défaut d’urbanisme, cette période laisse cependant de nombreuses réalisations néoclassiques.

Plus tard, à la charnière des 19° et 20°s., Athènes enregistrera une croissance très rapide, mais les ultimes décennies de ce dernier siècles, verront la prolifération d’immeubles en béton sans grande architecture qui a façonnent en partie le visage de l’Athènes actuelle.

Lundi 23 Mai

Le matin 

La matinée sera consacrée à la visite de l’Acropole : les Propylées, le temple d’Athéna, Niké, le Parthénon, l’Erechthéion.

Nous nous arrêterons sur la colline d’Arès, lieu de l’Aréopage où Paul adressa son discours évangélique aux Athéniens (Ac 17,23-32), Monseigneur ELLUL, nous en fera le commentaire et plus bas nous découvrirons l’Agora, le temple d’Héphaistos et le portique d’Attale.

L’après midi

Après le repas et quelques heures de promenade, de lèche-vitrine ou de menus achats dans le quartier de Plaka, nous assisterons à la messe dans la paroisse Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus en fin de journée. Le Père Alexandros, en charge de cette église, nous accordera un entretien où une fois encore seront évoquées les relations difficiles avec l’église orthodoxe et cela malgré les tous les points communs existants entre les deux églises, à commencer par les références à Saint Paul lui-même.

Le premier théologien de la Chrétienté.

Paul peut être a bon droit qualifié de premier théologien de toute l’histoire chrétienne. En effet, ses lettres constituent les écrits les plus anciens qui nous soient parvenus et nous offrent un témoignage précieux sur les premières communautés. Il innove en écrivant une synthèse intellectuelle du christianisme. Il imprime de manière définitive sa marque sur le vocabulaire du christianisme, sa compréhension du salut, du Christ, de l’Eglise.

Que ce soit pour le prolonger, le nuancer, s’en éloigner ou s’en rapprocher, tout discours chrétien part de Paul.

Les lettres de Paul constituent un des jalons les plus importants de la culture chrétienne.

D’Ignace d’Antioche (mort en 117) à Augustin, de Thomas d’Aquin à Luther, des Pères du désert égyptien aux Pères de l’Eglise Orthodoxe, d’Irénée de Lyon et Jean Chrysostome aux derniers théologiens protestants, orthodoxes, catholiques, tous font plus ou moins explicitement référence à Paul !

La pensée, l’art, la mystique, la morale de la chrétienté dont nous sommes héritiers dépendent très largement de ses lettres. 

Mardi 24 Mai

Le matin 

En ce dernier jour de voyage,  la messe sera célébrée dans la Cathédrale d’Athènes et la matinée se poursuivra par la visite du musée archéologique national qui possède l’une des plus grandes collections d’art au monde.

En faire une description en est inutile, tout est beau ! Toutes les sensibilités trouvent matière  à s’émerveiller.

L’après midi, sera quant à elle réservé à la visite d’un petit monastère byzantin , édifié au 11°s. au milieu de la forêt de Kessariani. C’est un lieu où règne le calme et la sérénité ; aujourd’hui,  seuls des gardiens y habitent, les bâtiments du couvent sont désaffectés, mais tout y est resté intact.

A proximité d’une capitale polluée, c’est un éden hors du temps, très couru parait-il les fins de semaine et pour nous c’est une façon d’achever notre pèlerinage loin des foules de touristes qui envahissent tous les sites touristiques, nous étions à peu près les seuls sur le site pour le visiter.

Mercredi 25 Mai

Le matin 

Transfert vers l’aéroport d’Athènes, retour vers Roissy Charles de Gaulle et fin de ce magnifique voyage-pèlerinage.

Merci à tous ceux qui ont pris une part active dans l’organisation et le déroulement de ce voyage-pèlerinage ; merci Constantin !

Lcl (er) Henri CHAUDRON

- Pour compléter ce compte rendu de notre voyage-pèlerinage « sur les pas de Saint Paul », voici quelques éléments supplémentaires sur la vie de Saint Paul.

Chronologie du ministère de Saint Paul

Le Nouveau Testament contient treize lettres attribuées à Paul.

Sept sont certainement de sa main et quatre ont été très probablement écrites par quelqu’un d’autre sous son nom. Les exégètes* discutent encore sur deux lettres : 2 Thessaloniciens, Colossiens.

Les dates qui suivent sont très approximatives : il est difficile d’avoir une certitude historique.

v.30-33 : crucifiement de Jésus.

v.34 : conversion de Saint Paul.

v.49 : assemblée de Jérusalem.

v.49-51 : première lettre de Saint Paul aux Thessaloniciens.

v.51-52 : Paul devant Gallion* à Corinthe.

v.52-57 : écriture des épîtres aux Corinthiens, aux Galates, aux Philippiens, aux Romains.

v.57 : arrestation à Jérusalem.

v.60 ou 64-68 : mort de Paul.

v.80 : écriture des épîtres aux Colossiens et aux Ephésiens. 

Combien de lettres Paul a-t-il écrites ?

Le Nouveau Testament contient 13 lettres attribuées à Paul. 7 sont certainement de sa main et 4 ont probablement été écrite par quelqu’un d’autre sous le nom de l’Apôtre. Les exégètes discutent encore sur 2 lettres : 2 Thessaloniciens, Colociens.

De la main de Paul :

Romains

Galates. L’Epître aux Galates (vers 54-56). 

Habitants de l’actuelle Turquie, les Galates sont des descendants de Celtes Gaulois venus dans les Balkans que Paul évangélisa lors de son deuxième voyage à l’occasion d’une maladie. Fruit d’une évangélisation fortuite, la fondation de l’église de Galatie fut pour Paul une sorte de ratification divine du bien-fondé de sa mission vers les païens.

1Corinthiens

2Corinthiens

1Thessaloniciens

Philippiens

Philémon 

Authenticité discutée :

2Thessaloniciens

Colossiens

Sous le nom de Paul :

1Timothée

2Timothée

Tite

Ephesiens

Un portrait de Saint Paul.

Habituellement, il n’est pas difficile de reconnaître Paul. Comme tous les Apôtres, la tradition lui a donné des traits distinctifs. Les siens s’inspirent d’un évangile apocryphes*, les Actes de Paul et de Thècle qui datent des années 150 et qui influencèrent définitivement son portrait, tant en Orient qu’en Occident. Tous les portraits de Paul ressemblent à cette description. Paul a aussi des « attributs » (des objets qu’il tient), pour rendre encore plus facile sa reconnaissance.

Il est souvent représenté avec la barbe, les cheveux rares et le crâne proéminent. Ces traits proviennent des Actes des Apôtres de Paul et de Thècle (chap.3) où Paul est décrit comme « un homme de petite taille, chauve, qui avait des sourcils rapprochés et les jambes arquées, mais il était vigoureux et très sympathique, dit-on. Il avait un caractère exceptionnel, ce qui ne nous surprend au vu de ce qu’il a été, « il apparaissait de temps comme un homme et de temps en temps comme un ange » est-il écrit dans l’une des descriptions qui sont faites de lui. 

Ses attributs.

L’épée, cet attribut se rencontre surtout dans les représentations occidentales du monde latin, peu en revanche dans les icônes orthodoxes. L’épée désigne à la fois celle du martyre (on lui a coupé la tête) et le caractère tranchant de ses paroles. Le livre. Il s’agit du livre des épîtres qu’il a écrites. 

En conclusion :

Etudier Paul, c’est donc comprendre en profondeur le christianisme, mais également le monde chrétien contemporain, héritier de cette tradition qui compte plus de deux mille ans d’existence.

Lieutenant-colonel Henri CHAUDRON

Membre de l'AACLE