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La guerre civile qui vient…

Alain CHOUET à Marseille : la guerre civile qui vient…

Le Lieutenant-colonel Constantin LIANOS, conviait le 13 Octobre 2016 quelques membres de l'AACLEM pour un déjeuner puis, assister par la suite à une conférence donnée par Alain CHOUET organisée par la SMLH comité de Marseilleveyre.

 

Photo © Constantin LIANOS - www.monsieur-legionnaire.org 

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Le président a demandé à José d'Arrigo de faire un compte rendu pour les membres qui n'ont pu faire le déplacement.

 

Voci en intégralité le compte rendu de José d'Arrigo, membre à vie de l'AACLEM et membre de la commission culture.

 

Ancien haut-fonctionnaire de l’administration centrale et du corps diplomatique, rompu à toutes les roueries des régimes islamiques, Alain Chouet a donné une conférence sur la violence djihadiste au Fort Ganteaume à Marseille à l’invitation de la société des membres de la Légion d’Honneur (Comité Marseilleveyre) animée par M. Hubert Zana en présence du lieutenant-colonel Constantin Lianos, président de l’association des anciens combattants de la Légion Etrangère de Marseille.

 

Le moins qu’on puisse dire est que ce professionnel du renseignement n’a pas mâché ses mots. Pour lui, le terrorisme est « une arme de guerre » qui vise à « sidérer » l’adversaire pour l’amener progressivement à se rendre sans combattre, à se « soumettre », ou bien au contraire à mettre en œuvre des ripostes disproportionnées ou inappropriées.

 

Depuis la chute du mur de Berlin, les Occidentaux ont intégré l’idée que seule l’Organisation du traité de l’atlantique nord et les Etats Unis ont le monopole de la violence militaire légitime. Toute intrusion armée ou conflit militaire avec l’occident se traduit désormais par une « sauvagerie médiatisée » qui donne lieu à un étalement complaisant de l’horreur dont le « traitement compassionnel » réjouit les fanatiques de l’Islam.

 

Photo © Constantin LIANOS - www.monsieur-legionnaire.org 

Selon M. Chouet, la France n’a connu que trois vagues terroristes, toutes différentes : la première dans les années 70 était celle des brigades rouges, de la bande à Baader, et des militants d’extrême gauche qui souhaitaient instaurer le communisme par la violence, la seconde dans les années 80 était un terrorisme d’Etat (Iran, Lybie, Syrie), la troisième a été une guerre civile sanglante en Algérie en 1992 à la suite d’élections démocratiquement gagnées par les islamistes. Mais ni la France, ni les autorités algériennes n’ont accepté le verdict des urnes et des affrontements sanglants se sont ensuivis avec des groupes islamistes armés et les ripostes féroces de l’armée algérienne au pouvoir…

 

« Il est cocasse de constater que la France n’accepte le processus démocratique que lorsque les résultats sont conformes à ses vœux », a fait observer M. Chouet qui a évoqué aussi les menées des terroristes d’Hamas à Gaza.

 

Les motivations des terroristes ne varient pas : le fanatisme, l’idéologie, le pouvoir, le prestige et l’enrichissement. Aujourd’hui, nous commençons à nous habituer aux réactions officielles d’après-attentat. On commence par nous certifier à la télé que les acteurs « étaient connus de nos services ». On nous serine ensuite qu’ils sont passés à travers les mailles du filet et que c’est une faillite pour l’ensemble de nos services de sécurité. Enfin, on nous assure la main sur le cœur, promis, juré, que nous « prendrons toutes les mesures nécessaires pour endiguer ce phénomène ».

 

Photo © Constantin LIANOS - www.monsieur-legionnaire.org 

Toutes les mesures nécessaires ? Mais c’est absurde, s’étonne Alain Chouet, elles sont déjà dans notre code pénal et personne ne songe à en faire usage. On débat sur l’opportunité de déchoir de leur nationalité les terroristes revenant du Djihad en Syrie alors qu’on sait que le droit international interdit de rendre des individus apatrides. Et l’on oublie une mesure susceptible de calmer l’ardeur des fanatiques de l’Islam : l’indignité nationale, prévue en 1944,  pour éloigner les traitres ayant pactisé avec l’occupant ou s’étant rendus coupables d’une « activité antinationale ». Les condamnés à l’indignité se trouvaient privés de leurs droits civiques, exclus des emplois publics et de certaines professions, bref une sorte de « mort civile »

 

De la même façon Alain Chouet se demande pourquoi le gouvernement n’applique pas l’article 411 alinéa 4 du code pénal qui prévoit une peine de trente ans de détention criminelle et 450 000 euros d’amende pour les individus qui seraient reconnus coupables « d’intelligence avec l’ennemi en vue de perpétrer des agressions contre la France ». Est-ce qu’on aurait tendance à une certaine clémence envers les « Français » qui reviennent de leur périple sanglant en Syrie et souhaitent rentrer chez eux ?

Ce laxisme du gouvernement est inexplicable. Aucune exigence stratégique ne saurait le justifier. Et M. Chouet de rappeler que depuis quarante ans des « pans entiers de notre territoire national » échappent au contrôle de l’Etat : « il est tacitement admis que les policiers et les pompiers ne peuvent plus pénétrer dans les zones de non-droit qui ceinturent les grandes villes et semblent vouées aux trafics de stupéfiants et aux règlements de comptes ».

 

Et puis à quoi rime « l’état d’urgence »  face à « une menace diffuse et imprévisible » lorsqu’on autorise en même temps des manifestations sociales gigantesques en plein Paris ou des compétitions de football qui emplissent les stades partout en France… « On a trop longtemps laissé prospérer en France ce salafisme waabite qui est propagé par des psychopathes fondamentalistes et suscite partout des mouvements subversifs ». Depuis le 1er janvier dernier, les Etats Unis ont subi 191 tueries de masse, ce qui revient à dire que chacune de ces tueries laissaient au moins dix victimes sur le carreau…

 

Notre erreur en France est de désigner un ennemi qui n’en est pas un, un vague concept baptisé « terrorisme » et de considérer l’ennemi, non pas tel qu’il est, mais tel qu’on voudrait qu’il soit. « Mais pourquoi nous haïssent-ils tant ? Comment ont-ils fait pour percer nos défenses ? »  s’interrogeait Georges W. Bush le lendemain des attentats de New York.

 

La réalité actuelle nous oblige à envisager toutes les formes d’attaques possibles, même les plus improbables : « savez-vous pourquoi on vous interdit les bouteilles dans les avions, parce qu’un individu a raté un attentat avec une bouteille… » dit M. Chouet, d’un air interloqué. La réponse ultra-sécuritaire, style Guantanamo, ne résout rien. Les jeux scabreux de certains soldats US dans les geôles irakiennes n’ont fait que susciter haine, rejet et désir de vengeance. L’occupation militaire afghane durant douze ans n’a pas jugulé le terrorisme dans le monde et l’on pressent le retour en force du fondamentalisme musulman sur les ruines du régime fantoche installé en Irak par les Américains.

 

Que faut-il donc faire pour se prémunir le mieux possible contre ces fanatiques qui sont des violents « non-professionnels » mais veulent multiplier en France les actions « spectaculaires, médiatisées et accompagnées d’un message fort de leur mouvance » ? M. Chouet n’a aucune panacée contre ces « sauvages qui peuvent user de cutters, de couteaux, d’avions ou de ciseaux ».  En revanche, il sait ce qu’il faut faire contre l’Etat Islamique parce qu’on connait sa mission (l’instauration d’un Califat mondial), ses moyens, ses armes, ses casernes, ses objectifs et son agenda. C’est la guerre.

 

Le danger d’une débâcle militaire de l’Etat Islamique, c’est de multiplier partout dans le monde les « attentats désespérés » de kamikazes de l’Islam. « Ce que veulent les djihadistes, estime M. Chouet, c’est engendrer une rupture et un affrontement entre les communautés européennes et musulmanes, leur objectif est de dresser un mur de haine entre les uns et les autres pour les inciter à la guerre civile ». Telle est la stratégie des Frères Musulmans en Europe : ils avancent masqués et dissimulent leurs intentions derrière la Takia, une façon de feindre l’acceptation de la République pour mieux l’abattre ensuite…Cette stratégie d’infiltration, que ce soit en Egypte, en Turquie ou même en Tunisie et en France ne varie pas depuis quatre vingt huit ans !

 

Et force est de constater que nombreux sont nos hommes politiques à être « dupés » par leur double langage de fausse intégration, voire d’assimilation à nos traditions et à nos mœurs. Ces artistes de la duplicité semblent capables d’utiliser toutes les failles de notre système social, politique et même militaire pour faire avancer en tapinois leurs thèses salafistes et sectaires.

Notre handicap majeur c’est, pour M. Chouet, « notre propension aux arrangements raisonnables » et aux capitulations successives face aux menaces de provocations ou d’insurrections. « La première mesure à prendre c’est d’enjoindre à nos alliés turcs de surveiller leurs frontières et de refouler systématiquement les candidats français au djihad en Syrie, or jusqu’en 2015 ils ne l’ont jamais fait ! » s’indigne-t-il. « On ne sait aujourd’hui si c’est l’Islam qui se radicalise ou si c’est le radicalisme qui s’islamise », ajoute-t-il. Selon lui, il ne faut pas non plus confondre les violences individuelles et celles qui résultent d’une stratégie collective de déstabilisation. « Ce ne sont pas des fous, ils sont mal éduqués, dit-il, il n’est pas bon de psychiatriser ces dérapages en nous exonérant de nos propres responsabilités au regard du nihilisme ambiant car, il ne faut pas se leurrer, ce sont les rejetons de notre propre société qui nous frappent ».

 

La création du vaste espace de Schengen sans règles juridiques communes est une aberration : « on s’aligne sur le plus faible et le moins motivé, l’Estonie par exemple » et le résultat c’est la passoire. Les jeunes qui basculent dans le djihad sont pour la plupart des délinquants d’habitude que la police fiche depuis des années et l’on mise davantage sur la réinsertion que sur la punition, d’où le délire actuel. Des centaines de perquisitions et de saisies ont suivi l’instauration de l’état d’urgence, mais la police avait repéré toutes ces caches depuis belle lurette, mais elle se heurtait au laxisme des politiques ou de la justice qui disait « non, on n’y va pas attention aux émeutes, vous allez foutre le bordel… »

 

« La vérité c’est qu’on se heurte à l’irénisme bobo du consensus politique et à la volonté angélique de ne jamais stigmatiser personne », constate Alain Chouet qui s’est lancé ensuite dans une longue explication du double jeu des pétromonarchies du Golfe qui « achètent » la neutralité de la France et aident massivement les salafistes infiltrés.  Le lieutenant-colonel Lianos lui a fait observer que près de 3000 radicalisés ont été recensés dans les Bouches du Rhône et qu’ils étaient prêts au « sacrifice de leur vie ». Est-ce que nous vivons les prémices d’une guerre civile qui n’ose dire son nom ?

José D’ARRIGO

Commission culture AACLEM

Texte © - www.monsieur-legionnaire.org 

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