André PEYRONIE n'est plus

Rédigé par Constantin LIANOS le . Publié dans In memoriam.

 

Nous apprenons avec tristesse la disparition du dernier commando de Normandie-Niemen. Le «Neu-Neu !» a perdu son dernier grognard ! 

Après la mort du dernier pilote de Normandie-Niémen, Gaël Taburet en 2017, c’est le dernier mécanicien français de ce légendaire régiment qui a quitté ce monde.

André Peyronie, dernier survivant français du célèbre régiment de chasse Normandie-Niémen qui a combattu au sein de l'Armée rouge pendant la Seconde Guerre mondiale, est décédé mardi à l'âge de 99 ans.

Une cérémonie religieuse aura lieu en l’église de Anse (69480) Mardi 17 Décembre 2019 à 14 heures.

Tous les anciens combattants et amis de nos associations sont invités à lui rendre un dernier hommage

Au cours de cette cérémonie, André Peyronie, engagé de 1943 à 1945 sur le front de l’Est et dernier survivant du Régiment de chasse «Normandie-Niémen», s’est vu remettre les insignes de l’ordre de l’Honneur par décret d’Aleksandre Loukachenko, président de la république de Biélorussie.

De nombreuses autorités civiles et militaires étaient présentes. Nous citerons, par exemple, le député Christophe Lejeune, président du groupe d’amitié France-Biélorussie à l’Assemblée nationale, le sénateur François-Noël Buffet, le député Bernard Perrut, le général (2S) Philippe Lafond, le lieutenant-colonel Mickaël Fonck, commandant l’escadron de chasse «Normandie-Niémen» de Mont-de-Marsan, ainsi qu’une délégation militaire biélorusse.    

Ému aux larmes, André Peyronie a rendu hommage aux 42 aviateurs de son groupe morts sur le front de l’Est. Il a également remercié toutes les personnes présentes.

Une réception amicale pour célébrer le héros d’hier et d’aujourd’hui a suivi la cérémonie, autour de spécialités biélorusses et françaises.

Biographie d'André PEYRONIE

   Andre Peyronie 1

André Peyronie est né le 8 mai 1920 à Albi (Tarn). Il est le fils d'un employé de la SMA (Société minière du Tarn), société d'exploitation de gisement de houille dans le bassin houiller de Carmaux. 

Après avoir obtenu le certificat d'études primaires, le jeune André suit une formation de forgeron. 

Le 16 février 1939, n'ayant pas encore 19 ans, André Peyronie signe un engagement volontaire pour cinq ans à l’Intendance militaire d’Albi au titre du Bataillon de l’Air n° 109 de Tours et est affecté à l’école de Rochefort, le 22 du même mois. 

Nommé caporal-chef le 30 octobre suivant, il obtient le brevet supérieur (n° 11.792) de mécanicien – spécialité avion le 3 novembre 1939. A cette même date, il est affecté au Bataillon de l’Air n° 106 de Bordeaux. 

Le 3 février 1940, il est affecté à la base de Salon-de-Provence et nommé sergent le 16 avril suivant.

Andre Peyronie

Il rejoint ensuite la base de Châteauroux où il participe à des actions de sabotage ayant pour but d'empêcher que les avions français ne tombent aux mains de l'ennemi. 

Afin d'échapper à la police allemande, il est désigné pour faire partie du détachement de renfort à destination du Levant. Il embarque à Marseille le 27 novembre 1940 et arrive à Beyrouth le 8 décembre suivant.

Le 5 août 1941, à Rayak (Liban), il signe un acte d’engagement volontaire (sous le matricule n° 31.754) dans les FAFL (Forces aériennes françaises libres) pour la durée de la guerre. 

Le 31 du même mois, il est affecté au G.C. I « Alsace » avec lequel il participe aux opérations de Libye.

Sur la demande du commandant Joseph Pouliquen, il est affecté au G.C. III « Normandie » le 15 septembre 1942 et arrive à Ivanovo en Russie le 29 novembre suivant.

Nommé sergent-chef le 1er mars 1943, il participe à la première campagne du groupe en qualité de mécanicien avion. Il est responsable tout particulièrement de l’entretien du « Père Magloire », le Yak n° 14 du lieutenant Marcel Lefèvre qui succombera à de graves blessures, le 5 juin 1944, à l'hôpital Sokolniki de Moscou.  

En août 1943, comme tout l'ensemble du personnel technique du « Normandie », André Peyronie est muté au Moyen-Orient, et le 30 octobre suivant, il est de retour sur la base de Rayak. 

Affecté au G.C. III/3 « Ardennes » le 1er janvier 1944, il embarque à Port-Saïd le 14 mai suivant, à destination d’Oran, où il débarque une semaine plus tard. Il participe ensuite à la campagne d’Afrique du Nord. 

Le 16 septembre 1944, il embarque à Oran, à destination de Marseille, où il arrive quatre jours plus tard. 

Il prend alors part aux opérations de Provence, puis fait mouvement avec son unité sur l’Alsace.

La guerre terminée, il est détaché en Allemagne du 2 septembre au 5 octobre 1945.

Dès son retour en France, il est démobilisé et rayé des contrôles de l’armée active le 9 octobre 1945. 

Le sergent-chef André Peyronie est titulaire de nombreuses décorations dont notamment : la médaille militaire, la croix du combattant volontaire 1939-1945 (avec barrettes), la médaille d’Outre-Mer (avec agrafe « Libye »), la médaille commémorative des services militaires dans la France libre, la médaille commémorative de la guerre 1939-1945 (avec agrafes « Engagé Volontaire » - « France » - « Libération »), ainsi que plusieurs décorations soviétiques.

Rendu à la vie civile, André Peyronie fait carrière dans l’immobilier à Lyon, où il s'établit à la retraite.

Il se retirera par la suite à la maison des anciens combattants (ou Château de Messimieux) située à Anse, près de Villefranche-sur-Saône (Rhône).

André Peyronie s'investira fortement (sur Lyon et sa région) au sein de la section du Rhône de la Fédération nationale des combattants volontaires.

Il contribuera à ce que le nom de « Normandie-Niémen » soit donné à un square de la ville de Lyon en 1987.

De même, il participera activement à l'organisation de la cérémonie rendue à Lyon en 2012, à l'occasion du centenaire de la naissance de son compagnon d'armes, le sous-lieutenant Adrien Bernavon, « Mort pour la France » le 16 juillet 1943, dans la région d'Orel (Russie).

Durant toute sa vie André Peyronie n'aura de cesse de rendre hommage aux 42 pilotes du « Normandie-Niémen » qui firent le sacrifice de leur vie pour la liberté et c'est toujours avec une extrême émotion qu'il évoquera ses compagnons d'armes disparus. 

André Peyronie avait fait sienne cette phrase prononcée par le général de Gaulle en septembre 1942, sur la base de Rayak : "La loi suprême, c'est la libération de la Patrie !"     

En 2006, à Lyon, André Peyronie est décoré de l’ordre d’Alexandre Nevski par le général Belykh, attaché militaire de Défense à l’ambassade de Russie en France.

Le 8 mai 2015, jour de son 95ème anniversaire, André Peyronie est décoré de la croix de chevalier de la Légion d'honneur lors d'une cérémonie qui se déroule sur la place Bellecour de Lyon. La décoration lui est remise par le lieutenant-colonel Patrick Bryant, commandant du RC 2/30 Normandie-Niémen, stationné sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan (Landes).

Après la disparition de Gaël Taburet le 10 février 2017, André Peyronie devient le dernier survivant de l'extraordinaire épopée du G.C. III « Normandie » devenu « Normandie-Niémen ».

Le 8 mai 2017, André Peyronie se voit remettre la médaille de la ville d'Anse par Daniel Pommeret, maire de la commune. 

Le 22 février 2018, André Peyronie reçoit l'Ordre d'honneur du Bélarus des mains de Son Excellence Monsieur Pavel Latushka, ambassadeur de la République de Biélorussie en France.

Le 21 mars 2019, André Peyronie se voit décerner la médaille d'or de la CANSOF (Confédération des associations nationales de sous-officiers et officiers français). Cette distinction lui est remise par Jacques Mulard, ancien président national de l'ANSORAA (Association nationale des sous-officiers de réserve de l'armée de l'Air).

Le 14 juin 2019, André Peyronie reçoit la médaille commémorative du 75ème anniversaire de la libération du Bélarus des mains de Son Excellence Monsieur Igor Fissenko, ambassadeur de la République de Biélorussie en France.

Par décret du 30 novembre 2019 (JORF n° 0280 du 3 décembre 2019) André Peyronie est promu au grade d'officier de l'ordre national du Mérite.

André Peyronie est décédé le 10 décembre 2019, dans sa 100ème année, à Anse.

Biographie rédigée par Yves Donjon, Président de la section ANSORAA des Côtes d'Armor

Administrateur du Mémorial-Normandie-Niemen

Auteur du livre « Ceux de Normandie-Niémen »

Liens :

Mémorial Normandie Nieman

http://www.ansoraa-69-42.fr/celebrations/normandie-niemen.html