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Mgr Jean-Pierre ELLUL, postulateur de la cause d'Anne-Madeleine REMUZAT

Nommé recteur de la basilique du Sacré-Cœur, en septembre 2000, le chanoine Pierre Duménil, l’un de mes prédécesseurs, me remit quelques archives, provenant de la Visitation de St Jérôme de Marseille et diverses indications concernant les recherches à effectuer et les personnes à contacter, si le procès en béatification de la servante de Dieu Anne-Madeleine Rémuzat était repris.

 

Je venais de découvrir la vie et le message spirituel de la servante de Dieu Anne-Madeleine Rémuzat.

Prêtre depuis 1969 pour le diocèse de Marseille, après avoir été aumônier de lycée, puis curé dans la zone extérieure du diocèse, je fus nommé en 1981, curé de de St Victor, et ce pendant 19 ans.

 

Je trouvais également dans la bibliothèque du presbytère du Sacré-Cœur, des images, des livrets, des cartes postales anciennes la concernant, quelques articles publiés dans une période récente, un texte explicatif sur les Litanies du Sacré-Cœur qu’elle avait écrites et proposées pour le diocèse de Marseille et qui devinrent celles de l’Eglise Universelle…

Je venais de découvrir en fait les premiers éléments, qui me permettraient d’entrer dans un long processus de recherches biographiques et bibliographiques, d’étudier la vie de celle qui, au XVIIIe siècle, fut la propagandiste de la dévotion au Cœur Sacré de Jésus.

 

Les circonstances voulurent que, dès la première année de ma nomination, lors de la célébration de la fête du Sacré-Cœur en 2001, me soit remis le coffret contenant son cœur momifié.

 

La lecture d’une vie, que sœur Chevalier, avait écrite à la fin du XIXème siècle, pour l’introduction de sa cause me permit d’aller plus loin dans la connaissance de son message. Le chanoine Albanès, historiographe du diocèse, avait eu la charge d’accompagner son procès de béatification et canonisation à Rome. Commençait pour moi, la découverte de cette amie du Sacré-Cœur de Jésus, d’autant que l’ouvrage était une chronique très bien documentée sur la vie d’une jeune visitandine, soulignant l’expérience mystique de celle qui était destinée à souffrir et à aimer. Elle invitait les pécheurs, de la part du Christ, à se réconcilier avec Dieu, bénéficiant de son amour et de sa miséricorde. C’est sœur Rémuzat, qui proposera à Mgr de Belsunce, en 1720, durant la grande peste, de consacrer le diocèse et la ville de Marseille à son Cœur Sacré. Ce qu’il fit.

 

Je me mis à rechercher toute la documentation concernant cette période, mais également des éléments biographiques, car je désirait approfondir sa vie et son message. L’ouvrage de sœur Chevalier me servit de guide et de fil rouge, la lecture n’étant pourtant pas facilitée, par le style du XIXe siècle, mais je m’habituais.

 

Je reçus alors une paroissienne, Mme Renée Laville, qui ayant pris des photos des vitraux et du Chemin de la Croix de la basilique, venait me présenter son travail. Durant notre échange, j’eus l’idée de lui proposer d’aller plus avant, dans l’histoire de la construction de l’église. En fait, nous devions éditer un album souvenir, pour l’anniversaire du 60ème anniversaire de sa consécration.

 

Ses recherches sur Mgr de Belsunce, la conduisit aux trois bibliothèques marseillaises puis aux Archives départementales et municipales, pour parfaire la documentation. Parallèlement, je me mis à relire, la vie de sœur Anne-Madeleine Rémuzat. Il me semblait évident de communiquer aux Marseillais ce qu’elle avait vécu et ce qu’ils lui devaient ; je pensais que d’années en années, son souvenir s’était estompé, mais je faisais une erreur, car il était toujours présent dans le cœur, l’esprit et la mémoire des plus anciens et de nos contemporains. Dans les années 1980-1981, un essai de reprise de la cause en béatification avait été décidé par couvent de la Visitation de St Jérôme, et les religieuses proposaient une série de conférences, pour mieux faire connaître son message et le rôle qu’elle jouera dans Marseille au XVIIIe siècle.

 

L’Echo de Notre-Dame de la Garde, me fut une mine, d’où je puisais les premières indications, qui me permirent de mieux approfondir sa vie et son message. Je fis alors, un long travail de recherche, d’enquête, d’échanges et de correspondances. L’Internet nous permis une rapidité de réponses appréciable.

 

Il fallait contacter les Visitandines de Marseille. Je les avais rencontrées à la basilique du Sacré-Cœur lors la messe du vœu des échevins. Je me rendis à la Visitation des Accates, seul monastère de la Visitation à Marseille, celui de St Jérôme étant fermé en 1986 et les religieuses dispersées à Tarascon, Paris ou Voiron.

 

Je tenais à découvrir l’original du portrait en noir et blanc qui se trouvait dans la sacristie du Sacré-Cœur, ainsi que le tableau qui avait servi à éditer images et cartes-postales. Je rencontrais la Mère supérieure et les sœurs furent « ravies », qu’un essai de reprise de la béatification soit évoqué. Deux ans plus tard, à leur départ des Accates, elles me remirent quelques documents concernantla concernant, puis le cardinal Bernard Panafieu, me pria d’aller chercher un grand tableau, peint par Arnaud, daté de 1721, représentant des Visitandines en prières, remerciant le Seigneur pour la préservation de la peste, qui se trouvait dans l’un des couloirs du couvent. Une œuvre dont je découvrais le grand intérêt, et qui fut bellement restaurée par Mme Claire Brochu et dont le professeur Régis Bertrand fit l’historique. Il est désormais dans la basilique du Sacré-Cœur.

L’une des religieuses me remit un cadre de bois sur lequel trois « mallons », trois carrelages anciens, étaient posés. C’était des éléments du pavage du chœur du couvent des Grandes-Maries, le premier monastère de la Visitation où avait vécu Anne-Madeleine et qui se trouvait alors derrière la Vieille Charité.

 

Quels étaient les couvents de la Visitation dans la région ? Ce fut vers Tarascon que j’allais en premier, pour rencontrer l’une des religieuses, qui avait été tourière à Marseille. Lors de l’entrevue avec la Mère supérieure, parlant d’archives et d’ouvrages à rechercher, je lui demandais si elle avait la possibilité de me communiquer quelques documents sur notre « vénérable » ; elle me pria d’attendre, et revins avec un petit volume. Je l’ouvrais. C’était la vie du Père Jacques de 1760, que je cherchais vainement depuis quelques mois. « Je vous le confie, me dit-elle, vous me le rapporterez bientôt. »

 

C’était la première vie, écrite au XVIIIème siècle, sur des écrits aujourd’hui disparus ou brûlés pendant la période révolutionnaire. Les documents que les religieuses lui remirent en 1730, juste après le retour vers Dieu d’Anne-Madeleine Rémuzat, furent rapportés, plus de 30 ans plus tard, car le jansénisme était virulent à Marseille et en Provence, et déjà en son temps, le Père Jacques était inquiet. Parler des révélations et des états mystiques de Sœur Rémuzat ? Prudent, il conseillait de ne pas mettre dans toutes les mains, la vie d’une mystique, car elle serait vouée à la critique. Il était soucieux, car les jansénistes, dans « Les Nouvelles Ecclésiastiques », ne manqueraient pas d’en faire une critique acerbe.

 

C’est ce qu’ils firent. Un flot de haine et de fiel se déversa dans Marseille, pour stigmatiser et ridiculiser celle qui avait vécu cette expérience mystique et avait reçu les stigmates. N’était-elle pas hystérique ou sous l’emprise du démon ? Dans la ville, les réactions furent nombreuses : beaucoup avaient connu, approché, dialogué avec sœur Rémuzat, qu’ils appelaient déjà « la sainte ». Mgr de Belsunce, en répondant à la lettre de la « déposée » de Rouen, en fit un éloge remarquable, relayant la notice nécrologique assez développée, que la Mère Nogaret écrivit aux monastères de la Visitation.

 

J’eus la joie de travailler deux jours avec sœur Marie-Christophe, responsable des archives la Visitation de Voiron, qui mit à ma disposition, celles concernant Anne-Madeleine. Je rencontrais également deux religieuses qui avaient vécu à Marseille. Tout le couvent pria alors, pour que la cause en béatification reprenne.

 

Je découvris, en plus des archives anciennes très bien tenues, toute la correspondance des religieuses Visitandines marseillaises, évoquant sur une période récente, la reprise de la cause.

 

Ainsi pouvait-on suivre les méandres par lesquels était passée cette postulation ! Elle fut d’ailleurs suspendue dans les années 1920-1922, car le diocèse ne répondit pas à une question posée par la Congrégation pour les causes des saints. L’un d’eux demandait quelles étaient les relations entre sœur Rémuzat et la demoiselle Catherine Cadière de Toulon, lors du procès du Père Girard au Parlement d’Aix-en-Provence. Il ne reçut aucune réponse.

 

Un essai de reprise en 1981, sous l’impulsion du couvent de St Jérôme, avec l’accord de principe du cardinal Roger Etchagaray fut tenté. Les propositions furent nombreuses, avec une conférence donnée le 16 octobre 1981, au Premier Monastère de la Visitation de St Jérôme, par le Père Bertrand de Margerie, S.J.

 

Trois siècles après la naissance d’Anne-Madeleine Rémuzat, il dégageait les grandes lignes de sa vie toute donnée au Sacré-Cœur de Jésus, ses pénitences, ses visions et la signification du message de miséricorde du Christ. Le Père Bernard Montagnes, O.P. proposait aussi, dans une de ses correspondances, que, pour plus de précisions, l’on se tourna vers Rome afin de prendre contact avec la personne chargée des archives, déposées à Via Galla Placidia, dont je fis plus tard la visite et qui n’apportèrent que des doubles des archives que nous avions déjà à Marseille.

 

Une amie me remis le texte d’une conférence du docteur Florence Allard, donnée en 1994, qui conclait en proposant la reprise de la cause. Ayant eu connaissance de ces essais de reprise, l’équipe de bénévoles qui m’entourait, me suggéra d’en parler à notre archevêque.

 

Le dimanche 15 février 2009, jour anniversaire du retour vers Dieu d’Anne-Madeleine, alors que je prêchais sur sa vie et son message, à la fin de la messe de 8h, j’adressais un courriel à Mgr Georges Pontier, archevêque métropolitain de Marseille, dans lequel il était question de la reprise de la cause, mentionnant le travail effectué pendant plusieurs années, et proposant la nomination éventuelle d’un postulateur pour en conduire et coordonner le travail historique et spirituel.

 

Quelques semaines plus tard, alors que j’étais au monastère de la Servianne, pour participer à la profession d’une des religieuses, l’archevêque me fit signe, et me dit : « C’est oui !» A mon étonnement, et devant mon air interrogatif, il me dit de nouveau : « C’est oui, pour la cause d’Anne-Madeleine. Je vous nomme postulateur ! » Au sortir de la célébration, une paroissienne d’Auriol, qui avait eu ‘une révélation’, il y a quelques mois, et désirait que l’on reprenne la cause, sans bien en connaître la procédure, s’était mise à faire signer une pétition demandant la béatification d’Anne-Madeleine. L’archevêque me fit signe et me dit : « Je vous présente Mme Daziano, d’Auriol…Voyez ; ces feuilles de signatures circulent pour demander la reprise de la cause ! ».

 

Le Père Bernard Montagnes, qui avait travaillé quelques années sur la vie et le message de « notre vénérable », lorsqu’il était au couvent de Marseille, me recommanda de me rapprocher de la Congrégation pour les Causes des Saints, et me fit tenir le gros dossier contenant ses diverses notes. Tout ce que j’avais patiemment collationné personnellement s’y trouvait, confirmant que mes recherches étaient bien menées.

 

Puis, le Père Bernard Ardura, Président du Comité Pontifical des Sciences Historiques au Vatican, avec son amabilité coutumière, me permit de rencontrer le Père Daniel Ols, O.P. responsable des causes françaises au Vatican, avec qui je puis m’entretenir. Il fallait tout recommencer ! Ces diverses démarches et ces contacts, me permirent d’avoir une vision plus large du long travail à accomplir.

 

Le Jeudi Saint, 9 avril 2009, Mgr Georges Pontier me nommait officiellement postulateur de la cause. Nous créâmes « l’Association Anne-Madeleine Rémuzat », pour accompagner financièrement les dépenses. Il fut écrit à tous les monastères du monde. Les réponses, très nombreuses, furent enthousiastes.

 

La reprise de la cause était amorcée… D'autant que Mgr Pontier déposait une lettre officielle de demande, dont la réponse vient de nous parvenir nous demandant d'attente le Nihil Obstat, qui nous sera donné dans quelques mois après que les Diacastères Romains aient donné leur accord.

 

Propos recueillis par Constantin LIANOS

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Le Livre attendu sur Anne-Madeleine REMUZAT est paru le 12 Juin 2015, jour de la Messe des Echevins

 

Il est en outre l'animateur spirituel depuis plus de 20 ans à tous les pèlerinages que j'ai organisé en Terre Sainte, Egypte, Sinaï, Jordanie, Palestine, Israël et la Grèce.

 

Vous pouvez vous procurer et vous faire dédicacer ce livre au Sacré-Coeur à Marseille (à la fin de messe).

Constantin LIANOS

Président-fondateur de Monsieur Légionnaire, 

Président de l'AACLE de Marseille-Provence

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