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Les actualités de
Monsieur Légionnaire

La liberté de l’enseignant

Je me propose de vous conter l’histoire de Cassien largement oubliée dans les profondeurs des siècles écoulés. Cassien est un digne professeur enseignant à Inola, ville romaine de l’Antiquité fondée par Cornelius Sylla. Sa compétence, son art dans la transmission de son savoir et sa réputation lui valent de nombreux élèves qui fréquentent ses cours à la grande satisfaction de leurs parents, les premiers à louer son service et ses talents. 

La vie de Cassien va prendre un tournant dramatique quand il choisit de se convertir à la nouvelle religion chrétienne. Les patriciens de la cité et les parents des jeunes élèves si admiratifs du maître vont exiger que le nouveau converti sacrifie aux dieux de Rome. Cassien s’y refuse.

Tous les éléments du drame sont réunis. 

Une école. Un professeur qui enseigne dans la volonté d’éveiller et d’ « élever » ses élèves. Des parents qui, eux-aussi, s’élèvent mais contre le professeur jugé indigne d’enseigner leurs enfants. 

Des poinçons et des stylets pour armes. 

Les parents se saisissent de Cassien et devant son refus réitéré de sacrifier aux dieux,  font appel aux enfants :

  • « Il faut faire venir les écoliers et le mettre entre leurs mains ! » lance l’un d’eux.

La proposition reçoit l’assentiment général. Le maître bien-aimé est livré à la fureur d’un bataillon d’écoliers. On leur demande de sortir leurs stylets et leurs poinçons. Les élèves commencent par jeter au visage de leur professeur leurs tablettes et feuillets de cire. Mais cela n’est encore que mise en bouche. Bientôt les pointes des stylets lui percent la chair, lui crèvent les yeux, entament ses muscles et toutes les parties de son corps. Par plus d’une centaine de plaies le maître aimé, juste précédemment aimé, ruisselle de son sang. 

L’un des élèves, un des plus violents, s’exprime alors de la sorte :

  • « De quoi vous plaigniez-vous, cher professeur ? C’est vous qui avez mis ces stylets dans nos mains et qui nous avez appris à former des lettres. Voilà donc que nous en inscrivons maintenant sur votre peau ».

Sur cette belle déclaration, Cassien, le corps plus percé que le métal d’une écumoire,  rendit l’âme. 

Cette histoire qui remonte à plus de vingt siècles ne vous rappelle t-elle rien ?

Comment protéger nos enseignants en garantissant la liberté de l’enseignant ?  

La liberté de l’enseignant, c’est à dire sa liberté dans le choix de ses modalités d’enseignement, encore appelée liberté pédagogique, est tout aussi importante que le principe de la liberté d’enseignement. 

La mode aujourd’hui est d’inscrire de nouveaux droits dans la Constitution, tel le « droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ». Les tenants de cette inscription destinée à en assurer la pérennité devraient se souvenir que la France a connu, depuis la Révolution de 1789, 17 Constitutions successives. Il n’y a rien de moins constitué dans le temps que nos constitutions !

Pour mémoire : Constitutions de :

  • septembre 1791
  • juillet 1793
  • septembre1795
  • février 1800
  • mai 1802
  • mai 1804
  • juin 1814
  • avril 1815
  • juin 1815
  • août 1830
  • novembre 1848
  • janvier 1852
  • novembre 1852
  • juillet 1875
  • juin 1940
  • septembre 1946
  • septembre 1958.

Les Constitutions sont en France des lois fondamentalement périodiques et temporaires. Malgré cette constatation, il est étonnant que personne n’ait songé à inscrire la Liberté de l’enseignant dans la Constitution. Le risque de voir un enfant non désiré naitre est plus important que celui de voir un enseignant contesté disparaître. 

À quatre jours du mois de l’assassinat du professeur Dominique Bernard, le 13 octobre 2023, après les assassinats de Samuel Paty, le 16 octobre 2020 et celui du Père Jacques Hamel, le 26 juillet 2016, qui lui aussi enseignait sa foi, ne devons-nous pas nous interroger sérieusement sur les dérives de notre société, sur ces crimes commis sur notre terre de France, sur la véritable protection accordée à ces victimes ? Sur la véritable protection accordée à chaque citoyen ? Sur les véritables et urgentes décisions à prendre de nature à rendre cette protection réelle et efficace ? Qu’en est-il ? 

Dans un poème écrit le 4 octobre dernier, Jean Lary de Fortuné écrivait :

« Nous habitons sur un volcan

Mais nous rions et nous rions,

Nos rues sont à feu et à sang

Mais nous dansons et nous dansons » 

À Marseille, le 9 novembre 2023

Jean-Noël Beverini

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