Compte rendu de la conférence du 8 juin 2024 donnée par Eddy COULANGES sur le métier le plus dangereux du monde
Lien de l'album photos préparé par le Lcl Christian SABATIER
À l’issue de la brillante conférence de notre camarade Eddy COULANGES sur le travail de « scaphandrier-plongeur professionnel: un métier difficile », j’ai été interrogé sur le bien-fondé du classement sur les métiers les plus dangereux au monde.
Sur les 9 métiers retenus dans ce classement, celui de soudeur sous-marin apparait, en effet, en troisième position (voir classement). Certains d’entre nous se sont étonnés de ce classement en 3° position alors que plusieurs de leurs camarades ont perdu la vie en plongée (non de loisir).
La question est d’importance. Pour y répondre j’ai fait appel à l’homme le plus apte, le plus compétent en la matière: le docteur Marc BORGNETTA, médecin chef du Département médical de Plongée Profonde (INPP). L’INPP est l’Institut National de Plongée Professionnelle.
« En immersion, tous les 10 mètres s’ajoute à chaque cm2 de notre surface corporelle 1 kg de pression, c'est ce que l'on nomme le milieu hyperbare avec toutes les conséquences physiologiques que cela entraine. Et puis, soyons réaliste respirer sous l’eau n’est pas normal! »
Ce métier est effectivement un métier à haut risque. A côté des risques classiques inhérents au milieu hyperbare que l'on décline en accidents de désaturation, par barotraumatismes et secondaires à la toxicité du mélange gazeux respirable, la pratique de la découpe de métaux, sans rentrer dans le détail des différentes techniques, représente un risque particulier par la possibilité de formations de poches d’hydrogène avec risque d'explosion. Il faut être bien conscient qu'une explosion en milieu aérien qui vous ferait à peine sursauter, en milieu aquatique peut s’avérer mortelle du fait de l'incompressibilité de l'eau.
La prévention du risque se situe dans une minutieuse préparation du chantier en amont en identifiant les structures qui pourraient piéger les gaz et les doter d’ouvertures par lesquelles ils pourront s’évacuer.
Maintenant, si le métier de plongeur professionnel est sans aucun doute un métier à haut risque, le nombre d'accidents y est particulièrement faible. Ceci, pour la simple et bonne raison, que la femme ou l'homme qui s'y destine doit suivre une formation qualifiante de plusieurs mois ou la sécurité en est la clé de voute.
L’opération s’effectue souvent sur des bateaux coulés ou diverses structures immergées. Or, la « découpe » produit, avec l’utilisation des moyens employés, une accumulation d’hydrogène (H2). L’hydrogène forme alors une poche et risque d’exploser. L’explosion est mortelle. Une grenade à terre risque de tuer. L’explosion en mer tue à tous les coups en raison du caractère incompressible de l’eau. Quelle que soit l’intensité de l’explosion, celle-ci est mortelle.
Le remède :
Le plongeur scaphandrier le connait: il crée une « cheminée » pour que l’hydrogène s’échappe. Mais encore lui faut-il connaitre les plans du bateau sur lequel il intervient. Il y a quelques années lors de la découpe d’un ancien bâtiment des marins pompiers, la « cheminée », à défaut de plans, n'a pas évité l’explosion et la mort des intervenants.
Des accidents ou incidents extrêmement rares
Sur 10 000 plongées en une année on ne relève que 4 à 6 accidents. La raison? La formation intense à laquelle les scaphandriers sont soumis. Être formé, c’est être sauvé.
Le métier est à fort risque, à très haut risque mais connaitre le risque, se former à le maitriser est la condition de sa sécurité. Un proverbe déclarait: « Plonge qui veut; remonte qui peut! »
C’est précisément cette haute formation de spécialiste qui permet à l’homme plongeur-scaphandrier d’agir en toute sécurité dans l’accomplissement de sa mission.
L’accident est rare parce que l’homme, dans ce métier rare, est rare par sa compétence.
Adressons donc, à nouveau, toutes nos félicitations à Eddy COULANGES, et nos plus chaleureux remerciements au docteur Marc BORGNETTA, médecin chef du Département médical de l’INPP, spécialiste en médecine d’urgence, hyperbare, médecine de la plongée, ami et membre de l’Académie des Sciences, Lettres et Arts de Marseille.
Commissaire en chef de la marine Jean-Noël BEVERINI
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Avec un manager, on réfléchit !!
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«Celui qui n’est plus ton ami ne l’a jamais été» Aristote
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