COVID : CO-VALIDE ou CO-INVALIDE ?
COVID : le grand vide
La CO « VID » a entraîné le « vide » de nos villes, de nos cités, de nos villages et de nos bourgs. Les rues se sont vidées du jour au lendemain. La COVID a vidé nos entreprises, nos usines, nos commerces, nos parcs, nos jardins, nos musées, nos bibliothèques … tous nos lieux de réunion, de convivialité, d’échanges.
La COVID a vidé nos visages de leur sourire apparent. Même si ces sourires étaient toujours présents, parfois un peu figés dans une certaine crainte. Ils étaient cachés derrière des masques de papier, de tissu, de coton ou au départ de simples chiffons.
La COVID a vidé nos mains de toute expression de contact, de chaleur, de communication ; a vidé nos yeux d’une partie de l’espérance ; a vidé nos joues d’embrassades ; a vidé nos lèvres de baisers.
La COVID a vidé nos cœurs de la possibilité de partager la souffrance de proches qui nous étaient interdits de l’être : proches ! Parce qu’ils ne pouvaient plus être approchés même à la porte de la mort. La COVID a fermé les portes et a vidé nos cœurs de la possibilité d’expression ultime d’amour. L’Amour était toujours là, mais loin pour l’être aimé intubé et qui mourait étouffé d’absence d’expression d’amour, de main tenant sa main, de regard échangé, de parole simplement prononcée, une dernière parole, un dernier regard, un dernier baiser partagé, une dernière écoute terrestre avant le grand silence d’éternité et l’Espérance.
Face au vide : la souffrance et l’attente
Mais la COVID, comme la Nature qui a horreur du vide, a « rempli » aussi, en contrepartie. Elle a rempli les hôpitaux de souffrances supplémentaires. Elle a rempli les cimetières du monde d’un nombre de fosses incalculables. Elle a rempli nos vies qui se veulent actives, battantes, décisionnaires, du sentiment d’échec et d’impuissance. «Je suis maître de moi comme de l’univers». Nous ne sommes maîtres de rien, ni de nous, ni encore moins de l’univers ! Un peu de modestie, s’il vous plait.
La COVID a placé nos intelligences, nos orgueils, nos ambitions, nos vaniteuses déclarations, nos mâles assurances devant une pauvre position d’attente. Attendre. Attendre que la pandémie veuille bien passer quand elle décidera de passer. Cela me fait penser à la vie du marin en mer dans la tempête. Attendre. Attendre que la mer se calme. Que l’océan s’apaise. Que le soleil et le jour reviennent. Que le bateau sur lequel le marin est embarqué retrouve son apaisante stabilité.
La seule différence est que le marin connaît la tempête. Le marin la redoute mais l’attend, ne l’exclut pas, la prévoit, s’y prépare. Mais là, rien de prévu, rien de préparé.
Un monde endormi sur l’oreiller de fausses certitudes
La COVID est un coup de tonnerre dans un monde endormi sur l’oreiller de fausses certitudes. Le monde plongé dans la nuit, l’ignorance, l’incertitude guettait la moindre lueur d’espoir. Et l’espoir ne venait pas. Dans un certain sens, la situation de l’homme du XXI° siècle face à une épidémie est peut-être plus dramatique, plus psychologiquement inquiétante que celle des hommes des siècles précédents confrontés au même fléau. Du cœur de nos villes les plus importantes, les plus peuplées, jusqu’aux bourgs et villages les plus reculés, chaque matin l’homme d’aujourd’hui allumant son poste de radio, de télévision ou son portable, entendait comme un leitmotiv angoissant « Attention pandémie … » Non seulement la peur était présente mais cultivée, arrosée, vivifiée, amplifiée, servie au petit déjeuner, aux repas du midi et du dîner et à toutes les collations de la journée. Sans remède autre que le confinement.
Confinement ! Voilà l’homme glorieux du XXI° siècle rayonnant de maîtrise sur la nature et sur lui-même obligé de se terrer, comme sous un bombardement aérien. Mais durant les guerres, du moins durant les dernières, les avions amis étaient là pour lutter contre l’aviation ennemie.
- « Information Corona virus : le virus est toujours là … ».
Là, point de DCA, point de défense contre une aviation ennemie. Point de DCP (Défense Contre la Pandémie) ; point de DCC (Défense Contre le Corona). La seule solution : se terrer. L’homme était invité à devenir cloporte. Un animal enfoui, « terré » dans son propre monde terrestre.
Mais l’homme aussi dans toute sa grandeur
Heureusement des femmes et des hommes ont résisté, se sont dressés, ont réagi, ont gardé le sens de l’humain. En complément au monde médical, combien d’actes d’amitié, de sympathie, de solidarité se sont exprimés pour maintenir le lien social, par des simples gestes comme l’offrande d’un cadeau si modeste soit-il devant la porte d’un voisin, le dépôt au premier mai d’un brin de muguet sur un palier, l’échange renouvelé de coups de téléphone, le service de courses pour faciliter la vie de personnes seules. Les communautés spirituelles et religieuses ont effectué un Service remarquable dans la traversée de cette période de confinement pour les plus pauvres, les plus isolés, les plus démunis, les plus oubliés. L’action d’artistes sur les réseaux sociaux diffusant leur musique a contribué à ce maintien … de l’humain.
L’Art sous toutes ses formes est devenu le vecteur du soutien contre l’ennui, l’angoisse, le désespoir, la solitude, la peur. Merci l’Artiste.
Et demain ?
Cette COVID invalidante deviendra t-elle une COVID « validante » ?
Espérons-le. Qui a la réponse ? Qui détient la solution ? Bien malin ou plutôt bienheureux celui qui pourra le dire. Nous pouvons penser qu’elle n’est ni dans l’économie, ni dans la finance internationale, ni dans les tribulations des Institutions nationales ou internationales. La solution est dans l’homme. Dans l’homme lui-même. Elle est pourtant simple. Quel que soit son bord, considérer son voisin comme son prochain. Avoir ce sentiment d’une humanité commune et communément partagée sur une Terre commune et devant être communément partagée.
Un rêve ? Certainement.
COVID : Co-valide. Co-invalide ou vide de sens ?
Jean-Noël BEVERINI, membre de la commission culture de l’AACLE; Marseille, le 27 juin 2020
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