Rires par Jean-Noël BEVERNINI
RIRES
Je connais un peintre peignant avec des mots
Un poète écrivant du bout de son pinceau !
Que ce monde est bizarre.
Quel immense bazar !
Plus rien n’est à sa place
Et, pas même les glaces
Qui vont se mettre au chaud
À Monaco !
Les icebergs voyagent
Quittant leurs blanches cages
Et s’en vont pique-niquer
En nous faisant des pieds de nez.
Que ce monde est bizarre !
Un animal, dit-on, d’une espèce bien rare
Vient de figer le monde
Dans sa ronde.
Un petit animal avec sa queue d’écaille
Qui, même à un moustique, ne ferait pas de mal.
Un pangolin au nom de comédie
Morganatiquement marié à une chauve-souris.
Et ce couple en furie,
C’est ce que l’on nous dit,
Nous envoie ses enfants
En cadeau hilarant de futur nouvel An.
Il ne faut plus sortir, il ne faut plus aimer.
A t-on juste le droit encore de respirer.
Mes cheveux se désolent et n’osent plus pousser :
République et son roi ont tous deux décrété
« Le poil ne doit plus se couper ! »
Je me coupe de tout, de mes amis qui meurent,
De mes voisins inquiets, de mes plantes qui pleurent,
De mon chien … pas mon chien !
Mon chien est mon rempart, mon seul rempart canin
Je l’ai dit au virus : « Va, quelle que soit ta peine
Ici Cave Canem ! »
Ma plume se confine et flanquée de son masque,
En air de carnaval ou en air de tarasque
Doit vous dire « À plus tard
Quand nous serons sortis de ce grand pot au noir
Qui va nous avaler
Que nous ayons ou pas nos masques sur le nez ».
À Marseille, le 25 novembre 2020
Jean-Noël Beverini
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