La Bocca della Verità
« LA BOCCA DELLA VERITÀ »
Dans la Rome de nos Anciens
Était un rite bien malin
Aujourd’hui oublié des hommes
Et cela est bien triste, en somme.
Sous un vieux porche romain
Baptisé Porche de Cosmedin,
Figure un large médaillon,
Ancestrale figuration
D ‘une divinité fluviale
Au visage rond et pâle.
De ses longs cheveux ruisselants
Jaillissent deux yeux effrayants,
Vides d’iris et de pupilles
Qui vous scrutent et vous fusillent.
La bouche pourtant muette
Pourrait paraître toute prête
À vous lancer un anathème.
Pas question de vous dire Je t’aime.
« La Bocca della Verità »
Le nom que lui attribua
Dès les temps les plus anciens
L’âme sévère des romains.
Il fallait dans la bouche ouverte
Introduire sa main inerte
Et si vous étiez menteur
La bouche alors, dans sa fureur,
Se refermait droit sur vos doigts
Et vous mordait en grand effroi.
Combien serait-il judicieux
De nos jours encore sous nos cieux
D’inviter nos politiciens
À introduire ainsi leur main
Dans la Bocca del Verità !
À l’heure de la « Covida »
Nous saurions qui sont les menteurs
Et la bouche en notre honneur
Consommerait leur déshonneur.
Mais je crains bien, pour son malheur,
Que le dieu en perdrait ses dents
D’avoir à mordre tout le temps
Des mains qui mentent à tour de bras.
Mais déjà, elle n’en a pas !
À Marseille, le 29 décembre 2021
Jean Lary de Fortuné
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