La complainte du bouquet
Des dizaines, des centaines de fleurs et de bouquets sont déposées
à chaque drame au pied des immeubles, sur la grisaille des trottoirs ou accrochées aux grilles des maisons …
Nous en avons assez de flétrir sur l’asphalte
Entendez-nous crier « de grâce, faîtes halte ! »
N’avez-vous point de cœur et n’avez-vous point d’âme
Pour tuer vos enfants et pour tuer vos femmes ?
Nous en avons assez de mourir sur l’asphalte
Entendez-nous crier « de grâce, faîtes halte ! »
Laissez-nous dans les champs ou fleurir vos maisons
Nous sommes du soleil comme un deuxième don.
Nous en avons assez de mourir sur des grilles
Près des noms de vos femmes et prénoms de vos filles
Que vous avez tuées. Nous en avons assez,
Assez d’être associées à vos assassinées.
Notre beau nom de Fleur est né pour le bonheur
Et il n’arrête pas d’accompagner vos pleurs !
Quand donc viendra le temps, sinon de vous aimer,
Au moins, au pis-aller, apprenez le respect.
Nous en avons assez de flétrir sur l’asphalte
Écoutez-nous crier « de grâce, faîtes halte ! »
À Marseille, le 24 octobre 2022
Jean-Noël Beverini
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