La mer qu’on voit danser … par Jean Lary de Fortuné
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« La mer qu’on voit danser … » chantait avec succès, il y a quelques années, un poète au nom de Charles Trenet.
À notre Méditerranée
La mer ne danse plus, sauf à pas moribonds.
La facture est salée déclarent les poissons !
Vous réchauffez nos eaux, ne comprenez-vous pas ?
Que vous faut-il de plus ? Baissez le thermostat.
Nous sommes envahis de poissons tropicaux
Qui, comme des renards, nous prennent pour corbeaux.
Ils peuplent nos hauts-fonds et gagnent vos calanques.
Bientôt vos pescadous pêcheront des carangues,
Des poissons-chats barbus et des poissons volants.
Croyez-vous donc vraiment avoir encore le temps ?
Pêcheurs aux yeux plus gros que ceux de vos hiboux
Quand ils découvriront, frétillant tout au bout
De leur ligne tendue, un loup, une girelle,
Vos poissons provençaux enfuis à tire-d’aile.
Entendez-vous le lourd chant des posidonies
Qui s’écrient, alarmées, nos prairies sont finies ?
Entendez-vous le râle des nacres agonisantes ?
Pourquoi n’écoutez-vous le professeur Vicente ?
Vous élevez des murs aux courbes des rivages,
Vous plantez du béton au sable de vos plages.
Vous voulez maintenant hérisser sur nos eaux
De grands châteaux ailés tournoyant à vau-l’eau.
Surgira t-il enfin un nouveau Don Quichotte
Pour combattre et abattre une idée si loufoque ?
Si vous n’avez pas su préserver votre terre,
Ayez au moins l’honneur d’écouter la prière
Des habitants des eaux, des peuples de la mer :
« Occupez-vous du sol ; la mer est notre affaire »
Marseille, le 7 novembre 2022
Jean Lary de Fortuné
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