Minerve
Aux sous-mariniers de la Minerve
Une vague a suffi, une parmi tant d’autres,
Qui roulait ce jour là comme un mauvais apôtre
Debout dans la tempête, les yeux déjà en deuil.
Qui pensait laMinervedevenir un cercueil ?
Elle plongeait joyeuse comme on plonge à dix ans
Se riant des remous et des assauts des vents :
Sous la face des eaux le calme est olympien ;
Fille de Jupiter, elle le savait bien.
La mort était tapie au bord de la surface,
Au souffle de la vie ne laissant nulle place.
Une vague a suffi, une parmi tant d’autres
Pour vous supplicier de ce monde dans l’autre.
La vie battait en vous, ardente et généreuse ;
Nous ne laisserons plus votre mort silencieuse.
Cinquante deux marins et pour reconnaissance
Cinquante deux Saluts de la maison de France.
À Marseille, le 24 juillet 2019
Jean Noël Beverini
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La « Minerve »
Évocation
Marseille, le 25 juillet 2019
« La mer, comme la peinture,
est une société secrète
qui n’annonce jamais la couleur ».
Jacques Prévert
Ces quelques lignes n’ont pas pour objet de reprendre les informations déjà largement diffusées sur la disparition du sous-marin la Minervele 27 janvier 1968, ni la découverte de son épave ce 22 juillet par 2370 mètres de fond. Aux conditions dramatiques de cette disparition s’ajoutent des circonstances individuelles qui conduisent à s’interroger sur les destinées humaines.
Ainsi l’exemple de deux quartiers-maîtres sortant de leur cours de formation à Toulon. Les vieux Jean Bartet Montcalm, amarrés à couple et machines inertes, poursuivaient leur carrière par une mission de « navire école ». Du quai Cronstadt pouvait s’apercevoir la masse de leur silhouette grise. Les diplômés du Brevet élémentaire (BE) tout récemment acquis étaient destinés à recevoir une affectation très temporaire de deux à trois mois avant de rallier le cours suivant du Brevet d’Aptitude Technique (BAT). Parmi les jeunes issus de l’Ecole de détection ASM (Arme sous-marine) deux quartiers-maîtres se déclarèrent volontaires pour embarquer sur un sous-marin de 800 tonnes … laMinerve. D’autres du même cours se retrouvaient sur des bâtiments de surface. Tous avaient une vingtaine d’années.
Ce 27 janvier 1968 la météo n’était pas des plus clémentes. Outre la Minervesur sa zone de plongée au Sud de Toulon, plusieurs bâtiments participaient à l’exercice dont l’escorteur d’escadre La Galissonnièresur lequel, jeune commissaire, je serai affecté huit ans plus tard, et un avion de patrouille maritime Breguet Atlantic en provenance de la Base de Nîmes-Garons, autre future affectation.
Dès la fin d’un exercice, une prise de contact avec le sous-marin présent est immédiate. Ce 27 janvier : contact impossible à établir. La Minervereste silencieuse. L’hypothèse d’un « ennui technique » est avancée et les recherches déclenchées. À bord du S 647, parmi les 52 sous-mariniers, les deux quartiers-maîtres maistranciers. À bord de La Galissonnière, un de leurs camarades sortant du même cours ASM. Tous trois viennent de passer des semaines sur les mêmes bancs et les mêmes postes de hamac dans les entreponts. Sur l’escorteur, le Central Opérations (CO) détection de surface n’est séparé de la détection sous-marine que par une vitre. Les opérateurs DSM (détection sous-marine) sont penchés sur leur scope scrutant le moindre bruit. L’ambiance n’a jamais été autant recueillie et la tension augmente, s’il est encore possible, d’heure en heure sachant que l’autonomie du sous-marin en oxygène est irrémédiablement comptée.
Sur son poste DSM le jeune surfacier de 20 ans ne peut s’empêcher de penser chaque seconde à ses deux camarades de cours mais la mer reste aussi silencieuse que le Central Opérations dont la concentration est juste scandée des sons aigus en retour régulier des sonars. Trois jours de fol espoir fondant comme sable dans les globules des anciennes « horloges à sablon », chaque quart étalonnant une nouvelle perte d’oxygène … Les yeux et les oreilles usés, la recherche se poursuit inlassablement. Au delà de toute espérance.
Fin des recherches. Retour à quai… La mer s’est refermée, engloutissant dans ses profondeurs sans soleil une nouvelle coque noire. Les scopes ont éteint leurs balayages orangés. La mémoire du marin, elle, ne s’éteint pas. Jamais.
« Dieu a noué au cœur du marin, dit un vieux proverbe de mer, un filin nommé solidarité ».La mémoire du jeune surfacier qui compte aujourd’hui plus de trois fois ses 20 ans de 1968 n’a, elle aussi, rien oublié du drame, de la Minerve, ni des deux copains et des 50 autres marins reposant par 2370 mètres au fond de la Méditerranée.
Jean Noël Beverini
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DES … « MINERVE »
Une quinzaine de bâtiments de la marine de France a porté le nom de Minerve, dont un sous-marin armé par les FNFL en 1941 et visité par le général de Gaulle à Dundee en 1943. Dans la liste traditionnelle des « Minerve », l’un d’eux est très souvent oublié ; c’est pourtant une unité ayant navigué dans nos eaux marseillaises : une galère. Ne me faites pas dire que Marseille … c’est la galère !
Une remarquable maquette la représentant est l’œuvre du grand maquettiste d’arsenal Augustin Pic (1722- après 1780) qui la termina en 1746. En 1746 l’arsenal marseillais des galères est proche de sa fin ; il sera supprimé par ordonnance de Louis XV le 27 septembre 1748. La maquette est détenue par le Musée national de la marine à Paris.
Jean Noël Beverini
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[Débarquement de Provence]. Le général Monsabert et la 3e division d’infanterie algérienne
par DICOD
Les forces françaises ont pris une place majeure dans le débarquement de Provence. Parmi elles, de grands chefs de guerre comme le général Joseph de Goislard de Monsabert. Sous son commandement, la 3e division d’infanterie algérienne (DIA) participera à la libération de Toulon et de Marseille.
Dans leurs embarcations, le 16 août 1944 en fin d’après-midi, les hommes de la 3e division d’infanterie algérienne (DIA) aperçoivent enfin les côtes de Provence. Dans quelques jours, ils participeront à la libération de Toulon…
Pour beaucoup de ces hommes, ce débarquement sera la première occasion de fouler le sol métropolitain. La 3e DIA, plus connue sous la dénomination « d’Armée d’Afrique », est en effet constituée de soldats issus en majorité de Tunisie, d’Algérie, du Maroc ainsi que d’Afrique occidentale et équatoriale française. Tous viennent de s’illustrer sur le terrain italien, lors d’un des plus durs combats du corps expéditionnaire français : Monte-Cassino, puis Sienne. A leur tête : le général Joseph de Goislard de Monsabert. Ancien de la Première Guerre mondiale et des régiments de zouaves et de tirailleurs algériens, c’est un militaire respecté par ses troupes qui apprécient son courage, sa proximité et sa simplicité. Son surnom : le « gentilhomme gascon ».
Mission : libérer Marseille
L’attaque de Toulon débute dans la soirée du 19 août. Elle s’annonce rude, car la ville est défendue par 25 000 allemands, dont 2 800 de la Kriegsmarine, la marine de guerre, et 5 500 de la Luftwaffe, l’armée de l’air, sous le commandement de l’amiral Ruhfus.
La 3e DIA doit couvrir et appuyer les unités de la 1re division française libre (DFL) et de la 9e division d’infanterie coloniale (DIC) qui attaquent par l’Est. La division progresse avec une grande rapidité. Ce mouvement de débordement de la DIA encerclant Toulon ouvre les portes de Marseille. La libération de la cité phocéenne est alors confiée aux troupes du général Monsabert.
La prise de Marseille, deuxième ville de France, est stratégique pour les Alliés. Plus grand port de la métropole, il est indispensable au ravitaillement des troupes. Mais en face, l’adversité est de taille : 4 000 artilleurs de la marine allemande et la 244e division du général Schaëffer...
« C’est la Vierge qui a tout fait !.. »
Mais dès le 23 août, la 3e DIA, la 1ère division blindée du général Sudre et les 2e et 3e groupements de tabors marocains pénètrent dans Marseille. Le général Schaëffer refuse de capituler. Les combats, qui durent cinq jours, seront extrêmement meurtriers. Les unités nord-africaines paient un lourd tribut à la libération de la cité phocéenne. On relève plus de 1 500 morts et 5 300 blessés pour les troupes régulières ainsi qu’une centaine de tués pour les FFI.
Le 28 août, Monsabert recevra du général Schaëffer l’acte de capitulation. Dès le lendemain, Montsabert, très religieux, fera donner une messe à Notre-Dame-de-la-Garde et saluera la Vierge en ces termes : « C’est elle qui a tout fait !.. »
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L’épave du sous-marin « La Minerve » a été retrouvée, plus de 50 ans après sa disparition
Malgré les avancées technologiques faites depuis 50 ans, le résultat n’était pas garanti, avait estimé la ministre des Armées, Florence Parly, après avoir annoncé la reprise des recherches pour tenter de retrouver le sous-marin « La Minerve », disparu au large de Toulon, le 27 janvier 1968, avec, à son bord, 52 marins commandés par le lieutenant de vaisseau André Fauve.
Après une première phase conduite en février dernier par l’IFREMER et le Service hydrographique de la Marine nationale [SHOM] pour cartographier, avec le sondeur multifaisceaux du navire « Pourquoi pas? », la zone où était supposée reposer La Minerve et préparer son exploration future.
Début juillet, la seconde phase a donc pu commencer, avec, dans un premier temps, le navire Antéa [de l’Institut de Recherche pour le Développement, IRD] et les robots sous-marns Aster-X de l’IFREMER. Puis, ce dispositif a été rejoint, à partir du 15 juillet, par le bateau américain « Seabed Constructor » qui, mis en oeuvre par la société Ocean Infinity, s’était illustré en novembre 2018 en retrouvant l’épave du sous-marin argentin ARA San Juan, disparu un an plus tôt.
Ces efforts ont fini par porter leurs fruits. Une semaine après l’arrivée du Seabed Constructor, Mme Parly a en effet annoncé la découverte de l’épave de La Minerve. « Nous venons de retrouver la Minerve. C’est un succès, un soulagement et une prouesse technique. Je pense aux familles qui ont attendu ce moment si longtemps », s’est-elle félicitée, via Twitter.
« Nous avons retrouve la Minerve » a sobrement annoncé l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale, en publiant un photo du sous-marin au moment de son lancement.
Le sous-marin « La Minerve » repose à 2.370 mètres de profondeur, à 45 kilomètres au large de Toulon. Son épave a été localisée par le « Seabed Constructor ».
« Je salue l’engagement des nombreux acteurs qui ont contribué à retrouver l’épave de la Minerve. En premier lieu la Marine nationale, à qui la direction et la coordination des opérations de recherches ont été confiées, mais aussi le Commissariat à l’Energie Atomique, dont les récents travaux d’analyse des mesures sismiques enregistrées lors de la disparition du sous-marin ont permis de circonscrire la zone de recherche, le Service Hydrographique et Océanographique de la Marine qui a assuré la direction scientifique des recherches, l’IFREMER dont les moyens ont établi une première cartographie du fond, et enfin la Société ‘Ocean Infinity’ dont les moyens ont permis l’identification de la Minerve sur la base de la sélection première de l’Ifremer », a ensuite déclaré Mme Parly, dans un communiqué.
La découverte de ce sous-marin permettra peut-être de déterminer la cause de sa disparition. En cinquante ans, plusieurs hypothèses ont été avancées. Mais la plus probable serait celle d’un incident au niveau du schnorchel, lequel aurait fait imploser « La Minerve ».
Mais en attendant, et à la demande de Mme Parly, l’amiral Préfet Maritime et commandant de la zone maritime Méditerranée organisera une « cérémonie commémorative en mer avec les familles, à la mémoire de ces 52 marins morts dans l’accomplissement de leur devoir. »
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