Peter KATHAN n'est plus
Chers amis,
c'est avec tristesse que nous vous faisons part du décès du Commandant Peter KATHAN, survenu dans la nuit du 13 au 14 décembre 2019 à l’hôpital de Castelnaudary suite à une longue maladie.
Ancien Officier Officier à titre étranger, ce sage a décidé de rejoindre son épouse décédée il y a déjà deux ans.
La cérémonie religieuse a eu lieu en la collégiale Saint-Michel (11400 Castelnaudary) le jeudi 19 décembre 2019 à 10h00.
Le Colonel Antoine IBANEZ, président du "Conseil de Sages" de l'AACLE nous a représenté et fait l' éloge de Peter qu'il a bien connu et côtoyé durant des nombreuses années.
C'est avec une grande tristesse que je le raye de la liste de diffusion de Monsieur Légionnaire.
Au revoir Monsieur Légionnaire
Consatntin LIANOS, Ancien Légionnaire Officier à titre étranger
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Éloge funèbre du chef de bataillon Peter KATHAN
Castelnaudary, jeudi 19 décembre 2019
Collégiale Saint-Michel
Honneurs militaires
Éloge funèbre :
Aujourd’hui à Castelnaudary, terre de Légion, la réalité dépasse la légende.
Un légionnaire s’en est allé, auréolé de tous ses bienfaits, ne laissant derrière lui que le souvenir exceptionnel d’un géant de cœur, humble et fraternel.
Sa personnalité généreuse et fidèle a sans cesse rayonné, transmettant sa joie de vivre et de partager.
La force de la foi chrétienne et une volonté farouche d'aller au bout de « la petite piste » l'ont accompagné et aidé dans l'épreuve douloureuse de la maladie.
« La vie plutôt que le courage a abandonné Peter KATHAN »
Il repose désormais en paix, mission accomplie.
Le destin du chef de bataillon Peter KATHAN dont nous honorons aujourd'hui solennellement le terme en cette collégiale Saint-Michel, saint patron des parachutistes, a débuté il y a plus de 80 ans.
C'est essentiellement la vie d'un homme et d'un légionnaire qui n'ont découvert le bon chemin et trouvé leur plein épanouissement que dans l'engagement total au service des autres.
En février 1959, Peter KATHAN décide de s'engager dans la Légion étrangère, une « promesse de l'extraordinaire » en quelque sorte pour ce jeune étudiant autrichien de 19 ans, insouciant et indécis.
Son histoire commune avec la Légion étrangère commence dans les fracas de la guerre d'Algérie.
Le 23 mars 1960, à 20 ans il sert comme radio dans le régiment opérationnel le plus prestigieux, le 1er Régiment étranger de parachutistes.
Malheureusement, ce régiment a mal vécu l'humiliation de la déchirure en Algérie française et paie sa participation au putsch d'Alger en étant dissout le 1er mai 1961.
La fin des opérations et le retour à l'instruction permettent à Peter KATHAN de gagner ses premiers galons.
En février 1963, à 24 ans, il est nommé sergent et troque ainsi le képi blanc pour celui, noir, des sous-officiers.
Le 30 avril 1965, à la fête de Camerone à Aubagne, il fait la connaissance de Claude, une belle jeune fille dont le père, Herbert JACOBI, un vétéran légionnaire des campagne du Rif et de Syrie, est le président de l'amicale des anciens légionnaires de Marseille.
En l'épousant, Peter choisit définitivement la Légion étrangère.
Le 1er mai 1967, il est affecté au 3ème Régiment Etranger d'Infanterie à Madagascar où il va faire un choix déterminant pour sa carrière professionnelle, celui de la spécialité de comptable.
En effet, ce qu'il préfère c'est organiser et améliorer l'ordinaire des autres.
Ce soucis de rendre plus agréables les conditions de vie de ceux qui l'entourent, ajouté à sa légendaire bonne humeur, lui vaut l'estime de tous, et plus particulièrement de ses subordonnés.
Ses chefs l'apprécient également et n'hésitent pas, en 1973, à le nommer sous-lieutenant dans le corps des officiers à titre étranger, statut exceptionnel à la Légion étrangère pour un ancien «képi blanc».
Peter KATHAN est devenu une référence.
Issu du rang, il conjugue les qualités du légionnaire qu'il est resté et celles de l'officier qu'il est devenu.
En 1973-1975, officier des détails, il participe à la création d'une nouvelle unité autonome, le Détachement de Légion étrangère des Comores.
« Un binôme hors du commun de passionnés d'intendance et de soutien de l'homme dans l'Armée de Terre se forme dans l'archipel des Parfums.
Le commissaire commandant Jacques JUANCHICH et le sous-lieutenant KATHAN font des miracles pour améliorer les conditions de vie du détachement et des familles.
Leur collaboration performante et généreuse durera des décennies, au bénéfice de la Légion étrangère. L'estime puis l'amitié entre le commissaire général de division (2s) JUANCHICH et le chef de bataillon KATHAN ont traversé le siècle ! »
Très rapidement, en 1977, il est de nouveau sollicité pour modifier l'organisation administrative du Groupement d'Instruction de la Légion Etrangère basé à Castelnaudary afin d'assurer sa transformation en régiment d'instruction.
L'institution reconnaît les mérites de Peter KATHAN à l'aune de ses résultats professionnels exceptionnels.
Le 30 juillet 1979 il est affecté au 5ème Régiment Mixte du Pacifique à Tahiti pour servir outre-mer. En fin de séjour, le 1er juillet 1980, il est nommé capitaine et rejoint le 4ème Régiment Etranger à Castelnaudary pour prendre le commandement de la Compagnie de Commandement et des Services.
Ses compétences en gestion administrative et comptable et ses qualités dans le commandement lui permettent de remplir la fonction de chef des services administratifs de régiments en métropole et outre-mer,
- à la 13ème Demi-Brigade de Légion Etrangère à Djibouti en 1982- 1984,
- au 4ème Régiment Etranger à Castelnaudary de 1984 à 1987,
- et pour finir, au 3ème Régiment Etranger d'Infanterie en Guyane en 1987-1989 où il est nommé chef de bataillon.
- Le jour anniversaire de Camerone, le 30 avril 1989, à Kourou, après avoir défilé en tête du 3ème Etranger, le chef de bataillon KATHAN fait ses adieux à la Légion étrangère.
Trente années de service s'achèvent au cours desquelles il s'est dévoué corps et âme à la mission la plus noble pour lui, le soutien des autres.
Son état de service en témoigne pour la postérité, « contrat rempli ».
La rubrique « décorations » est un condensé des différentes facettes de sa carrière militaire,
- officier de l'Ordre National du Mérite,
- médaille de bronze de la défense nationale avec agrafe infanterie
- médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre avec agrafe Algérie,
- croix du combattant volontaire avec barrette Afrique du Nord,
- médaille d'outre-mer
A ce moment-là de sa vie, « Monsieur Légionnaire » a décidé de poser son képi pour se consacrer à sa famille.
Monsieur Peter KATHAN a quarante ans et encore beaucoup d'énergie, de générosité et d'expérience à faire valoir.
Une nouvelle fois, il choisit l'action et plus particulièrement celle qui le conduira vers l'entreprise et les associations sociales et humanitaires.
Après trente ans passé dans un univers où la force est une vertu, « Pour l'amour d'Isabelle » sa fille, son « hirondelle », il a accepté de se consacrer à un monde où tout est faiblesse et vulnérabilité.
Cette phrase est tirée du livre « Des hommes irréguliers » du journaliste-écrivain Etienne de Montety impressionné par la puissance de l'engagement de Peter à la tête de l'Association Familiale Départementale pour l'Aide aux Infirmes Mentaux.
D'autres mieux que moi vous ont fait partager leur reconnaissance pour cette nouvelle bonne action de Peter.
De même il y a beaucoup à expliquer sur son engagement religieux et sa foi chrétienne. Les « petites sœurs de l'Agneau » qui l'ont accompagné et assisté jusqu'au bout sur la « petite piste » vous ont certainement convaincu de la force et de la sincérité de ses convictions.
Chef de bataillon KATHAN, Peter mon ami, tes frères d'armes, tes frères et soeurs de la paroisse et tous tes amis d'ici et d'ailleurs sont venus très nombreux pour soutenir dans l'épreuve Isabelle,Sandrine, Sébastien et ton petit-fils Alexis.
Pour conclure ton éloge funèbre que tu as souhaité que je prononce, je voudrais te rappeler l'histoire monumentale du tunnel de Foum Zabel au Maroc en 1927-1928, à mon sens, une belle allégorie de ta vie.
Quarante légionnaires ont creusé un tunnel dans une montagne de granit.
A l'entrée une plaque indiquait :
« La montagne nous barrait la route, l'ordre fut donné de passer quand même. La Légion l'exécuta. » Et à la sortie, en conclusion, « l'énergie de leur muscles et une farouche volonté furent leurs seuls moyens »
Un des légionnaires commentera ainsi cet exploit hors du commun « L'homme peut tout faire.
Ce jour-là, je n'ai pas pu m'empêcher de penser cela. Quand l'homme est un légionnaire, naturellement.» Peter, tu comprends pourquoi j'ai pensé à toi, mon frère d'armes légionnaire qui a cessé de creuser.
Colonel (er) Antoine IBANEZ, ancien chef de corps de la 13°DBLE à Djibouti (1990-1992),
ancien président des lieutenants et du sous-lieutenant KATHAN
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