Compte rendu de la visioconférence internationale «Urgence à préparer notre survie alimentaire contre l'incompétence systémique »
Une visioconférence internationale pas comme les autres !
Lien d'annonce et informations sur l'intervenant
Lien vers l'album photos de la visioconférence de ce remarquable lanceur d'alerte réalisé par le Lcl Christian SABATIER
Compte rendu écrit du Commissaire-en-chef de la marine Jean-Noël BEVERINI
URGENCE À PRÉPARER NOTRE SURVIE ALIMENTAIRE CONTRE L’INCOMPÉTENCE SYSTÉMIQUE
Le lieutenant-colonel Constantin Lianos, président-fondateur de l’AACLE de l’ANACLE et ML l’avait bien précisé : « Une visioconférence internationale pas comme les autres ! »
Il ne s’était pas trompé. Que ce soit en France (à 10H30), au Japon et en Corée (à 17H30), en Chine, à Singapour et en Malaisie (à 16H30) ou au Vietnam et Cambodge (15H30) pour ne citer ni l’Europe, ni les Etats-Unis d’Amérique, les auditeurs à l’écoute de M. Alexandre Boisson dans le cadre de cette visioconférence ont certainement eu le sentiment d’un rendez-vous inattendu.
Le thème : « Urgence à préparer notre survie alimentaire contre l’incompétence systémique »
Effectivement le « menu » était surprenant. Qu’allait donc nous servir cet ancien policier de la BAC, ayant intégré le Service de Protection des Hautes Personnalités, puis le Groupe de Sécurité du Président de la République (GSPR). Après la BAC et le GSPR, changement de rive pour créer l’association S.O.S.Maires et produire quelques ouvrages : Face à l’effondrement, si j’étais maire (Ed Yves Michel) et Collapsus (Ed Albin Michel).
Costume sombre et ton posé, le conférencier commença par rappeler son parcours et expliquer sa démarche. Au détour de cette rétrospective, précisons qu’il a effectué en début de carrière dans les quartiers difficiles de la Capitale, il regretta la suppression de la Police de proximité (politique de la « main tendue ») et la privation par voie de conséquence d’une source de renseignement.
Les missions au sein du Groupe de Sécurité du Président de la République, en charge en particulier de la protection du président lors de ses déplacements à l’étranger (exemple de l’Algérie) lui apprirent la nécessité incontournable de l’anticipation. Anticiper les dangers, tous les dangers. Anticiper pour secourir. C’est cette anticipation à laquelle Alexandre Boisson nous a invités face au risque de notre dépendance énergétique, cette énergie définie comme « notre réalité invisible ».
Notre dépendance au pétrole et au gaz, nous la connaissons mais nous sommes loin, très loin d’en imaginer les conséquences, toutes les conséquences. Et là intervient le concept de notre survie.
Le concept de notre « survie »
Tout dans notre société, dans nos vies familiales et individuelles dépend du pétrole. Sans cette énergie, tout s’effondre car tout repose exclusivement sur lui. Chacun de nous en « consomme » 4,3 litres par jour. Soit au niveau national 272 millions de litres quotidiennement. La France est dépendante pour 99% de ses importations du pétrole de l’étranger et pour 98% de son gaz.
Ce pétrole qui fait tourner toutes nos « machines » (tracteurs de nos champs et cultures, usines de transformation de nos produits, camions garnissant nos commerces des lieux de chargement jusqu’à nos réfrigérateurs…, approvisionnant nos armées, leurs tanks, leurs avions, leurs bâtiments de combat … Pétrole irremplaçable. Même l’uranium est conditionné dans son extraction et son transport par le pétrole.
Une vidéo étonnante montre alors l’énergie devant être dépensée par un champion olympique, aux muscles impressionnants, juché sur son vélo relié à un grille-pain pour arriver à dorer une simple tranche de pain. Incroyable. L’homme souffre, souffle, accélère, s’arquebuse sur sa machine, baisse la tête et le torse … et enfin le grille-pain expulse sa tranche … à peine grillée !
C’est une illusion d’imaginer que notre société pourrait faire autrement qu’avec le pétrole. « Le pétrole est inégalable dans l’histoire de l’humanité ». Un million six cent quinze mille barils par jour en France. Les vues présentées illustrent le propos. Elles sont révélatrices : liaison entre la carte des guerres et celle des énergies. (Intervention du professeur Frédéric Munier). Toutes ces guerres reposent sur le seul objectif de contrôler le pétrole alors que les Droits de l’homme sont faussement avancés en première ligne.
Anticiper, anticiper … anticiper
Que faisons-nous en cas de rupture des approvisionnements en pétrole et en gaz ? Le conférencier de centrer alors son propos sur l’Afrique et la guerre économique et d’influence dont le continent est le terrain. Et d’évoquer le système russe S400 avec le positionnement de moyens militaires de nature à bloquer le survol de nos capacités aériennes… Alors que faisons-nous ?
Les alertes
Oui, que faisons-nous en cas de rupture d’alimentation électrique ? Et de longue durée ? Sans électricité, il faut le savoir, plus d’eau non plus. Plus de pompage. Nos robinets deviennent secs. L’exemple de la ville de Portes-lès-Valence en 2019 illustre cette situation.
Nos plans de sauvegarde sont élaborés pour faire face à ces scenarii mais que se passe-t-il en cas de « crises cumulées » ? Catastrophe naturelle (inondations) s’ajoutant à un black-out électrique ? Là, point de solution. Or, notre époque est et sera celle des « crises cumulées ». Il est gentil face aux difficultés de chauffage de parler de « col roulé ». Mais c’est nous rouler dans la farine.
Une farine et un blé qui, d’ailleurs, n’arriveront plus sur les étagères de nos commerces, qu’ils soient de grandes surfaces ou villageois. Et de présenter un reportage sur une entreprise de yaourts totalement paralysée en cas de crises cumulées. Il en est de même pour l’agriculture en général. Nous n’avons pas de « roue de secours » alimentaire. Nous dépendons à 70% des engrais du Maroc et ne disposons d’aucun stock alimentaire stratégique. Quelle est donc dans ces conditions notre capacité à produire de la nourriture ?
« Les légumes ne poussent pas par arrêtés ». Faire de la résilience alimentaire s’avère indispensable, c’est à dire développer la capacité à produire de la nourriture.
Sensibiliser nos communes
« Le problème de l’alimentation est imminent. Il y a urgence ». Il nous faut, insiste le conférencier, sensibiliser nos communes, nos maires, pour changer notre mode alimentaire. En premier lieu, nous renseigner sur le « Plan communal de sauvegarde » (décret du 13 septembre 2005) élaboré sous la responsabilité directe des maires. En second lieu, connaître le « Dossier d’information communal sur les risques majeurs » (DICRIM). Tout citoyen doit avoir accès à ce document et s’assurer qu’il est bien à jour. Un appel, à développer, est ainsi lancé pour interroger les maires sur ces points en se réunissant devant les mairies.
Le conférencier, conscient du caractère anxiogène de cette peinture, donne un exemple rassurant : celui de la ville de Montfermeil qu’il connaît de l’intérieur où une politique d’alimentation maitrisée par la création de jardin partagé en centre-ville est couronnée d’un savoir-vivre ensemble apaisé.
Conclusion
Notre survie alimentaire apparaît bien comme une urgence. Cette urgence a été mise en lumière avec sagesse et conviction par Alexandre Boisson.
Dire les choses avec vérité est ce que Socrate lui-même préconisait avec l’image du Tamis :
« Dis ce que tu as à dire mais ce que tu dis doit
- être vrai,
- être utile,
- être bienveillant »
Alexandre Boisson a dit ce qui est vrai, ce qui nous est utile à savoir et pour notre bienveillance à tous. Qu’il en soit remercié. Méditons la pensée mise en exergue à sa conférence :
« Ce que l’homme ne veut pas apprendre par la sagesse, il l’apprendra par la souffrance »
Jean-Noël Beverini
***Merci à Alexandre BOISSON pour son intervention, Alexandre a été fait membre d'honneur de notre association ce jour.
Merci aux participants et en particulier à notre académicien pour son compte rendu très précis comme d'habitude!
Cette visioconférence a été enregistrée dans sa totalité y compris les questions-réponses, le lien de l'enregistrement avec son code d'accès ont été envoyés qu'aux membres de l'AACLE et ANACLE.
Les membres ont jusqu'au 7 octobre 2022 pour voir le replay et/ou l'enregistrer à des fins personnels uniquement, la diffusion dans les réseaux sociaux est interdite par l'organisateur.
Liens importants :
https://crater.resiliencealimentaire.org/accueil
Grâce à la carte interactive, visualisez rapidement le diagnostic des territoires pour différentes thématiques du système alimentaire.
Un terrible constat ! Je n'ai pas trouvé une seule ville en France prête à affronter la pénurie alimentaire !
Constantin LIANOS, ancien Légionnaire-officier supérieur à titre étranger,
Président-fondateur de ML, AACLE, ANACLE et ses réseaux, organisateur de cette visioconférence.
Le 3 oct. 2022 à 16:31, Alexandre BOISSON a écrit :
Autre lien : Article écrit par Alexandre BOISSON
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