Compte rendu de l'Assemblée Générale annuelle de l'AACLE du vendredi 12 décembre 2025
Comme à chaque assemblée générale, nous terminons toujours par une conférence. Cette fois j'ai retenu un thème très intéressant pour tous les membres qui ont fait le déplacement. Monsieur Guy BRUNEL était invité pour nous parler de la gestion des déchets radioactifs et nucléaires.
Lien de diaporama et intervention de Monsieur Guy BRUNEL
Conclusion de la conférence par le Général Jean-Paul ANDREOLI :
La conférence était articulée autour d’une présentation en diaporama, commentée par M. Guy Brunel, dont toute la carrière professionnelle passée en qualité d’ingénieur et de chercheur au sein du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) en a fait un spécialiste du sujet, sujet présenté sous la forme d’une question quelque peu provocatrice, intitulée « Les déchets radioactifs : une bonne raison de s’opposer au nucléaire ? ».
Après quelques généralités de physique nucléaire indispensables à la compréhension globale du sujet, la présentation est orientée vers la question du traitement des déchets radioactifs principalement générés dans le cadre de la production d'électricité par les centrales nucléaires et les activités afférentes à l’ensemble du cycle nucléaire, notamment en France qui dispose d’un parc conséquent de centrales.
Un premier point consiste à rappeler que si l’industrie nucléaire en France constitue l’un des pôles d’excellence du pays, il faut bien rappeler que cette situation résulte d’une volonté politique forte du Général de Gaulle dès la fin des années 1950, visionnaire à son époque quant à la politique énergétique et la souveraineté de la France, à la différence des errements politico-économiques d’aujourd’hui, car développement et modernisation d’une industrie nucléaire s’inscrivent dans le temps long et la continuité des efforts.
En second lieu, pour bien comprendre l’intérêt d’une filière énergétique nucléaire, il faut avoir à l’esprit que la production d’énergie électrique par fission nucléaire via des centrales appropriées s’appuie sur de « petites » quantités d’uranium relativement abondant sur Terre, faiblement enrichi, dont la densité énergétique est supérieure d’un facteur de l’ordre du million par rapport aux combustibles fossiles, à masse égale de « combustible », et ce à travers des processus industriels comparables en termes de rendement. Ceci sans compter avec la perspective de performances encore bien plus élevées lorsque sera maîtrisée la fusion nucléaire.
Cependant, l’exploitation de l’énergie nucléaire dans la filière actuelle EPR (réacteur à eau pressurisée) génère des déchets radioactifs hautement toxiques, d’une tout autre nature que les rejets provenant de la combustion des carburants fossiles, également toxiques, mais d’une autre manière. A cet effet, la statistique sur un temps cumulé de près de 20 000 années d’exploitation des quelques 600 réacteurs en service à travers le monde n’a révélé « que » deux accidents majeurs (Tchernobyl 1986 et Fukushima 2011) en une cinquantaine d’années, ce qui fait jusqu’ici du nucléaire une filière relativement sûre et « propre » par rapport à la pollution atmosphérique classique permanente tous azimuts depuis le début de l’ère industrielle, dont on comptabilise les victimes à travers le monde par dizaines de milliers chaque année, avec plus ou moins de lucidité.
Bien entendu, un haut degré de sûreté de la filière nucléaire impose une approche très soignée des processus, depuis l’extraction du minerai jusqu’au recyclage des déchets d’exploitation et de démantèlement des installations, ainsi que des dispositions techniques et organisationnelles élaborées qui permettent un contrôle en temps réel du fonctionnement d’ensemble, approfondi et indépendant des acteurs à tous les stades de la filière.
Concrètement, tous les déchets des filières nucléaires, civils et militaires, font l’objet d’un tri, d’une classification et d’un traitement draconiens en fonction de l’intensité haute, moyenne ou faible ainsi que de la durée de vie longue, courte ou très courte de leur radioactivité résiduelle après usage.
Le principe du conditionnement des déchets se décline en trois niveaux de barrière à une potentielle fuite de produit radioactif : une première barrière de confinement dans un « colis » approprié, une seconde barrière ouvragée entourant le colis, une troisième via un stockage et un enfouissement, le cas échéant, dans des couches géologiques profondes réputées sûres.
Au stade actuel, les sites de stockage en métropole ne sont pas menacés de saturation à court terme, et ce d’autant que la consommation électrique et par suite la production d’énergie électrique en France semblent se stabiliser.
Enfin, pour ordre de grandeur, en 60 ans, l’industrie nucléaire en France aurait produit environ 40 000 m3 (1 m3 d’uranium pèse 19 tonnes) de déchets radioactifs haute et moyenne intensité, soit l’équivalent d’un cube de 17 m de côté de déchets hautement dangereux, à comparer aux millions de mètres cube de déchets et d’ordures diverses déversés dans la nature et les océans chaque année, dont certains chimiquement très toxiques.
En conclusion, conférence très intéressante et bien documentée, présentée de manière vivante et passionnée, évidemment sans réponse « tranchée » à la question posée, compte tenu des défis énergétiques que l’humanité doit relever. La peur parfois irrationnelle inspirée par le nucléaire ne doit pas conduire à s’opposer définitivement au nucléaire comme le souhaiteraient les écologistes radicaux. Les filières « nucléaire » et « carburants fossiles » demeurent et resteront complémentaires au moins sur le court terme afin de contribuer à satisfaire les besoins énergétiques gigantesques d’une humanité prochainement à dix milliards d’individus : à cette échelle, il n’y a guère d’autre alternative crédible à ce jour.
Guy BRUNEL : Une conférence en présentiel rassurante sur les déchets nucléaires
M. Guy Brunel, ingénieur, retraité du commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives, ancien directeur de la communication du CEA à Cadarache, a donné une brillante conférence sur le traitement des déchets radioactifs devant les membres de l’association des anciens combattants et amis de la Légion Etrangère ce vendredi 12 décembre dans le cadre enchanteur du lycée hôtelier de Bonneveine à Marseille où les jeunes apprentis font leur possible chaque année pour régaler nos papilles lors du repas de cohésion annuel.
Il est important de noter d’emblée que Guy Brunel a passé de nombreuses années à Cadarache et dans des laboratoires de recherche et de développement à étudier de près ce sujet souvent controversé en France en raison du sectarisme borné de certains écologistes qui se moquent éperdument de l’intérêt de la France et des Français. Donc, quand on a passé une grande partie de sa vie à analyser un sujet très difficile car il n’autorise aucune approximation, on peut sans se tromper lui faire confiance. De la même façon qu’on a plus tendance à confier son torse ou ses membres à un chirurgien expérimenté qui a déjà fait ses preuves à maintes reprises.
Vous le savez tous, les activités nucléaires génèrent des déchets radioactifs dans le cadre de la production d’électricité mais aussi du recyclage des combustibles usés. La France est un des premiers pays à s’être préoccupé de la gestion et surtout des conditions de stockage des déchets nucléaires en fonction de leur degré de dangerosité. Le conditionnement et l’enfouissement de ces déchets ne seront pas identiques s’ils sont considérés par l’autorité de sûreté nucléaire comme des déchets à vie courte, à vie moyenne ou à vie longue.
Sachez que les déchets les plus dangereux sont enfouis à moins…500 mètres sous terre après un conditionnement draconien dans du verre (pour éviter toute porosité) puis dans des conteneurs en acier inoxydable. Ils sont également rendus totalement inoffensifs grâce à un double barriérage ouvragé et argileux, la couche d’argile étant de cent mètres d’épaisseur. Les contrôles de sécurité sont draconiens. Inutile de chercher à savoir où sont enfouis ces déchets pour des raisons de sécurité aisément compréhensibles.
Le sujet en lui-même peut prêter à polémique car il faut vraiment comprendre ce qu’est la fission et la fusion nucléaire pour pouvoir évoquer les activités des 57 réacteurs nucléaires français. Il s’agit d’une énergie très concentrée et qui ne produit aucun gaz carbonique.
C’est en 1951 dans l’Idaho aux Etats-Unis qu’a été produite de l’électricité à partir de l’énergie nucléaire. Quatre ampoules se sont soudain allumées sous les yeux émerveillés d’un chercheur américain. Depuis, le nucléaire s’est industrialisé dans de nombreux pays. Force est de reconnaître que le nucléaire est à la fois propre et sans commune mesure avec les faibles capacités du charbon, du gaz, de l’hydraulique, du solaire et de l’éolien soumis à des aléas liés au climat (faute de vent ou de soleil).
Les pionniers du nucléaire ont dû affronter aussi des stratèges plus proches de la palinodie politique que de l’intérêt réel du pays. Tel est le cas d’Emmanuel Macron qui a annoncé le 27 novembre 2018 la fermeture de 14 réacteurs nucléaires d’ici 2035 en France et qui, trois ans et deux mois plus tard, le 10 février 2022 a déclaré à Belfort que 14 réacteurs nucléaires, dont 8 en option, seraient construits en France…
M. Guy Brunel ne s’est pas trop étendu sur ce sujet et il a préféré insister sur les bienfaits évidents du nucléaire par rapport aux autres sources d’énergie. Il a expliqué aussi le tri des déchets radioactifs avec les courbes de décroissance de la radioactivité. Puis il a rassuré l’assistance en décrivant par le menu toutes les techniques d’isolement durable des déchets de l’environnement humain. Jusqu’à l’exercice de chocs très violents que les colis de déchets doivent pouvoir encaisser sans se fissurer ni propager la moindre réactivité dans le sous-sol ou l’atmosphère.
Bref, une très belle initiation technique à un sujet qui ne mérite pas les controverses insensées qu’il suscite parfois dans une certaine catégorie de population. Toujours la même.
Rituel habituel après l'AG de l'AACLE, le déjeuner de cohésion nous attendait à 12h30.

Avec la création en prime de la Confrérie de Saint Antoine le Grand, Abbé de la Communauté Légionnaire, l’attribution d’une chapelle pour recevoir la statue de notre Saint Patron en la Basilique du Sacré-Coeur inaugurée le dimanche 19 janvier 2025, lieu de notre prochain rendez-vous du dimanche 18 janvier 2026 pour la messe annuelle suivie du pot de l’amitié (galette des rois et les voeux du Président) dans la crypte de la Basilique.
Inscription obligatoire avec une participation financière de 10,00€ par personne à envoyer (par virement de préférence ou par chèque l'ordre de l'ANACLE) à notre trésorière. Le Champagne sera offert par l'AACLE.
Les membres pour s'inscrire doivent être à jour de leurs cotisations pour l'année 2026.
Clôture des inscriptions le 6 janvier 2026, pas de paiement sur place.

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