Compte rendu de la visioconférence internationale : «Panorama géopolitique et perspectives 2024» par Madame Caroline GALACTEROS
L’album photos avec copyright réalisé par le Lcl Christian SABATIER de Barcelonnette.
Compte rendu de José D'ARRIGO:
Caroline Galactéros : « La guerre est à nos portes »
Caroline Galactéros a le courage de ses opinions. Elle dit ce qu’elle pense et elle pense ce qu’elle dit. Voilà qui nous change des torrents de propagande qui sont déversés jour et nuit sur le peuple français par les chaînes dites d’information, les radios et les journaux. Elle l’a même explicitement confié au lieutenant-colonel Constantin Lianos, président de l’amicale des anciens combattants et amis de la Légion Etrangère qui a eu la bonne idée de l’inviter à une visioconférence internationale intitulée : « panorama géopolitique et perspectives 2024 ». Lorsque Constantin Lianos lui a fait observer en préambule qu’il n’est jamais facile de nager à contrecourant, elle a eu cette réponse qui résume sa vaillance et son état d’esprit : « Je ne sais pas faire autrement que de dire ce que je crois devoir dire ».
Caroline Galactéros n’est pas n’importe qui. Voilà une femme remarquable qui est docteur en sciences politiques, enseignante à HEC et à l’Ecole de guerre, colonel de la réserve opérationnelle des armées, présidente du think-thank Géopragma et de la chaîne YouTube : « Paix et Guerre », voilà une femme qui naguère brillait par sa pertinence géostratégique dans ses tribunes du magazine « Le Point » et qui est aujourd’hui mise sous l’éteignoir et black-listée pour la bonne et simple raison qu’elle dit la vérité…et qu’elle doit donc être exécutée.
Autant vous dire que dans ses analyses, elle s’impose à elle-même la règle des trois « C » suivante : Courage, Cœur, Cerveau. Que l’immense majorité des commentateurs aient choisi de défendre l’Ukraine et d’éreinter la Russie, par choix personnel mais surtout sur ordre, peu lui chaut. Elle essaie, pour sa part, de tenir compte de l’histoire de la Russie, de ses traditions, de ses imperfections, de ses faiblesses aussi, parce que « la situation est tellement grave qu’il faut s’en tenir aux faits et rester éloigné de toute idéologie ».
D’après Mme Galactéros, la Russie est déjà depuis un an en position de force. Elle est repassée à l’offensive et l’Ukraine est « dans une sacrée panade » car elle accuse un déficit de troupes, de munitions, d’appui extérieur et de moral. A telle enseigne que « logiquement », compte tenu du différentiel actuel dans le rapport de force, elle devrait passer au stade des négociations au lieu de nourrir une « escalade incontrôlable ». Par ailleurs, l’exaspération monte en Russie où le régime est mis en cause au sein même de l’armée pour sa lenteur opérationnelle. De nombreux Russes se demandent pourquoi Poutine fait durer cet affrontement alors que l’Ukraine est déjà battue à plates coutures.
« Même si la plupart des occidentaux font semblant de ne pas le savoir, l’Ukraine ne renversera pas la situation », estime Mme Galactéros. La preuve, c’est que les Etats-Unis ont considérablement réduit leurs donations financières et leur armement en faveur de l’Ukraine parce qu’ils ont compris que la crise allait s’enliser dans un conflit interminable. Pour elle, les déclarations martiales de l’OTAN n’effraient pas les Russes car, en cas d’affrontement entre les pays membres du traité de l’Atlantique nord et la Russie, les occidentaux « tomberaient sur un os dont ils n’ont pas idée ».
« Nous avons péché par arrogance, par ignorance et par idéologie, affirme Mme Galactéros, et nous sommes entrés dans une spirale belliqueuse mal évaluée ». De fait, depuis 2015 on se prépare à la guerre puisqu’on a ignoré les accords internationaux qui consistaient à faire de l’Ukraine une zone tampon entre la Russie et les pays de l’OTAN, c’est-à-dire, grosso modo l’Amérique. « On croit à tort que nous avons affaire à un pays pauvre, miné par son passé communiste et la dictature mais ce n’est pas la réalité, souligne Mme Galactéros. Pour faire la guerre, il faut connaître intimement son ennemi et ne pas céder à l’anti-russisme ambiant dans les milieux intellectuels, politiques et médiatiques européens ».
Bref, les Américains et les Européens ont minimisé la force tranquille de la Russie, puissance aussi européenne qu’asiatique. L’OTAN n’a opposé que des rebuffades aux exigences maintes fois exprimées par la Russie et ses tentatives de déstabilisation ont fini par inciter Poutine à donner l’assaut. Le sujet du jour, selon Mme Galactéros, est avant tout de « reneutraliser l’Ukraine » car là-bas, contrairement à ce qu’on nous raconte, c’est « un véritable massacre ». Entre 500 000 et un million de soldats ukrainiens sont morts sur le front et dix millions d’habitants ont d’ores et déjà quitté leur pays : « c’est une boucherie », commente Mme Galactéros. « Les Russes travaillent à l’artillerie lourde, ils attirent l’armée ukrainienne dans des poches de feu où les soldats ukrainiens sont tirés comme des lapins », explique-t-elle.
Aujourd’hui la seule guerre que mène l’Ukraine, c’est une guerre de désinformation et de propagande. Elle mène, certes, des assauts périodiques mais ils sont voués à l’échec et la Russie grignote tous les jours un peu plus de territoire. Les sommes colossales allouées à l’Ukraine se sont souvent volatilisées dans la corruption et le trafic d’armes, tant et si bien que l’Ukraine se retrouve « dans un marasme total ».
Le pouvoir ukrainien ne représente plus du tout le peuple ukrainien et il obéit aveuglément aux quatre volontés de ses mandataires américains et européens. « Ce qui me choque, c’est que nous nous engagions dans une guerre avec un déni total du réel, nous devrions montrer les voies d’une négociation et d’un traité de paix entre les belligérants et nous faisons l’inverse. Ne vous y trompez pas, ce n’est pas une guerre entre l’Ukraine et la Russie, c’est une guerre entre l’Europe et la Russie. »
On a envie de saluer la performance du président des Etats-Unis : bravo M. Biden, vous avez réussi votre pari, désormais l’union européenne est coupée de la Russie et l’on pousse à présent les Russes à des représailles. On oublie l’avertissement solennel de Vladimir Poutine : « si les Occidentaux s’aventurent sur le front, ça va mal se passer ».
En dépit des velléités offensives d’Emmanuel Macron, les dirigeants européens lui ont aussitôt fait comprendre qu’ils ne lui emboiteraient pas le pas parce qu’ils mesurent, eux, le danger d’une riposte foudroyante des Russes. Encore qu’il faille se méfier de leurs « déclarations officielles » et prendre en considération la volonté du Chancelier allemand de réarmer discrètement l’Ukraine. Le principal, pour l’Europe, c’est d’éviter l’accusation de « cobelligérance » que Poutine pourrait leur opposer en cas d’envoi de troupes sur le front ukrainien.
Ce que nous ne pouvons pas comprendre, nous, en Europe, c’est la « totale désinhibition des Américains à propos de la Russie ». Les Américains, aujourd’hui les démocrates, ne se privent pas, en privé, de dire qu’il faut détruire la Russie et la piller. Mais comme leur administration demeure assez prudente, leur tactique consiste à pousser leurs vassaux européens à leur place pour faire le sale boulot. D’où les propos bravaches de notre président qui « n’exclut » pas un envoi de soldats français au casse-pipe.
Où s’arrêtera « la folie antirusse » ? se demande à juste titre Mme Galactéros. Nous signons des accords astucieux d’aide et assistance à l’Ukraine qui va pomper des milliards dans un budget national déjà exsangue. Se doute-t-on, en France, que l’effet boomerang de tels accords serait terrifiant ? Nous avons sans doute mésestimé le « réarmement » stratégique, militaire, et économique de la Russie. « Poutine s’est servi de cette guerre pour remonter en puissance », analyse l’intervenante.
Les retours d’expérience auraient permis aux dirigeants russes d’améliorer leurs modes opératoires, de mesurer leur efficacité opérationnelle sur le terrain et de se refaire une santé économique. Depuis deux ans, la Russie connait une croissance économique très supérieure à la moyenne européenne, elle n’est pas endettée, ce qui n’est pas notre cas et nous rend dépendants des Américains. « En Russie, chaque responsable est tenu de rendre des comptes à la nation et leur sursaut économique est dûment planifié », constate Mme Galactéros.
La guerre a été une sorte de « catalyseur » et un accélérateur de l’inexorable bascule de la Russie vers l’est. Ce qui compte le plus aujourd’hui, ce n’est plus l’Europe, c’est « l’Eurasie ». L’Europe actuelle n’est plus qu’un bout d’Eurasie. On s’est gaussé de la Chine lorsqu’elle a remis en œuvre les « routes de la soie » en pensant qu’elle se vautrerait dans son maillage ferroviaire et routier. Erreur. Les Chinois ne se sont pas plantés. « Nous devons comprendre que le modèle occidental n’est pas le seul sur la planète et que l’hégémonie d’une vision binaire du monde appartient à un autre temps », souligne l’intervenante.
Syrie, Lybie, Afrique, on s’est conformés à l’agenda américain au point de perdre tout crédit moral et politique vis-à-vis de nombreux peuples. C’est la « multipolarité » du monde qui s’est imposée doucement mais sûrement au nez et à la barbe des occidentaux. « Nous, on se cantonne dans l’ingérence, on se lance dans des opérations irresponsables et la transgression est devenue la normalité de l’occident. On cède à l’inversion accusatoire et à la défausse européenne au lieu d’attirer la Russie dans l’orbite occidentale », estime Mme Galactéros.
Bref, nous n’avons rien compris. Nous aurions dû demeurer ce que la France a toujours été : une puissance d’équilibre et de médiation au lieu de s’abriter sous le contrôle stratégique des Etats-Unis et de cracher au bassinet pour des intérêts qui ne sont pas les nôtres. Mme Galactéros a évoqué ensuite plus brièvement la situation du conflit entre Israël et le Hamas en expliquant que, là aussi, les manœuvres d’éclatement des USA ne marchaient plus et que l’avènement de deux peuples israélien et palestinien côte à côte n’était pas pour demain.
« Il est temps d’évoluer avec plus d’acuité vers une intelligence collective et de revenir à nos dimensions réelles de partenaires utiles et estimés en refondant le socle de la sécurité européenne », a conclu Mme Galactéros. Une intervention magistrale saluée par le général Jean-Paul Andréoli dont la conclusion, courte mais percutante sur la dégradation de la situation générale a été très pertinente. « La politique occidentale est coupée des réalités, estime le général Andréoli, notre modèle a été attrayant pendant des siècles mais il existe d’autres options. Les déclarations de notre président, sans débats clairs et contradictoires, ne font qu’envenimer nos relations avec la Russie au lieu de rechercher une solution négociée. »
« Dans cette crise, il n’y aura que des vaincus, estime-t-il, le simple bon sens nous commanderait de les inciter à négocier, ce serait la voie de la raison. Nous Français, nos relations avec la Russie sont endommagées. Commencer une guerre c’est facile. Gagner la paix, c’est beaucoup plus difficile. On ne fabrique pas nos munitions et nous avons 3000 milliards de dettes, quelle prétention pouvons-nous avoir ? Nous faisons fausse route et les prochaines élections doivent nous permettre d’empêcher que la situation ne dégénère ».
Le Parlement français peut-il destituer la président Macron en s’appuyant sur l’article 68 de la Constitution ? « Non », répond Mme Galactéros après une longue hésitation. Le peuple français devra donc continuer à subir les caprices et les foucades des blancs-becs qui la gouvernent.
José D’ARRIGO (MAV - MH AACLE)
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Messages :
Merci pour cette remarquable conférence sur la geostrategie dans le monde...sacré bonne femme..je transférerais la conférence à divers politiques..C'est important qu'un maximum de concitoyens et décideurs écoutent..
Ton association est formidable..Félicitations.
DC (MA AACLE)
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Le 3 mars 2024 à 11:46, Max DE REGGI a écrit :Cher Constantin,J'ai lu avec le plus grand intérêt le CR de la conférence de Madame Galactéros écrit par José D'Arrigo. Enfin des paroles sensées au milieu du furieux et dangereux va-en-guerre qui nous entoure.Merci Constantin,Cordialement,Max de Reggi (MAV-AACLE, ancien directeur des recherches du CNRS)
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Chers amis,
la paix est une chose inestimable mais très fagile ! L'objet de la guerre, c'est la paix. - Aristote - Citations
«Celui qui n’est plus ton ami ne l’a jamais été» Aristote
Lien pour écouter Michel ONFRAY du 2 mars 2024
Constantin LIANOS, ancien Légionnaire-officier à titre étranger,
Président-fondateur de l’AACLE, de l’ANACLE, de Monsieur Légionnaire et ses réseaux.
En 2024, l’AACLE passe à 100% en numérique !
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Texte et photos © Monsieur-Légionnaire
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