Cohérence
Mon cher camarade,
Nous avons de belles armées ; admirées par nos concitoyens, respectées par nos alliés, craintes par nos adversaires. Aujourd’hui, comme chaque jour et chaque nuit, depuis plus de deux ans, 30 000 soldats, marins et aviateurs, d’active et de réserve, sont en posture opérationnelle. Vous êtes – ou vous serez très prochainement – l’un de ceux-là !
Dans la bande sahélo-saharienne, au Levant, sur le territoire national, partout où elles sont déployées, nos armées soutiennent un niveau d’engagement inédit, dans des conditions souvent éprouvantes et compliquées. Ce week-end, encore, à Orly, la réaction professionnelle et maîtrisée de trois de vos camarades a permis la neutralisation d’un individu dangereux qui s’apprêtait à mettre à exécution son projet terroriste.
Tous ces succès, petits et grands, ici et là-bas, ne sont possibles que s’il existe une exacte cohérence entre les menaces auxquelles nous sommes confrontés, les missions qui nous sont confiées et les moyens qui nous sont octroyés. Or, cette cohérence est fragile. Elle exige une remise en cause permanente. Un défaut de vigilance et nous risquerions de n’être prêts que pour la guerre d’hier !
Dans un monde chaque jour plus instable et plus incertain, personne ne peut dire que le niveau de menace va s’abaisser prochainement. Nous devons donc conserver la garde haute ! Notre modèle complet d’armée nous le permet. Le mot « complet » est central. Il signifie que, par leurs aptitudes différentes et complémentaires, nos trois armées sont capables d’agir à 360°, contre l’ensemble des menaces sur terre, en mer, dans l’espace aérien, sans oublier le cyberespace.
Notre modèle complet est bon, je l’ai dit ; mais il s’use ! Je le sais et vous le constatez vous-mêmes, au quotidien, au quartier, à l’entraînement ou en opérations. Il n’y a pas de fatalité. Je suis déterminé, et les chefs d’état-major d’armée avec moi, à tout faire pour inverser la tendance, au plus vite, et régénérer notre modèle au nom de la cohérence.
J’identifie, pour cela, deux axes d’effort : obtenir, bien sûr, pour vous et vos camarades, les moyens nécessaires pour remplir vos missions, mais aussi, améliorer votre vie quotidienne par un ajustement du soutien et un plan d’action en matière de condition du personnel.
Ce sont là mes priorités. A elles deux, elles justifient ce que j’ai appelé l’« effort de guerre » ; autrement dit, l’augmentation du budget que la nation doit consacrer à son armée, dans les années à venir. Je défends ce besoin devant nos autorités politiques et la représentation nationale.
A vous, je demande de faire de la cohérence un de vos principes de vie : cohérence entre vos paroles et vos actes ; cohérence entre votre comportement et votre état de militaire ; cohérence entre votre préparation individuelle et les missions, parfois délicates, qui vous serons confiées. Je sais pouvoir compter sur vous.
Dans ma prochaine lettre, je rentrerai, davantage, dans le détail du triptyque « menaces – missions – moyens », en commençant avec les menaces, telles que je les analyse, aujourd’hui.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense
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