Avis de recherche pour disparition inquiétante
Jean-Noël BEVERINI
LE MUR DU LAZARET
Cet article de MARSACTU (voir ci-dessous) met, à nouveau et très heureusement, la lumière sur le mur de l’ancien Lazaret de Marseille datant de 1558 et élevé sur le site dit aujourd’hui Plage des Catalans dans le 7° arrondissement.
Certains, à les entendre, affirment haut et fort que sous l’ancienne municipalité, notre patrimoine, ou ce qu’il en restait, a disparu au profit généralisé du béton et des constructions immobilières bénéficiant de permis aussi étonnants que ravageurs de notre passé et de notre histoire. Et d’autres de citer, à l’appui de leurs affirmations, le dernier ouvrage de Jean-Michel Verne,» Les nouveaux mystères de Marseille » (Ed. Robert Laffont L’enquête choc-mai 2022).
Dès 2005, me rendant régulièrement au Commandement de la marine à Marseille situé aux Catalans, je m’arrêtais devant le mur jouxtant le Cercle des Nageurs et sa corniche, magnifique et gracieusement arrondie. Elle m’intriguait. Je regardais longuement cette construction imposante et cette élégante ligne de pierre à demi-mur le décorant comme une guirlande. Il ne fût pas sorcier de savoir que ce mur était un vestige du second Lazaret de Marseille construit en 1558. (Le premier lazaret avait été créé à l’anse de l’Ourse au Moyen-Âge, coté Nord; le troisième qui succéda à celui des Catalans rejoignit le Nord sous le nom de Lazaret d’Arenc).
De l’autre côté de ce mur s’élevait son frère jumeau, donnant sur la Plage des Catalans. Ce «mur-vestige » de notre Histoire était le dernier témoignage de la grande époque où, le commerce maritime redevenant florissant à Marseille au XVI°siècle, il convenait de protéger la ville des épidémies susceptibles d’être amenées par les navires commerçant avec l’Orient. Le Lazaret des Catalans, dit Infirmeries, puis Infirmeries Vieilles après sa disparition un siècle plus tard, a protégé Marseille, assurant la sécurité de son commerce, sa prospérité et sa renommé maritime au sein de la Méditerranée. Grâce à son Lazaret «des Catalans » Marseille était considérée comme un Port sûr avec lequel on pouvait commercer en toute tranquillité.
J’ai commenté à maintes reprises, par des visites guidées et des conférences, ce fameux mur, souhaitant sa préservation. La construction d’une résidence sur cet emplacement de l’ancienne usine Giraudon devait préserver ce « mur-vestige ». Combien de marins, combien d’équipages, combien de passagers, combien d’hommes et de femmes de l’époque ont-ils vécu des moment d’anxiété et de soulagement après avoir été enfermés entre les murs de ce Lazaret inquiétant et protecteur. Je qualifiais ce dernier mur du titre de « Flambeau de Marseille ».
Ce titre était repris dans un article de La Provence du 20 juin 2011, sous la signature du journaliste Philippe Gallini:
«C’est un endroit où des marins ont vécu, ont souffert et ont été mis en quarantaine.
L’idéal serait de considérer ce site comme le flambeau de tous les marins qui ont abordé ce rivage »
Pareillement Marsactu, sous la signature de la journaliste Violette Artaud, demandait la préservation du Mur.
Le promoteur Sea One de la résidence des Catalans, dessinée par l’architecte Rudy Ricciotti, s’engageait à reconstruire « pierre par pierre » le « Mur-Vestige ».(Article d’Adrien Simorre dans Marsactu du 26/12/2018).
Le Mur a été détruit par des brise-roches hydrauliques. Une Mémoire de Marseille partait à nouveau en poussière! À l’époque (article de La Provence du 16 septembre 2017) l’adjointe au maire de Marseille en charge de l’urbanisme, madame Laure-Agnès Caradec, affirmait:
« Le mur sera déposé pierre par pierre et remonté à l’identique, non loin de l’édifice ».
Les pierres ne parlent pas. Les pierres ne parlent plus. Elles ont disparu. Et avec elles, une partie de l’Histoire de Marseille. Il en est ainsi.
Faut-il s’en étonner? Pourtant le 19 février 2009 l’Académie des Sciences, Lettres et Arts de Marseille adoptait une résolution exprimant son inquiétude quant au devenir du site , soulignant la nécessité de le préserver et demandant que soit engagée une réflexion globale sur l’aménagement de la plage.
Les murs s’en vont. Notre Histoire les suit.
L’action de Justice engagée permettra t-elle de savoir où notre Mur, ses arches magnifiques et notre Mémoire se sont évaporés?
Jean-Noël Beverini
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