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Les actualités de
Monsieur Légionnaire

Compte rendu de la visioconférence «Espace extra-atmosphérique. Défi et enjeux. Le New Space»

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« ESPACE EXTRA-ATMOSPHÉRIQUE DÉFI ET ENJEU : LA NEW SPACE »

Il est des rendez-vous à ne pas manquer. Surtout lorsqu’un ami nous y convie. C’était le cas ce samedi 10 juin 2023 où le général Jean-Paul Andreoli nous proposait, sous l’impulsion du lieutenant-colonel Constantin Lianos, président-fondateur de l’AACLE (Association des Anciens Combattants de la Légion Étrangère) de quitter le « plancher des vaches » pour accéder à « l’espace extra-atmosphérique ». 

Tel était, en effet, le titre de la visioconférence à laquelle le général nous invitait :

«Espace Extra-Atmosphérique, Défi et enjeu : la New Space »

Si je voulais m’amuser à un jeu de mots facile, je dirais que nous avons eu droit à un double « extra » : celui de l’atmosphère et celui de l’intervention !

Évidemment notre conférencier, général de l’Armée de l’Air, pilote son sujet, mais piloter et passionner sont deux affaires différentes. Nous avons eu droit aux deux. 

Un sujet qui nous concerne tous 

Nous sommes tous dépendants de l’espace et de l’atmosphère, ne serait-ce que par la météo, par les télécommunications civiles et militaires. La guerre en Ukraine, aux conséquences multiples (et si avantageuses dans certains domaines – ndlr) nous démontre également l’importance de la surveillance par satellites. Jules Verne ne saurait démentir le général qui cite le roman «  De la Terre à la Lune » et évoque la profusion de films consacrés à l’Espace. 

L’Espace, de façon la plus primaire, est le domaine de l’imaginaire, le monde du rêve et à la fois celui de la science et de la science-fiction. Nous regardons tous le ciel. Peut-être moins en ville mais toujours, de nuit étoilée, à la campagne, en mer ou en montagne. Ce monde infini qui nous domine et que nous, hommes, essayons non pas de dominer à notre tour, mais au moins et à défaut de comprendre, d’explorer afin d’en pénétrer les mystères. Vous me permettrez de citer Pascal et son monde de l’infiniment petit et de l’infiniment grand. Le général nous invite précisément à pénétrer ce monde de l’infiniment grand, celui que Dieu, puis-je ajouter personnellement, créa le deuxième jour sous le nom de Ciel.

Trois axes nous sont proposés :

  • - L’origine de la conquête spatiale et l’élaboration d’un Droit de l’Espace,
  • - La militarisation et l’arsenalisation de l’Espace, deux notions fort différentes,
  • - Le défi des « débris spatiaux » avec la multiplication des accès à l’Espace. 

Le Droit de l’Espace

Une première vue présente une photo prise à 50 kilomètres d’altitude montrant en premier plan les nuages, en second la lune et en dernier, au dessus : le ciel … noir.

L’espace extra-atmosphérique est le milieu situé au delà de l’atmosphère terrestre et dans lequel évoluent les corps célestes. L’atmosphère est une couche de gaz confiné par la gravité, un fluide gazeux composé d’azote, d’oxygène, de gaz divers et de beaucoup d’eau. La première question est celle de savoir où s’arrête l’atmosphère, cette masse de gaz qui diminue en densité jusqu’à 10 000 kilomètres. Au delà on arrive dans le vide sidéral …

À partir du sol de notre bonne vieille Terre :

  • - La Troposphère (jusqu’à 20 km)
  • - La Stratosphère (50 km)
  • - La Mésosphère (50 à 85 km)
  • - La Thermosphère (600 km)
  • - L’Exosphère (10 000 km).

Par convention, l’espace exo-atmosphérique a été fixé théoriquement à 100 kilomètres, mais sans valeur légale. Pour donner quelques ordres de grandeur, le général rappelle que l’ISS (la Station Spatiale internationale) évolue à 400 km et à 28 000 km/h, soit 8 km à la seconde. Un Rafale de l’Armée de l’Air et de l’Espace (notons au passage l’évolution du nom) vole à 50 000 pieds (15 km).

Une histoire qui commence avant la Première Guerre mondiale

On s’intéresse déjà aux fusées et à leur propulsion. Ensuite, en 1944, l’Allemagne met au point les premiers missiles de croisière : les V1 et les V2. 3000 V2 iront s’abattre  sur Londres avec une charge d’une tonne de TNT. Ils dépassaient Mac 2 avec une précision d’un kilomètre. Évidemment les Services Secrets américains et russes s’intéressaient à l’affaire. La course aux armements débutait, bien avant même la fin de la Guerre. 

En juillet 1945 les USA développent le Projet Manhattan (15 kilotonnes, soit 15 000 TNT) qui se concrétise en août 1945 par les bombardements nucléaires du Japon. Démonter que l’Amérique est la plus forte. 

1500 scientifiques allemands et nazis exfiltrés aux USA avaient contribué à la réalisation, dont Wernher Von Braun (1912-1977) ancien SS, concepteur des V2 et patron du programme Apollo de la NASA.

Mais problème : le vecteur bombardier n’est pas à la hauteur des enjeux : il est lent, 6 heures de vol et 500 km/h. Il fallait trouver une solution plus efficace et moins détectable. D’où l’idée de se délivrer des contraintes, d’aller plus vite et en plus de sécurité : l’Espace !

De son côté, en août 1949, l’URSS accède à l’arme nucléaire, et en octobre 1957 lance son satellite SPOUTNIK, 85 kilos qui vexent la fierté américaine autant de fois qu’il fait le tour de la Terre. 

En réponse Explorer I (moins de 6 mois après Spoutnik) signe le premier vol orbital des USA en janvier 1958, puis en juillet 1969 : Niel Amstrong pose le pied sur le sol lunaire !

Le Traité des Nations Unies relatif au domaine de l’Espace extra-atmosphérique

Russes et américains sont en lutte constante mais équilibrée. Pas de meilleures conditions pour l’élaboration d’un Traité. Il sera signé en 1967. Son article I° déclare que l’exploration et l’utilisation de l’Espace atmosphérique sont l’apanage de l’humanité toute entière et doivent se faire pour le bien de tous les pays. L’article IV interdit tout objet porteur d’armes nucléaires ou de destruction massive. Mais n’interdit pas les armes conventionnelles. Si le Traité affiche des fins pacifiques (chacun en pense selon son choix) il s’avère qu’il n’est plus du tout d’actualité.

Un tournant capital 

La « New Space »  est, en effet, en totale contradiction avec le Traité de 1967. L’Espace est devenu « privatisé ». Alors que deux  seuls acteurs étaient en scène en 1967, USA et URSS, de nouveaux acteurs non étatiques entrent en jeu. Des entreprises qui investissent des sommes énormes, colossales, et bien plus compétitives que les entreprises d’État. 

L’Europe perd pied

Face à ces nouveaux acteurs, l’Europe perd pied. Ariane VI ne sera pas lancée.  Un nouveau Traité serait le bienvenu pour réglementer tout cela mais avec quel consensus international ?

L’extra-atmosphérique est un nouveau Far West !

Militarisation ou Arsenalisation ?

La conquête spatiale est d’essence militaire. Du moment que l’on ne « reste pas » dans l’Espace, on peut y faire transiter des armes nucléaires. Ainsi sont-elles distinguées :

  • - les orbites basses (2 000 km)
  • - Les orbites moyennes (géolocalisation – 20, 25 000 km)
  • - Les orbites géostationnaires. 

La question réside dans la dualité des systèmes : un satellite qui fait de la photo n’est ni civil, ni militaire. Pareil pour les télécommunications. Mais un système civil peut devenir militaire ! Est-ce un système d’armes ou pas ? Nous sommes entrés dans un processus de militarisation de l’Espace. La New Space multiplie les différends dans l’Espace et n’exclut pas le recours à la force pour résoudre les conflits, notamment commerciaux. Le risque est celui de vouloir les résoudre par voie militaire. 

Le défi est d’essayer d’empêcher l’arsenalisation de l’Espace. Pour cela deux moyens sont envisageables :

- La loi : elle semble peu réaliste. 

-  La destruction de l’arme avant qu’elle n’atteigne l’Espace !

La problématique des déchets

L’augmentation des débris spatiaux due au nombre des satellites abandonnés est préoccupante. C’est un domaine compliqué qui va poser et pose déjà un lourd problème pour l’humanité. Les explosions imprévisibles multiplient les débris. Un débris percutant un satellite provoque une réaction en chaine et le risque est de voir un « nuage de débris » au sein duquel il sera difficile de passer sans risque. On ne détecte que les débris supérieurs à 10 cm.

C’est un nouveau défi ! Faudra t-il envoyer des « Robots nettoyeurs » capables de capturer ces déchets ? Un projet est à l’étude pour une mission opérationnelle en 2025. Je vous le disais, la science et la science-fiction se rejoignent. Le nombre de satellites actifs à ce jour est une petite partie par rapport aux satellites « morts » ! Et des projets d’envoi de 40 000 satellites sont à l’étude.

Conclusion

La conclusion revint au colonel Jean-Jacques Doucet, ancien Commandant en second du 2° REP de Calvi, ancien de la DGSE (membre à vie de l'AACLE). Quelle référence ! Il commença par déclarer face à la clarté effrayante de ce remarquable exposé :

  • - « Je me suis pris le ciel sur la tête ! »

L’expression a du sens quand on sait que le colonel sauta de plus de 4000 mètres ! Le colonel, en effet, souligna l’objectivité de son confrère en relevant la vision supérieure de son propos. Dans cet espace extra-atmosphérique « Il n’y a pas de police ; mais comment une police de l’Espace pourrait-elle s’installer ? »

« L’homme, conclut-il, devient plus technique mais pas plus intelligent. On retrouve toujours les mêmes raisons de se faire la guerre dans cette folie humaine qui nous entoure »

Merci au général Jean-Paul Andreoli, au colonel Jean-Jacques Doucet, au lieutenant-colonel Constantin Lianos et à tous les membres de l’AACLE qui, une fois encore ont été les acteurs et auditeurs d’une exceptionnelle rencontregrâce à cette visioconférence.

Jean-Noël Beverini

***

Mes remerviements :

-Au Général Jean-Paul ANDREOLI (membre d'honneur de l'AACLE) pour cette magnifique présentation et la problematique de l'espace de demain.

-Au Colonel Jean-Jacques DOUCET, pour sa coclusion.

-Au Commissaire en chef Jean-Noël BEVERINI pour son brillant compte rendu. 

-À tous les membres et amis auditeurs assidus de nos visioconférences.  

Constantin LIANOS

© Monsieur-Légionnaire 

Appeared first in https://monsieur-legionnaire.org June 10th 2023
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