J’ai sauvé ta statue prête à être jetée
Par un vieil antiquaire qui avait hésité
Depuis bien trop longtemps entre la conserver
Ou la laisser de nuit debout sur le pavé.
Se séparer de toi était sa seule envie
Il ne connaissait rien de ton nom, de ta vie.
Il n’avait souvenir de son acquisition,
Peut-être dans un lot de quelques successions.
Tu patientais priant au fond d’un vieux jardin,
La boue sur tes souliers, des feuilles plein les mains,
Abandonnée de tous et vouée à l’oubli.
Il ne connaissait rien de ton nom, de ta vie.
« Je la prends, lui disais-je et quel est votre prix ? »
Je sortis deux billets, l’antiquaire les prit.
Un dernier mot, enfin, avant de vous quitter,
« Cet homme, ce grand saint que vous vouliez jeter
Par une nuit sans lune, sur un bout de trottoir,
En un geste ignorant, … tristesse et désespoir,
S’appelle Jean-Marie et Baptiste Vianney.
Des hommes comme lui depuis bien peu sont nés.
La France était en paix mais plus pour très longtemps,
Les révolutionnaires séviraient dans trois ans.
C’était à Dardilly que naquit Jean-Marie,
Dardilly, sainte terre comme l’est Domrémy.
C’était en ces années que l’on nomme de grâce
Que naquit Jean-Marie, futur Saint curé d’Ars.
Et vous auriez voulu sur un bord de trottoir
L’abandonner un soir ! »
J’ai réparé ses mains, j’ai refait quelques doigts,
Les doigts de cette main qui bénit tant de fois
Des milliers de fidèles dans un signe de Croix,
Ces mains qui pardonnaient et pardonnent aussi,
Le pécheur que je suis.
Tu es en ma maison ou je suis dans la tienne
Maintenant que tu es derrière mes persiennes,
Cet homme qui sourit, cet homme qui bénit,
Cet homme qui pardonne et cet homme qui prie.
Du haut de ton ciel pur où tu poursuis ta vie
Dans la gloire de Dieu, du Fils et de l’Esprit,
Prie, Jean-Marie, prie pour notre vieille France,
Ta prière pour Elle est pour nous une chance.
À Marseille, le 31 juillet 2023
Jean-Noël Beverini
En prévision du 4 août, fête du Curé d’Ars,
Patron des curés de France et du monde,
Lui qui fut, au départ, viré du séminaire !
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