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Les actualités de
Monsieur Légionnaire

« LA MINUTE DE SILENCE » PARLONS-EN !

Hier, mardi 17 octobre 2023, une minute de silence a été suivie à l’occasion du meurtre du professeur de français Dominique Bernard sauvagement tué à Arras. Minute de silence. Pour quelle raison ? Brisons le silence pour essayer de comprendre cette « tradition ».

Du latin silentium, le silence est défini comme l’état d’une personne qui s’abstient de parler. Le terme a donné lieu à plusieurs expressions, la plus célèbre étant certainement : « La parole est d’argent, le silence est d’or ».

 Le silence peut être imposé ou rompu et l’art musical nous apprend même qu’il existe, comme les nains de Blanche-Neige, sept types de silence :

La pause, la demi-pause, le soupir, le demi-soupir, le quart de soupir, le huitième de soupir et le seizième de soupir. Quelle proximité entre silence et soupir ! 

Silence : une déesse antique

Les grecs de l’Antiquité avaient fait du silence une divinité et la désignaient sous le nom d’HARPOCRATE. Ils la représentaient  un doigt sur la bouche. Les Romains, qui surent prendre langue avec les Grecs, en firent également une déesse et la nommèrent  TACITA, puis ANGERONA, plaçant sa statue dans le temple de Voluptia, déesse de la Volupté. Ne me demandez pas le lien romain entre silence et volupté.

À la Cour de Byzance, le silenciaire était chargé d’imposer le silence en présence de l’empereur. Le silence étant d’or, nombreux furent les Ordres religieux, tels les Trappistes, adeptes du silence. Nous n’osons pas parler de la Silencieuse, une machine à coudre qui ne faisait pas de bruit. De toutes façons, le silence vous coud les lèvres et vous serre le cœur.

Mais pourquoi une minute ?

Laissez- en moi encore une. La minute est peu de chose. Soixantième partie de l’heure, elle est selon l’origine latine « ce qui est très petit ». Très petite, la minute. Un temps très court. L’art culinaire se l’est aussi appropriée : « la côtelette à la minute » est d’une cuisson très rapide. Mais le sens profond de la « minute de silence » peut être compris par opposition au mot Bruit.

Sens originel du mot Bruit.

Le sens profond de la minute de silence peut être compris par opposition au terme Bruit. Le bruit est, en effet, défini à l’origine comme une querelle, une dispute. « Avoir du bruit avec son maître » signifiait sous l’Ancien régime s ‘opposer, se rebeller, se dresser contre … En ce sens, la minute de silence, si petite et courte soit-elle, manifeste, loin de la querelle, une entente, une cohésion, une participation commune et solidaire à un événement, à un drame. On faisait silence. Mais tous les clochers sonnaient la tristesse ressentie.

Nos minutes de silence sont donc dignes d’être saluées en souhaitant toutefois qu’elles soient les moins fréquentes possibles. Soixante secondes de silence sont, il est vrai, bien peu de choses. Soixante secondes pour des centaines de victimes. Soixante secondes pour un poignard dans un cœur. Soixante secondes pour un cou tranché par la haine. Soixante secondes pour une vie, pour un flot de sang qui s’épanche d’une artère et qui colore de rouge un trottoir, une cour d’école, les marches d’une gare … Soixante secondes pour la vie d’un enfant ou d’une adolescente, d’un prêtre et d’un professeur, d’innocents et qui ne changent rien.

« Silence, on tourne »

« Silence, on tourne ». Telle est la phrase du cinéma. Silence, on tourne : serait-ce la phrase du monde politique ? Le sang des victimes réclame t-il le silence ? Il crie : « Vos silences sont une seconde mort pour nous ». Nous réclamons plus que votre silence, nous réclamons votre action. Votre force. Cette force qui vous manque pour changer le lendemain. Et que vous ne nous avez pas donnée alors que nous étions vivants.    

À Marseille, le 18 octobre 2023

Jean-Noël Beverini

(Propos recueillis par Constantin LIANOS)

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