Square des enfants de la Verdière, 10 novembre 2024 - 13013 Marseille
Monsieur Jean-Jacques ZENOU, Président du Comité des enfants de la Verdière et Monsieur le Maire de Marseille conviaient le Président de l'AACLE en présence de représentants du FSJU, du CRIF Marseille-Provence et du Consistoire Israëlite de Marseille à la «Cérémonie en mémoire des enfants victimes de la rafle de la Verdière le 20 octobre 1943» ce dimanche 10 novembre 2024.
En tant que maire du 13e et 14 arrondissements de Marseille, je suis particulièrement touchée d’être parmi vous ce matin pour commémorer l’arrestation et la déportation des enfants juifs de la Verdière, en octobre 1943.
A cette époque, s’élevait ici même une vaste demeure connue sous le nom de Château de la Verdière.
Au cours du mois de mai 1943 à Marseille, les rafles des soldats SS se multipliaient dans les centres d'aide et d'assistance juifs.
L'Union générale des israélites de France ouvrait alors une demeure pour y installer des femmes et des enfants juifs arrêtés par la Gestapo. C’était ici même, au Château de la Verdière.
Jusqu’au 20 octobre 1943.
Ce 20 octobre 1943, c’était un mercredi. Certainement une belle journée comme on en connaît encore à cette époque-ci de l’année à Marseille. Peut-être un mercredi joyeux pour ces enfants, encore dans l’âge de l’insouciance.
Pourtant, ce matin-là, la Gestapo allait s’abattre sur le château et rafler tous les occupants de la Verdière, pour les amener vers Drancy puis à Auschwitz, dernière étape funeste de leur parcours.
Trente enfants, accompagnés de six de leurs mamans et de leur directrice, Alice Salomon, femme courageuse et de conviction.
Trente enfants rieurs et joyeux comme le sont tous les enfants.
Trente enfants, promesses d’avenir pour leurs familles et leurs amis.
Trente enfants, trente innocents.
Il y a 81 ans, les trente Enfants du Château de la Verdière partaient vers leur funeste destin.
C’est cette tragédie que nous commémorons ce matin, une page sombre de notre histoire que nous n’avons découvert que tardivement, en 1992, grâce aux recherches de l’historienne Suzette Hazzan, aux volontés de la présidente de l’Amicale des Déportés d’Auschwitz, Denise Toros-Marter, et de l’UEJF.
Ce travail de recherche qui nourrit la mémoire est essentielle et je veux rendre hommage ce matin à ceux qui, aujourd’hui encore le mènent.
Je pense par exemple à l’association « Convoi 77 », qui perpétue la mémoire des 1310 hommes, femmes et enfants partis dans le dernier grand convoi ayant quitté Drancy le 31 juillet 1944 à destination d’Auschwitz. Cette association mobilise des classes de lycéens et de collégiens partout en France, afin d’écrire l’histoire de chacune des victimes de ce terrible convoi.
C’est là la spécificité de ce travail formidable, qui permet d’associer recherche historique et transmission de la mémoire aux générations futures.
Dans une époque où les mystifications, complotismes et autres révisionnismes gangrènent notre histoire, ce travail est plus que jamais nécessaire.
« La mémoire, ce passé au présent. » écrivait François Chalais.
Oui, aujourd’hui encore, 81 ans après, persévérons, pour que jamais les rires des enfants de la Verdière ne s’éteignent, pour que leur souvenir soit entretenu année après année, et que la mémoire de ces enfants reste intacte.
Je vous remercie.
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