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Monsieur Légionnaire

MARSEILLE SE SOUVIENT

La ville de Marseille a commémoré, ce dimanche 29 janvier 2023,  sous le titre 

« Marseille se souvient »

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les rafles ayant visé la population du quartier de l’Opéra et les évacuations et destructions qui ont frappé les Vieux-Quartiers Saint-Jean du Panier. Il y a juste 80 ans. C’était le vendredi 22 janvier 1943 et les jours qui suivirent. 

20 000 personnes ont été alors jetées hors de leur domicile, 15 000 internées à Fréjus et 1642 déportées vers les Camps de la mort dont la moitié de confession juive.

Au nom de son président, le lieutenant-colonel Constantin Lianos, l’AACLE était représentée par Mme Fabienne Montiès, l’ADC Ronald Starr, M. Frédéric Benoliel et le CRC1 Jean-Noël Beverini.

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Vingt huit porte-drapeaux avaient pris place au pied de l’historique et superbe façade Est de l’Hôtel de Ville devant le vaste parvis aménagé pour accueillir les nombreux invités qui découvraient sur leurs sièges le livret,retraçant l’histoire du drame, ainsi qu’une couverture pour éventuellement se réchauffer. Le temps, en effet, en ce dimanche matin, était plutôt frais malgré un soleil oblique dans un ciel d’une beauté toute provençale.

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CHANTS ET TÉMOIGNAGES

Sobre et parfaitement orchestrée, la commémoration débutait par le Chant « Nuit et Brouillard » de Jean Ferrat, donné par la jeune chorale du collège de la Major. Voix si douces pour un chant si sombre !

 

« Ils étaient vingt et cent. Ils étaient des milliers

Nus et maigres tremblant dans ces wagons plombés.

Ils ne devaient jamais plus revoir un été … »

 

Le ton était donné dès le départ avec la participation de la Jeunesse marseillaise. La présidente de l’Association des Déportés d’Auschwitz, rescapée du Camp, retraçait ensuite le souvenir poignant de cette matinée où l’on avait frappé à la porte de la maison familiale :

« Où est votre père ? »

«  Pourquoi ? »

« Cela ne vous regarde pas » 

Toute la famille, à l’exception de son jeune frère René, est dirigée vers les Camps de la mort, rasée, tondue, « immatriculée », gazée. 

Elle : sauvée pour témoigner !

La chorale entonne « Comme toi » de Jean-Jacques Goldman.

«  Elle s’appelait Sarah elle n’avait pas huit ans

Sa vie c’était douceur, rêves et nuages blancs

Mais d’autres gens en avaient décidé autrement … 

Comme toi, comme toi, comme toi … »

La foule, silencieuse, se lève puis applaudit.

Le président du Collectif Saint-Jean 1943 qui intervient à l’issue de ce moment d’émotion avait cinq ans en cette année terrible. Depuis 80 ans il attendait ce moment de résurrection, de fin de l’oubli. Ce dimanche du 24 janvier 1943, réveil à cinq heures du matin. Il revoit le visage de ses parents, les uniformes sombres de la police de Vichy, réentend les cris, revit les peurs, ressent l’angoisse… le départ pour Fréjus dans les wagons à bestiaux, la paille souillée, les miches de pain lancées …

« Ces souvenirs m’empoignent encore les tripes et les yeux ! »    

Un garçonnet monte sur l’estrade ; de sa petite voix claire mais bien nuancée, il donne lecture d’un poème de Fortuné Sportiello, qui avait vécu à 13 ans ces événements et qui deviendra plus tard adjoint au maire, conseiller général…

« On avait froid, on avait faim,

Pour manger juste un morceau de pain »

Le garçonnet en question est l’arrière petit-fils de Fortuné, l’ancien adjoint au maire.

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DISCOURS OFFICIELS

Parole donnée au maire. Benoît Payan, ceint de son écharpe tricolore, reprendra à plusieurs reprises la phrase de Saint-Exupéry :

« La guerre est une maladie »

« Une maladie qui a frappé Marseille en son cœur » rappelant que la Ville pour les nazis était « le témoignage le plus odieux qu’ils voulaient détruire. Une sous ville ».

Des phrases fortes soulignent sa pensée :

«  Le cœur de Massalia a été détruit, que nous nous efforçons de reconstituer ».

Qu’il soit permis à l’auteur de ce compte rendu de relever cette déclaration.

Ou encore :

«  La mémoire est la sépulture de ceux qui n’en ont pas ».

Au moment même où le clocher des Accoules retentit, le maire cite l’Abbé Rigord :

« Ne meurent et ne vont en enfer que ceux dont on ne se souvient plus ».

Marseille se souvient.

Intervenant à son tour, le ministre de l’Intérieur habille son discours de références historiques, évoquant « la vie qui était là, sous le plus beau des soleils de France » et la volonté nazie de détruire Marseille « parce qu’elle était Marseille ».

La cohorte des porte-drapeaux quittait son emplacement, sous le regard de Notre Dame-de-la-Garde  avec, en arrière plan, les remparts du Fort Saint-Nicolas, pour se diriger vers la Place du 23 janvier 1943 et le dépôt des gerbes.

Marseille se souvenait.

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APRÈS MIDI À L’OPÉRA

L’après midi, l’Opéra réunissait les marseillais pour le dépôt d’une Plaque commémorative puis un concert qui débutait par le Chant des Déportés.  

« Terre de détresse où nous devons sans cesse piocher, piocher.

Terre enfin libre où nous pourrons aimer, aimer » 

Lisette Narducci, adjointe au maire, remerciait organisateurs et public, présentait un film documentaire puis introduisait un quatuor à cordes d’élèves de l’Institut supérieur de musique de Marseille pour l’interprétation d’une œuvre de Dimitri Chostakovitch.

La soirée se clôturait par la brillante prestation d’une soprano de l’Opéra, fraichement diplômée et interprétant un extrait de l’Opéra de Quat’ sous, Nuit et Brouillard et Youkali. Le rideau tombait sur un dernier film consacré aux rafles. 

Note de l’auteur :

Remercions également M. Michel Ficetola, historien et auteur de nombreux ouvrages en la matière et M. Pascal Luongo, avocat du Collectif Saint-Jean 24 janvier 1943. Tous deux ont œuvré et oeuvrent pour la reconnaissance de l’Opération baptisé Sultan de Janvier et Février 1943 comme Crime contre l’humanité. 

Jeudi 2 février Michel Ficetola présentera à 17 H 30 au MuCEM un CD consacré à La Petite Naples, nom donné au quartier Saint-Jean. L’entrée est libre et gratuite. Estelle Evora, comédienne, chanteuse et danseuse, enseignante au Conservatoire de Paris interprétera certaines œuvres de la prochaine Pièce musicale du Petit Naples.

À Marseille, le 31 janvier 2023

Jean-Noël Beverini

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Marseille. Janvier 1943  

Les 22, 23 et 24 janvier 1943 était mise en œuvre l’opération Sultan, poursuivie du 1° au 19 février, et consistant en l’évacuation forcée de 20 000 habitants du quartier Saint-Jean puis à la destruction par dynamitage de près de 1500 immeubles sis entre l’église Saint-Laurent et l’hôtel de ville sur la rive Nord du Vieux-Port.

Ce vieux quartier considéré comme le centre historique de Marseille dans lequel vivaient des corses, des grecs, espagnols, arméniens, napolitains, ces derniers donnant au lieu le surnom de « Petite Naples », également refuge de juifs venus à Marseille, disparut en 19 jours. Seul l’abbé Felix Caillol, alors curé de Saint-Laurent (né à Auriol le 1°mai 1864, mort le 27 février 1955 au sein de l’hôpital Saint-Joseph de Marseille dont il était l’aumônier) résista. 

…………..

La  «  Petite Naples » de Marseille

Deux mille six cents ans, de cette longue histoire

Placide Lacydon, gardes-tu en mémoire

Dix neuf jours de poussière qui ont noirci tes eaux ?

Dix neuf jours ont suffi pour apposer le sceau

De la honte.

            

Nul besoin de Vésuve, nul besoin de volcan

Pour faire disparaître le Vieux quartier Saint-Jean,

Ce littoral antique où d’anciennes ruelles

Conservaient le passé de voies immémorielles.

Sultan avait frappé ses trois coups à ta porte

Suivi de ses soldats, de toutes ses cohortes,

Le front gravé au fer d’une tête de mort

Et derrière Sultan, oiseau de mauvais sort,

Satan était caché et tu l’as accueilli

Comme on reçoit chez soi l’arrivée d’un ami.

Quelle honte !

Roulent tes trains honteux, ville de liberté

Dont des grecs de Phocée ont bâti la cité.

Tes mères, tes enfants, tes frères par poignées

Tu les envoies périr dans des camps éloignés.

Oh, honte !

Tes gamins sont jetés en ce mois de janvier

Dans le froid d’un matin et leurs pieds sans souliers,

Le corps de leurs parents à l’échine courbée.

Devant tant de misère : un simple et pauvre Abbé

Fait retentir le glas au clocher Saint-Laurent ;

Dieu met toujours Ses pas dans le pas des errants.

Mais il est seul l’Abbé ! 

De vos maisons aimées, même plus de poussière !

Dix neuf jours ont suffi pour les frapper à terre.

Du « Naples de Marseille », ce Naples qui bordait

Un peu comme une femme qu’on dit bien trop fardée

Notre ancien Lacydon, que reste t-il en somme ?

Même pas la valeur du pépin d’une pomme.

Il était seul l’Abbé.

Marseille, le 6 janvier 2019

Jean Noël Beverini

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Merci à la délégation de l'AACLE pour cette répresentation et en particulier au CRC1 Jean-Noël Beverini pour le compte rendu et à M. Fréderic Benoliel pour les photos.

Lcl Constantin LIANOS, Président-fondateur de l'AACLE, ML et ses réseaux.

© Monsieur-Légionnaire
Apparu en premier sur https://monsieur-legionnaire.org le 31 janvier 2023
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