Au Commando Kieffer
Le matin du 6 juin 1944, à 7 heures 32,
Les 177 marins du Commando KIEFFER, avec à leur tête le lieutenant de vaisseau Philippe KIEFFER débarquent, sous le feu ennemi, sur la plage de Sword Beach, sautant de leur Landing Craft Infantery. Ils seront les premiers à toucher le sol de France.
Que pensaient ces hommes, ces jeunes marins, ces héros qui hissèrent l’honneur de la France en haut du Pavillon, tout en haut des plus hautes drisses ? Que pensaient-ils une minute même, à 7 heures 31, avant de poser le pied sur le sol de France. Ils ont voulu, se sont engagés et ont donné leur vie pour que la France éternelle vive hors de toute occupation étrangère.
UNE MINUTE ENCORE
Au Commando KIEFFER
Sept heures trente et une, une minute encore
Pour que la France vive, au risque de ma mort.
Sept heures trente et une, plus qu’un mètre d’espoir.
Combattre est ma mission mais vaincre est mon devoir.
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Encore un mètre à peine à bord de ce bateau
Et je me jetterai les deux pieds droits dans l’eau.
Mes pieds sont les premiers à embrasser la France,
Quatre ans que mes deux pieds souffrent de son absence.
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Mais les voilà, mes pieds ! Comme en pèlerinage,
Foulant enfin Ton sol quand mes deux mains enragent :
« Ami, tu ne dis rien ? Et pourquoi tu ne bouges
Sous le feu ennemi et sur ce sable rouge ? »
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Ami qui n’as connu ni la paix, ni la peur
Ami qui comme moi, es Commando Kieffer
Ami, toi qui verras bercé du haut du ciel
Le miel ressuscité ayant chassé le fiel.
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Cent soixante dix sept dignes d’une couronne d’or !
Pour vous chanter ce soir, une minute encore.
À Marseille, le 30 mai 2024
Commissaire de la marine Jean-Noël Beverini
À ses marins, Kieffer : « Vous voyez ces grands murs,
C’était un lieu d’été, colonie de vacances
Où des gamins jouaient. Nous, ce sera moins sûr !
Il faut s’y abriter. Que Dieu nous donne chance ! »
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En deux bordées les hommes sautent de leur bateau
En mot de bienvenue un obus allemand
D’un des deux Landing Craft explose le château.
Il faut sauter dans l’eau, l’eau par dessus les dents.
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Cours, commando, cours, afin de t’abriter,
La mort est devant toi ; le salut dans tes jambes.
Sous le feu ennemi, sans penser aux blessés,
Enjambe, s’il le faut, même les morts, enjambe.
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La deuxième bordée sauvera les blessés
C’est ton fusil vivant qu’il te faut conserver.
Jusqu’à l’épuisement, valeureux commando.
La Liberté de France, tu portes sur ton dos.
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Kieffer, trois galons d’or et ancien second-maître
Dont le cœur s’enflammait aux couleurs du Drapeau.
La marine de France a su former des êtres
De chair, de sang et d’âme d’où sont nés des héros.
À Marseille, le 4 juin 2024
À deux jours du 80ème Anniversaire du 6 juin 1944
Jean-Noël Beverini
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Commandos
Ce « texte » constitue,
avec « Une minute encore » et « À Philippe Kieffer et ses marins »,
le 3ème volet du triptyque que j’ai voulu consacrer,
à l’occasion du 80ème anniversaire du 6 juin 1944,
au capitaine de corvette Philippe Kieffer, à ses hommes
et, à travers eux, à l’ensemble des commandos.
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L’éternel océan, maître premier du monde,
Qui roule sans repos ses immortelles ondes,
Conserve de vos noms la vibrante mémoire
Au matin d’un six juin auréolé de gloire.
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L’éternel océan qui laboure les plages
Et a vu s’approcher l’étrave de vos barges
N’a pas osé toucher l’empreinte de vos pas.
Parfois les hommes oublient, l’Océan n’oublie pas.
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Sublime béret vert couleur de l’océan,
Cent grammes de tissu mais toujours face au vent,
Cent grammes de tissu, un poids bien dérisoire
Mais cent grammes d’un poids ayant changé l’Histoire.
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Neuf lettres pour un nom brodé au fil de soie
Neuf lettres pour un nom flottant comme un pavois
Pour oser et pour vaincre et porter au plus haut
Le nom de Commandos.
À Marseille, le 5 juin 2024
Jean-Noël Beverini
NB : Le poids moyen du béret avec son insigne est de 118 grammes.
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