Saint Michel aux Sable d’Olonne
« Il se fit un silence dans le ciel lorsque l’Archange Michel combattait le dragon ».
(L’Apocalypse de Saint Jean).
D’habitude, quand je m’exprime sur la Vendée, c’est au sujet de la « Vendée militaire » et de « l’Armée catholique et royale » et je le fais avec une certaine émotion, en pensant au « populicide » vendéen, au massacre (programmé par la Convention) de 300 000 personnes – hommes, femmes, enfants, vieillards, malades – dont le seul tort était de vouloir défendre « le Trône et l’Autel ».
Bien que mes racines soient cévenoles, je suis resté un chouan. J’ai expliqué pourquoi dans mon livre « Cœur chouan et esprit para » (1). Mais la Vendée a bien changé depuis la Révolution !
Plus les jours passent et plus j’ai l’impression d’assister à la fin d’un mode. Tout fout le camp dans notre pauvre pays, notre histoire, nos valeurs, nos traditions, nos croyances...
Nos coutumes sont combattues de l’intérieur par ceux qui ont décidé de tuer les nations au profit d’une gouvernance mondiale. Mais aussi par ceux qui ne veulent plus d’une France « fille aînée de l’Eglise » mais qui acceptent qu’elle se prostitue et devienne la catin de l’Islam.
Denis Tilliniac, provincial enraciné, a fort bien dépeint ce déclin dans « L’âme française »(2). Eric Zemmour a fait de même, avec brio, dans « Destin français »(3). Mais Tilliniac et Zemmour sont considérés comme d’affreux réactionnaires aux idées « nauséabondes », ce qualificatif méprisant et idiot que l’on doit à Laurent Joffrin, BHL et consorts, qui interdit la liberté d’expression et la pluralité d’opinions, donc toute forme de débat politique, dans notre pays.
Alors tant pis ! Au risque de choquer certains amis « laïcards » - ils me le pardonneront - aujourd’hui je vais vous parler de l’Archange Saint Michel, d’abord parce qu’il est le saint patron des parachutistes, ensuite et surtout parce qu’il est attaqué au nom de la laïcité maçonnique.
En 2021, un collectif de « libres penseurs » - vraisemblablement francs-macs - avait demandé au tribunal administratif l’enlèvement d’une statue de Saint Michel aux Sables-d’Olonne car sa seule vue offensait leur athéisme militant. Ces laïcards forcenés sont dans la lignée des révolutionnaires de 1789 qui ont fait débaptiser les villes portant des noms de saints : Saint-Malo est devenu Port-Malo, Saint Denis est devenu Franciade, etc...Heureusement ces inepties n’ont pas survécu à la Révolution mais la déchristianisation de notre pays était en marche, et elle a continué depuis au profit, d’abord des sectes puis de l’Islam. A l’heure actuelle, en France, les musulmans sont certes moins nombreux que les catholiques mais leur religion est de loin la plus pratiquée.
Comme je m’y attendais un peu, en décembre 2021, les juges (rouges ou roses) du tribunal administratif ont donné gain de cause à l'association « La Libre pensée ». Le maire de la ville, Yannick Moreau, a aussitôt interjeté appel, soutenu par l’immense majorité de ses administrés.
Et là encore, c’était couru d’avance, la cour administrative d'appel de Nantes a confirmé, vendredi 16 septembre, que la présence d'une statue « emblème religieux » sur une place publique des Sables-d'Olonne était interdite par la loi et devait être retirée.
L'installation de cette statue « sur un emplacement public est interdite par l'article 28 de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l'État », estiment les juges d'appel, confirmant le jugement de première instance de décembre 2021. Non, vous ne rêvez pas ! Nous ne sommes pas en Corée du Nord, mais en France, terre chrétienne depuis le baptême de Clovis.
La cour a « constaté que le personnage de Saint Michel, chef de la milice céleste des anges du Bien, fait partie de l'iconographie chrétienne et présente de ce fait un caractère religieux ». Ils n’ont pas osé écrire « milice d’extrême-droite » simplement parce que les « anges du Bien » ne sauraient être de droite puisque le « camp du Bien » est forcément de gauche.
La justice enjoint donc à la ville des Sables-d'Olonne de retirer « cette statue du domaine public communal dans un délai de six mois à compter de la notification du jugement ».
Selon la cour, « la place sur laquelle la statue a été installée n'est pas un édifice servant au culte même si cette place est utilisée comme parvis de l'église Saint Michel...l'installation de cette statue sur cette place ne peut pas bénéficier de l'exception prévue par l'article 28 de la loi du 9 décembre 1905 qui autorise les signes ou emblèmes religieux sur les édifices servant au culte ».
Au mois de mars dernier, la municipalité avait demandé à la population de se prononcer pour ou contre le maintien de la statue. 94,51% des votants étaient POUR qu’elle reste en place.
Bel exemple du fonctionnement de la « démo-crassie » dans un pays - celui « des droits de l’homme et des libertés » - qui entend donner des leçons de démocratie au monde entier !
Je sais par avance qu’on va me resservir les poncifs habituels : « La justice a tranché...On ne commente pas une décision de justice...Le tribunal administratif n’a fait qu’appliquer la loi que nul n’est censé ignorer... La Laïcité est une des valeurs de la République...etc...etc... »
Je pense au contraire que cette décision d’une cour d’appel n’est pas anodine et qu’elle est même catastrophique car elle va immanquablement faire jurisprudence. Et on peut compter sur les « libres-penseurs » pour trouver, dans toute la France, des crucifix, des calvaires, des monuments, des statues et autres stigmates de « la superstition calotine » qui ne manqueront pas d’offenser leurs yeux de mécréants. La laïcité a bon dos quand il s’agit de taper sur le catholicisme !
Sur l’Islam, ces gens-là sont beaucoup plus...discrets, plus tolérants, moins glorieux, moins virulents et surtout moins téméraires. Depuis les assassinats de « Charlie-Hebdo », ils pleurnichent à chaque nouvel attentat islamiste et défilent en serrant les fesses, une rose blanche à la main, en psalmodiant « Vous n’aurez pas ma haine ». En revanche, la construction de mosquées, un peu partout en France, ne trouble pas leur sens exacerbé de la laïcité. Ils ne sont pas choqués non plus quand les chaînes de télévision du service public consacrent des émissions à la fin du Ramadan.
Saint Michel est le saint patron des paras. Rappelons brièvement comme il l’est devenu :
Selon l’Apocalypse de Saint Jean, l'Archange Michel fut chargé par Dieu d’écraser la révolte des mauvais anges et de les expulser du Paradis pour être jetés dans la géhenne. J’ai dit « géhenne » pas « gégène » car je vois déjà le raccourci qu’en feraient les ex-« porteurs de valises » pour le compte du FLN ; ceux qui nous expliquent depuis des années que les parachutistes pratiquaient la torture en Algérie contre les gentils Fellaghas qui se battaient pour libérer leur pays de l’occupant.
Saint Michel devint très populaire chez les chrétiens qui l’invoquèrent contre le démon, le malin, le diable, Satan, Belzébuth ou Lucifer(4). On lui dédia des sanctuaires un peu partout.
L’Archange « propugnator » (qui combat, défend, soutien, protège), est descendu du ciel à la tête de ses milices célestes pour combattre. Etant considéré comme le premier « guerrier venu du ciel », son culte s’associa naturellement à la mission « aéroportée » des parachutistes.
Durant la deuxième Guerre Mondiale, c’est en Angleterre, du cœur d’un parachutiste français anonyme, que l’idée du patronage de Saint-Michel a d'abord jailli. Puis un aumônier remit des médailles bénies de Saint Michel aux parachutistes du 2ème SAS (Spécial Air Service) qui s’apprêtaient à sauter sur la France pour aider et encadrer la Résistance. Dans notre pays occupé, elles devinrent le signe de reconnaissance entre parachutistes SAS. Et, le destin voulut que ce soit de part et d’autredu Mont Saint Michel - en Normandie et en Bretagne - que furent largués les bataillons parachutistes qui déclenchèrent, en 1944, la grande bataille de France.
Selon la « Congrégation des rites » datant de 1630, un saint patron se doit d’être choisi par les intéressés. Dans cet esprit, l’aumônier du Corps-Franc de l’Air Valin de la Vaissières proposa en février 1945 que Saint Michel devienne officiellement le patron des parachutistes qui, selon le Père Jégo, aumônier du 1er RCP (5), est « celui qui dirige nos combats, nos combats intérieurs et extérieurs, les luttes de notre vie d’homme ». Saint-Michel fut invoqué en décembre 1946 en la cathédrale de Bône, avant le départ des premiers paras pour l'Indochine. En 1948, lors de la messe célébrée en la cathédrale d’Hanoï, le Père Jégo, après avoir béni les fanions au nom de Saint Michel, conclut son homélie par une vibrante acclamation : « Et par Saint-Michel, vivent les parachutistes ! ».Saint Michel était désormais le saint patron des paras, et il le fut par toutes les générations qui suivirent.
Ainsi, tous les ans, le 29 septembre (ou à une date proche), à la suite de la messe de la Saint Michel, les parachutistes organisent, partout où ils se trouvent, en l'honneur de leur saint patron, cérémonies, prises d'armes, dépôts de gerbes, défilés, sauts en parachute, vins d'honneur, banquets, réceptions...La Saint Michel, c’est aussi l’occasion de retrouver des camarades.
Les 29 et 30 septembre, je serai à Bayonne, au 1er RPIMa (6) pour fêter Saint Michel avec mes frères d’armes. Beaucoup d’entre eux ont risqué leur peau et sont allés glaner des décorations en Indochine (pour les plus anciens), en Algérie ou sur divers théâtres d’opérations extérieurs. D’autres n’ont fait qu’un service militaire, mais tous ont gardé la légitime fierté d’avoir porté le béret rouge et la « plaque à vélo »(7). Personnellement, je n’ai passé que quelques années sous les drapeaux (pour payer ma dette d’ancien « enfant de troupe » au Prytanée Militaire). Et je n’ai pas fait la guerre, sinon épistolairement, contre la veulerie des gens qui prétendent nous gouverner et des moutons qui les suivent. Pas assez sportif pour entendre siffler des balles de tennis (et pas assez snob pour entendre siffler celles de golf), j’ai gardé intacte la fierté d’avoir servi chez les paras. Je ne connais pas mon numéro de téléphone ou l’immatriculation de ma voiture mais je connais celui de mon brevet para (299 547) qui date de...mai 1970. Ma première médaille de Saint Michel m’a été donnée par le « padre » Iriart, aumônier au 1er RPIMa à l’époque, juste avant mon brevet para à Pau.
Je pratique encore le parapente, totalisant quelques milliers d’heures de vol sous « voilure souple » (8). Saint Michel veille sur moi depuis un demi-siècle. L’honorer une fois par an me semble donc la moindre des choses ! Ceci me ramène à la statue des Sables-d’Olonne.
Quand cette réclamation foireuse de la « Libre Pensée » vendéenne, ce coup tordu, a fait les choux gras de la presse, je m’attendais à une bronca, une levée de bouclier, une légitime indignation, des « patrons » des amicales régimentaires paras et des associations patriotiques. Ces présidents, souvent des généraux, qu’on voit régulièrement jouer les va-t-en-guerre sur les plateaux télé ; ceux qui nous écrivent de longs articles sur le devoir de mémoire et la défense de l’institution militaire.
Je m’attendais, disais-je, à des coups de gueule tonitruants et j’ai « entendu »... le silence. Un silence lourd, total, profond, comme celui que j’entendais encore il y a quelques jours à 2000 mètres d’altitude, sous ma voile de parapente, ou jadis sous ma voile de parachute. Ceux qui ont évolué sous voile en altitude connaissent cette sensation et comprendront ce que je veux dire.
Dans l’affaire des Sables-d’Olonne, les grands patrons paras semblent aux abonnés absents. C’est l’omerta, pas de vagues, ils rasent les murs. Sans parler de tous ceux qui ont adopté la servilité reptilienne des larbins et qui sont prêts à se vendre pour une étoile ou un hochet de plus.
Les gens d’un certain âge (ou d’un âge certain ?) ont souvent coutume de dire que « c’était mieux avant ! » et en l’occurrence ils n’ont pas tout à fait tort car je doute que nos grands anciens – les Bigeard, Langlais, Château-Jobert, Romain-Desfossés, Loustau, et beaucoup d’autres – n’aient pas poussé un grand coup de gueule en faveur du non déboulonnage de la statue des Sables-d’Olonne.
Les militants locaux de « Reconquête ! » ont sauvé l’honneur en faisant souder la statue à son socle. Le geste est symbolique mais il démontre que, dans notre pays décadent, le chalumeau est plus difficile à manier que la brosse-à-reluire.
PS : je suis prêt à faire mes plus plates excuses aux présidents d’associations militaires ou patriotiques qui auraient pris position contre le déboulonnage de la statue de Saint Michel sans que je le sache. Autant dire que mes excuses seront très limitées.
Eric de Verdelhan. Le 19 septembre 2022
1)- « Cœur chouan et esprit para », publié chez Dualpha ; 2020.
2)- « L'âme française », de Denis Tilliniac ; Albin Michel ; 2016.
3)- « Destin français », d’Eric Zemmour ; Albin Michel ; 2018.
4)- C’est le même, me direz-vous, mais comme les cathos progressistes n’y croient plus, j’insiste. 5)- RCP : Régiment de Chasseurs Parachutistes.
6)- RPIMa : Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine.
7)- Surnom donné au brevet parachutiste militaire.
8)- Parachute, paramoteur ou parapente.
***
Les associations laïcardes auront-elles le dernier mot ? Il est fort probable !
Constantin LIANOS
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