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Monsieur Légionnaire

Les « Accords » d’Evian : une infamie !

Le 19 mars 2018

Les « Accords » d’Evian : une infamie !

            « De l'Algérie, on ne guérit jamais. » (Albert Camus).

Cette année encore, puisque c’est hélas rentré dans les mœurs, des tas de gens se rendront  au monument-aux-morts de leur commune pour « honorer » le 19 mars 1962 censé marquer la fin de la guerre d’Algérie, et, comme tous les ans, je me vois dans l’obligation de dénoncer une félonie. 

Est-ce la posture d’une nation digne de ce nom que de célébrer une défaite ; que de fêter la perte d’un morceau de son territoire ; que d’accepter qu’une ancienne terre française nous insulte dans son hymne national ? Ça ne s’est jamais vu dans la longue histoire des peuples dits civilisés.

Pour se donner bonne conscience,  certains diront que la guerre d’Algérie était militairement gagnée, certes mais l’Algérie française a été volontairement perdue par le gouvernement français.  

Le 18 mars 1962, De Gaulle déclarait : « Il faut que la France, dans sa masse, approuve ce qui vient d'être accompli en son nom ». L’homme qui, dans ses discours d’avant et après le 13 mai 1958, affirmait que l’Algérie devait rester partie intégrante de la France, qui martelait que notre pays allait « de Dunkerque à Tamanrasset »avait menti aux Français, de métropole et d’Algérie, uniquement pour pouvoir revenir au pouvoir après une longue traversée du désert de douze années. 

Les témoins de cette époque semblaient avoir oublié son discours à Brazzaville le 8 février 1944, discours dans lequel il affirmait la nécessité d'engager les colonies « sur la route des temps nouveaux » et déclarait entre autres : « en Afrique française, comme dans tous les autres territoires où des hommes vivent sous notre drapeau, il n'y aurait aucun progrès qui soit un progrès, si les hommes, sur leur terre natale, n'en profitaient pas moralement et matériellement, s'ils ne pouvaient s'élever peu à peu jusqu'au niveau où ils seront capables de participer chez eux à la gestion de leurs propres affaires. C'est le devoir de la France de faire en sorte qu'il en soit ainsi ».

Hélas, trois fois hélas, les Français ont la mémoire courte ! En 1962, De Gaulle voulait en finir définitivement avec notre Empire colonial, qu’il considérait comme un boulet, pour se tourner vers une France réduite à l’hexagone, au sein d’une Europe « de l’Atlantique à l’Oural ». 

1960 aura été l’année charnière dans la grande braderie de notre Empire.  Après la Guinée rebelle - indépendante par vote majoritaire de ses habitants depuis le 2 octobre 1958 - ce sera le tour du Cameroun (1erjanvier 1960), puis c'est tout notre Empire africain qui va suivre. Indépendance  du Togo (27 avril), du Dahomey (l'actuel Bénin, 1er août), de la Haute-Volta  (l'actuel Burkina-Faso, 5 août) du Niger, (5 août également), de la Côte d'Ivoire (7 août) du Tchad (11 août), de l'Oubangui-Chari (République Centre-Africaine, 13 août), du Moyen-Congo (Congo-Brazzaville, 15 août), du Gabon (17 août), du Sénégal (20 août), du Soudan français (Le Mali, 22 septembre), de la Mauritanie (28 novembre), de Madagascar enfin (14 décembre). Deux  ans plus tard, ce sera le tour de l'Algérie.

Juste avant, la « Communauté Franco-africaine » était officiellement créée le 28 septembre 1958, avec l'adoption par référendum de la Constitution de la V° République.

Avec les « Accords » d’Evian, De Gaulle cédait à toutes les exigences  du FLN et lui accordait tout ce que les dirigeants de la IVème République avaient toujours refusé : l’abandon d’une population qui voulait rester française. La France métropolitaine, lassée de voir « le p’tit gars du contingent » risquer sa peau en Algérie, suivait son grand homme. Elle couvrait déjà, par sa lâcheté, le génocide qui se préparait. Chez les « Pieds-noirs », ce n’était que tristesse, désespoir et  consternation, tandis que du côté du FLN, on triomphait, on pavoisait. Pour le président du GPRA, c’était « une grande victoire du peuple algérien !». Les partis politiques, de droite comme de gauche, s’attribuaient le mérite d’avoir mis fin aux « opérations de maintien de l’ordre en Algérie ». A gauche, on y voyait la réussite d’une politique antinationale qui, en d’autres temps, leur aurait valu douze balles dans la peau pour haute trahison. Les « porteurs de valises » au profit du FLN fanfaronnaient et se prenaient pour des héros alors qu’ils n’étaient que des traîtres, tandis que chez les gaullistes, on clamait que « l’homme du 18 juin » était une nouvelle fois le sauveur de la patrie. 

Nous savons bien qu’en France on aime les héros et que les mythes ont la vie dure !  

Les bidasses du contingent applaudissaient à la perspective de rentrer enfin chez eux : « La quille, bordel ! »était leur cri de guerre (ou plutôt leur cri… de paix…ou de défaite ?). 

A la Sorbonne, pour célébrer « la grande victoire du FLN », les gauchistes de l’UNEF ornaient la statue de Pasteur d’un drapeau du FLN, leurs banderoles réclamaient: «Ecrasez l’OAS !».

Le FLN assurait que le bonheur et l'abondance naîtraient du départ des Français, et le sinistre Fouchet criait aux Européens d'Algérie : « Ne suivez pas les mauvais bergers... Vos vies et vos biens seront préservés!... ». « Ce cessez-le-feu, c'est la conséquence d'une victoire! » dira un autre ministre.

Comme le disait De Gaulle, « les Algériens ne sont pas tous des musulmans, encore moins des arabes ». Il aurait fallu, alors, créer une Algérie nouvelle en tenant compte de toutes les origines. Or, De Gaulle a volontairement négligé  les «Pieds-noirs» qu’il détestait car ils incarnaient à ses yeux l’Armée d’Afrique mobilisée par le général Giraud après le débarquement allié en Afrique du Nord du 8 novembre 1942. « La vengeance, c’est bien connu, est un plat qui se mange froid. »

Aucune association, aucun groupement de « Pieds-noirs » ne fut associé ou même convié aux débats d’Evian qui devaient, en théorie du moins, poser les bases de l’Algérie future. 

            Les « Accords » d'Evian sont, en fait, des accords ...unilatéraux et des déclarations d'intention  qui, bien sûr, ne seront pas respectées par le FLN. Qui se souvient, par exemple, que le 11 août 1961, en pleine négociation entre la France et le FLN, à Tunis, deux soldats français, Clotaire Le Gall et Michel Castera  avaient été condamnés à mort par un tribunal de l'ALN. De Gaulle avait aussitôt gracié dix terroristes comme l'exigeait le FLN.  Le lendemain, les deux Français étaient malgré tout exécutés.  Et l'évêque d'Alger, monseigneur Duval - surnommé « Mohamed  Duval »  - s'était opposé à ce qu'une messe soit dite en leur mémoire à la cathédrale. 

             Pour les défenseurs de l'Algérie française, l'année 1962 commençait mal : des milliers de civils tombés sous les coups du FLN; des centaines de soldats, morts pour rien au cours d'une trêve absurde (que seuls les Français respectèrent) ; une armée cassée, brisée, écartelée. Des officiers - souvent des héros - traduits devant des tribunaux d'exception, des hommes et des femmes torturés, des enlèvements (1), des arrestations arbitraires, des polices parallèles - les « barbouzes » - lâchées comme une meute de chiens courants contre les défenseurs de l'Algérie française ... 

On a reproché, à juste titre, aux Allemands, d'avoir créé une « Gestapo française » avec des flics véreux et des truands libérés; les plus sinistrement célèbres étant Pierre Bony et Henri Laffont, fusillés tous les deux à la libération (2). Mais pour lutter contre les partisans de l’Algérie française, le pouvoir gaulliste a fait pareil : chez les « barbouzes », on retrouvera  les truands  Jo Attia  et Georges Boucheseiche, d'anciens acolytes de Pierre Loutrel dit « Pierrot le fou »

Encore un détail oublié (ou volontairement occulté) de cette tragédie ! 

            Les « Accords » d'Evian  furent signés le 18 mars 1962. Le référendum du 8 avril 1962  les ratifia : près de 90% de « oui », un record digne d’une république bananière. Quelques jours plus tard, le FLN défile, triomphant, dans Alger. Raoul Salan est arrêté le 20 avril 1962 à Alger.  Susini, qui lui succède, décrète la lutte à outrance, la politique de la «terre brûlée». Son intention  est que l'OAS soit en position de  force pour  négocier avec le FLN.  

L'Algérie indépendante ne respectera RIEN des pseudos « Accords » d’Evian. 

Il est bon de rappeler des faits que beaucoup ne connaissent pas, entre autres :

a)- Que la date de la fin de la guerre d’Algérie (proclamation d’indépendance) est le 5 juillet 1962. Le 18 mars (et non le 19) est celle de la signature des « Accords » d’Evian.

            b)- Entre ces deux dates, 670 soldats français seront (encore) tués par l’ALN qui ne respectera jamais la trêve décrétée par les « Accords » d’Evian. Seule l’armée française déposera les armes. 

            c)- APRES les « Accords »d’Evian, plus de 3 000 «Pieds-noirs» seront enlevés par le FLN. Des femmes finiront dans les bordels de l’ALN, des hommes termineront leur vie de forçats dans des mines. La plupart d’entre eux seront « portés disparus » et le sont encore aujourd’hui. 

            d)- 120 à 150 000 harkis, fidèles à la France, seront livrés désarmés aux égorgeurs du FLN. Ils seront torturés, émasculés, brûlés vifs, massacrés ainsi que leurs familles, avec la neutralité bienveillante, voire la complicité du gouvernement français. Ce chiffre de 150 000, que certains historiens engagés mettent en doute, émane d’Ahmed Ben Bella lui-même. 

            e)- Lors de l’indépendance de l’Algérie, les «Pieds noirs» devront quitter le pays «une main devant, une main derrière», en abandonnant tout, car on leur laissait le choix entre «la valise ou le cercueil». Les « Accords » d’Evian garantissaient pourtant leur vie et leurs biens…  

Durant l'été 1962, c’est un million(3) de rapatriés qui débarqueront à Marseille, cette ville cosmopolite dont le maire socialiste, Gaston Deferre,  les reçoit comme des chiens. 

            Sur la fin de l'Algérie, laissons la parole à Axel Nicol qui sera un des derniers à quitter le pays, en juillet 1962: « Tirons un trait sur les harkis, les mogzahnis et tout un peuple fidèle qu'on émascule à plaisir, à qui l'on crève les yeux, coupe les mains à moins qu'on le fasse s'entre-tuer dans des combats à mort… On a massacré à Alger. On a profané la cathédrale, joué avec le Saint Sacrement, pissé dans les bénitiers, tandis qu'un farouche guerrier monté en chaire braillait des discours révolutionnaires. On a renversé la statue de Viviani, on a décapité celle de Jeanne d'Arc, puis on l'a jetée à bas.  « Il faut bien que les sous-hommes se défoulent ». Cette phrase est d'un musulman indigné de ce vandalisme… » (4).

            L’honnêteté m’oblige à dire que c’est à Emmanuel Macron - qui, en 2017, a osé qualifier la présence française en Algérie de « crime contre l’humanité » - que je dois d’avoir écrit, en guise de droit de réponse, mon livre « Hommage à NOTRE Algérie française » (5). Il m’aura permis de rectifier certaines des allégations fallacieuses de l’ancien trotskiste Benjamin Stora qui passe pourtant pour un spécialiste de la colonisation française en Algérie.  Semper fidelis…  

Eric de Verdelhan.

1) - Lors de la déclaration d'indépendance de l'Algérie on estimait à 3 500 le nombre d'Européens (civils) détenus par le FLN et dont on n'entendra plus jamais parler. 

2) - Pierre Bony avait été surnommé « meilleur flic de France » par la presse d'avant-guerre. Henri Chamberlain, dit Laffont, était un voyou, un truand un peu proxénète sur les bords. 

3)- Au final, c'est un million et demi de « Pieds-noirs » qui quitteront l'Algérie mais tous n'iront pas en métropole. Certains choisiront Israël, l'Espagne, les États Unis ...

4) - « Histoire d'une agonie » d’Axel Nicol ; les sept couleurs ; 1962.

5)- « Hommage à NOTRE Algérie française » publié chez Dualpha en 2019.

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