4eme colloque annuel de Monsieur Légionnaire
Avant le colloque : Les chants de tradition
« Juges en Corse » : mission impossible
« Plus jamais ça, sinon attention à toi l’étranger ! » Lorsque le journaliste et écrivain Jean-Michel Verne a reçu cette menace en Corse à la suite d’un éditorial qui n’a pas eu l’heur de plaire à certains nationalistes dans son journal « 24 Ore », il a compris qu’il devait quitter l’île de Beauté sur le champ. Jean-Michel Verne avait bien senti depuis la création de ce nouveau quotidien en 2010 à Bastia « une ambiance dérangeante » et il s’est vite rendu compte « qu’aucune relation en Corse n’est réellement transparente et sincère… ». « Je me vois contraint de déguerpir sans sommations sous la pression de réseaux locaux devenus hostiles, j’ai tenté en vain de résister… », confie-t-il dans son best-seller « Juges en Corse » où neuf hauts magistrats exerçant leur métier en Corse ont osé livrer leur opinion sur la difficulté d’être juges en Corse. Dès lors, Verne s’est replié sur le continent car il a compris, hélas, que la mission traditionnelle d’un journaliste qui est de dire la vérité et de porter la plume dans la plaie d’une société était impossible en Corse.
Puis un beau jour d’été, quelques années plus tard, en 2017, alors qu’il se repose sur une plage de Pianottoli-Caldarello dans le sud de l’île, il a une révélation en lisant un article de « Corse-Matin » : un localier annonce qu’un procureur de Bastia, Nicolas Bessone, est désormais sous protection policière. « Ce n’est pas possible » se dit-il. Il décide d’aller à Bastia et de déjeuner avec ce magistrat pugnace qu’il a connu à Marseille. Et soudain, au cours d’un repas auquel participait aussi le jeune juge Romain Marie-Sanson, le projet prend corps. Les magistrats vont témoigner, ils vont parler, ils vont confirmer que la Corse est sous emprise mafieuse et que les ambiguïtés de l’Etat ne permettent pas d’y éradiquer l’ombre tutélaire du grand banditisme. Le livre « Juges en Corse » est alors en gestation…
Invité par le lieutenant-colonel Constantin Lianos, président de l’ANACLE, au centre social du Trioulet, Jean-Michel Verne est venu présenter son ouvrage aux anciens combattants de la Légion Etrangère qui ont apprécié son exposé dénué de toute langue de bois et très documenté. « La Corse est en phase de partition mafieuse, a-t-il révélé, on peut la comparer à la Sicile qui dispose d’un statut d’autonomie très large avec de nombreux budgets qui ne peuvent que mettre en appétit les hommes qui fraient avec les voyous, les nationalistes et les affairistes. Si l’Etat ne reprend pas la main en Corse, l’île va sombrer… »
Un pronostic inquiétant qu’il tempère toutefois en insistant sur le fait que « le nationalisme, actuellement au pouvoir territorial, ne représente qu’une infime partie de l’opinion en Corse où une majorité d’habitants est très attachée à la France et à la République ». Evoquant la guerre sanglante qui a opposé le canal historique et le canal habituel du FLNC, Jean-Michel Verne a su fasciner l’assistance en démontrant que le but ultime des mafieux corses qui se livrent aux extorsions de fonds, aux assassinats, aux braquages et au trafic de drogue, c’est de pénétrer l’économie saine de l’ile.
Face à ce rouleau compresseur mafieux qui menace de prendre en main toutes les destinées de la Corse, l’Etat prône la « circonspection ». « Des forces obscures s’emparent du territoire et des forces vives de la Corse et l’Etat reste les bras ballants. Il regarde impuissant cette inéluctable dérive mafieuse dont l’emprise est beaucoup plus importante que celle du terrorisme », s’indigne Verne, arrière-arrière petit-fils de Jules Verne. La preuve, c’est que la Corse est le département où circulent le plus grand nombre de voitures blindées, seule façon pour les truands et les entrepreneurs rackettés d’échapper aux règlements de comptes visant leurs véhicules, et le taux d’acquittement aux assises y est cinq fois supérieur à celui de la moyenne nationale, comme si les pressions exercées sur les jurés et leurs familles y était…monnaie courante.
« Cette île est ingérable, je crains qu’elle ne soit définitivement perdue pour la République », estime le procureur Roland Mahy. Un autre procureur à poigne, Bernard Legras, a vite compris qu’en Corse « les mêmes individus peuvent alternativement porter la cagoule du banditisme et celle du terrorisme nationaliste ». Quant au juge Philippe Toccanier, il a très vite saisi la propension de l’Etat à favoriser le Front National de Libération de la Corse au détriment du Mouvement pour l’autodétermination d’Alain Orsoni. Une proximité dangereuse qui rappelle la conférence de presse nocturne de Tralonca organisée en janvier 1996 par le ministre de l’Intérieur Jean-Louis Debré en personne et qui a officialisé la négociation de l’Etat avec les clandestins du FLNC.
Jean-Michel Verne multiplie les questions sans réponse : comment mener une enquête à son terme quand des dossiers d’instruction s’évanouissent des cabinets des juges comme par enchantement ? Comment ne pas constater une certaine porosité entre les truands et les politiques lorsqu’on sait que l’homme qui a joué un rôle prépondérant dans la fusion des listes entre Gilles Siméoni et Jean-Guy Talamoni aux élections territoriales n’est autre que Charles Pieri, fiché au grand banditisme ? Comment expliquer aux continentaux la mainmise des voyous sur des secteurs clés de l’économie, comme les supermarchés, le commerce, les transports, le tourisme et le bâtiment travaux publics ? De quoi être interloqué, ce qui n’empêche pas le lieutenant- colonel Lianos de préciser que de nombreux Corses se sont sacrifiés pour la France et que leur communauté à Marseille compte de nombreux avocats, médecins de renom et chefs d’entreprises qui font honneur, eux, à la Corse.
La conclusion du juge Guillaume Cotelle sur l’impuissance délibérée de l’Etat en Corse fait froid dans le dos : « la justice fait de la figuration en Corse dans la lutte contre le banditisme car tout semble bloqué par une main noire, chaque niveau de la chaîne judiciaire est sous influence ». Et puis les Corses n’ont qu’un rapport lointain avec la loi, ils ne reconnaissent pas la légitimité de la règle, ils sont plus attachés à la famille, à leur famille et ils sont prêts à la défendre quoi qu’il en coûte. C’est le « cousinage » qu’un homme avait bien senti lors de sa nomination dans l’île, le préfet Claude Erignac assassiné à Ajaccio par le « groupe des anonymes » de Cargese probablement parce qu’il projetait de construire en solo à Bonifacio une caserne qui déplaisait à beaucoup…
« Le seul problème sérieux, prophétisait le préfet Erignac, est que j’ai clairement conscience de partir vers une mission impossible faite de contradictions éclatantes entre le discours public du gouvernement et ses négociations secrètes avec les groupes clandestins… » On ne saurait mieux dire : faire œuvre de justice en Corse est mission impossible.
José D’ARRIGO.
France : l’empire du politiquement correct
Le politiquement correct est apparu dans les années 80 en France pour désigner la survalorisation des revendications des minorités victimaires se définissant à travers le procès de l’homme blanc hétérosexuel de plus de cinquante ans. C’est une sorte de main invisible plaquée sur votre cerveau et qui obnubile votre sens critique pour vous dicter ce que vous devez penser et ce que vous pouvez dire. Ce dispositif inhibiteur a pour vocation d’étouffer, de refouler ou de diaboliser les critiques du régime diversitaire et d’exclure de l’espace public tous ceux qui s’aviseraient de transgresser cette interdiction.
Voici deux exemples précis relatifs à l’attentat islamiste dirigé contre les fonctionnaires de la préfecture de police de Paris le 3 octobre 2019 à treize heures.
La première version des faits est calquée sur les termes mêmes du rapport d’enquête et la seconde est celle que vous avez entendue en boucle sur les chaînes d’information télévisée ou radiodiffusée :
Version une, politiquement incorrecte : « Mickaël Harpon, 45 ans, fonctionnaire à la direction du renseignement de la Préfecture de police de Paris, a égorgé ou poignardé avec acharnement quatre de ses collègues policiers le jeudi 3 octobre 2019 à treize heures sur son lieu de travail. Avant d’acheter deux couteaux de cuisine à 12 h 24 pour perpétrer ses assassinats, le meurtrier a échangé 33 SMS avec son épouse entre 11 h 21 et 11 h 50, messages qui se terminaient tous par l’expression : « Allahu Akbar ». Le périple criminel de ce fanatique de l’Islam a été arrêté par un jeune policier qui l’a abattu de plusieurs balles avec son arme de service après lui avoir enjoint de lâcher son couteau ensanglanté. »
Version deux, politiquement correcte : « Mickaël Harpon, un fonctionnaire de 45 ans, a tué de coups de couteau à la gorge plusieurs de ses collègues à la préfecture de police de Paris le 3 octobre à treize heures. Il semblerait que cet assaillant, au demeurant fort bien noté par sa hiérarchie pour ses états de service, ait agi sous le coup d’une déception sentimentale ou d’un conflit professionnel. Son épouse a été placée en garde à vue et elle a expliqué aux enquêteurs que la nuit précédant les faits, son mari a eu des visions et entendu des voix, ce qui l’aurait incité à passer à l’acte et tendrait à corroborer l’hypothèse d’un déséquilibré. »
On se rend compte, à travers ces deux exemples, de l’emprise du politiquement correct en France. Il est fondé sur l’euphémisation des mots, la neutralisation des faits, l’étiquetage diffamatoire des rares journalistes transgressifs, le déni constant de la réalité et sur la perversion de la démocratie populaire en une dictature sournoise. Un sociologue l’a parfaitement analysé et démontré dans un livre très éclairant : Mathieu Bock-Côté (« L’empire du politiquement correct » - Editions du Cerf).
Les journalistes actuels, perroquets de l’idéologie diversitaire qui anime nos gouvernants depuis quarante ans, ânonnent sans désemparer sur nos étranges lucarnes toute la liturgie progressiste fondée sur la discrimination positive, le misérabilisme, l’injonction morale, la sensation plutôt que la raison, la pensée obligatoire, le terrorisme intellectuel, la dérision festive, et, surtout, de faux débats entre gens de bonne compagnie dont on s’est assuré au préalable la complicité intellectuelle. Comme ils se sentent parfois un peu seuls pour répandre leur venin mensonger, les trafiquants de mots s’appuient sur les films politiquement corrects, les pièces de théâtres politiquement correctes, les chansons politiquement correctes, les séries et feuilletons télévisés politiquement corrects, la publicité politiquement correcte, les tribunaux politiquement corrects, les directives européennes politiquement correctes, bref sur tous les ambassadeurs culturels de ce régime diversitaire auquel vous ne pourrez décemment pas échapper, comme Orwell l’avait prédit dans son roman « 1984 ».
Dans l’exemple cité plus haut, celui de l’attentat islamiste, vous pourrez constater que l’auteur répugne à parler « d’assassin », il désigne le coupable sous le nom « d’assaillant » : or, un « assaillant » est un soldat qui mène l’assaut pour des raisons souvent fort légitimes et parce qu’on l’a certainement agressé au préalable. Cet « assaillant » n’a égorgé personne, non, il a porté « des coups de couteau à la gorge »,un euphémisme qui tend à neutraliser l’atrocité de l’action et à la rendre presque inoffensive. Demain, ils évoqueront probablement « de vagues éraflures au cou ». Et puis surtout on dénie toute intention de fondamentalisme religieux à « l’assaillant » qui a pourtant agi au nom d’un fanatisme islamique évident.
Qu’on évoque le « sentiment d’insécurité » (pour réduire l’insécurité réelle à une vague sensation inconfortable et passagère) , les « quartiers sensibles » qui n’ont rien de sensibles et tout d’hostiles, « l’infertilité sociale » pour expliquer en réalité que deux individus du même sexe ne pourront jamais procréer ensemble, la « parentalité » pour jeter aux orties les termes de « père » et de « mère » et imposer la théorie fumeuse du genre, qu’on évoque les « vils réactionnaires » à propos des illuminés qui refusent l’obsolescence programmée de la France et de sa civilisation judéo-chrétienne, les « conservateurs » qui encombrent la surface de la terre et ne sont que les survivants déplorables d’un monde condamné, ou encore les très récents « féminicides » pour désigner des meurtres de femmes et complaire au lobby féministe alors que le mot « fémicide » calqué sur « homicide » aurait largement suffi, on est aux prises avec des idéologues qui feraient bondir Maximilien de Sully de sa tombe, lui qui proclamait que « labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ». Aujourdhui, son nouvel adage serait plutôt le suivant : « Enfumage, embrumage et matraquage sont les trois mamelles de la nouvelle France ».
Toute personne qui ose se confronter sans s’excuser au politiquement correct encourt le risque d’une mort sociale, pardon, de « thanato-socialo-phobie ». Eric Zemmour, par exemple, serait un « polémiste controversé » dont les idées « nauséabondes » sont « proches de l’extrême-droite » et nous rappellent« les heures les plus sombres de notre histoire ». C’est ainsi qu’on décrit un journaliste qui essaie d’éclairer ses contemporains sur l’œuvre de sape et de déconstruction de nos valeurs ancestrales par les idéologues du régime diversitaire. On ne débat plus : on ostracise, on transforme les opposants en dissidents, en parias, en infréquentables et de plus en plus souvent en déséquilibrés qu’il faudrait rééduquer en hôpital psychiatrique. Comme Soljenitsyne, Vaclav Havel, Lech Walesa et tant d’autres opposants au régime communiste au vingtième siècle…
Pour discréditer un contradicteur, on n’hésite pas à se muer en trafiquant de mots. On « phobise » ses idées pour créer une nausée artificielle : par exemple, l’islamophobie,étymologiquement, c’est la peur de l’Islam, ce n’est pas la haine de l’Islam, pas plus que la claustrophobie n’est la haine des ascenseurs ou l’agoraphobie la haine de la foule. Cette « peur » des fanatiques et des fondamentalistes – parfaitement justifiée par les attentats sanglants - permet aux diversitaires de vous cataloguer comme un cinglé dont il convient de soigner l’état psychologique. De même pour le « racisme » dévoyé de son sens premier et qui permet de ranger dans le camp du mal ceux qui plaident pour l’assimilation républicaine et font de l’immigration massive et du multiculturalisme une des causes évidentes du déclin de la France depuis un demi-siècle.
Ces trafiquants de mots permettent d’endormir votre sens critique pour vous imposer en douce leur idéologie métissée. C’est ainsi qu’ils sont en train de transformer notre conception de la démocratie fondée sur le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, et le respect des libertés publiques, en une utopie diversitaire qui ne cesse d’étendre ses tentacules dans le monde entier. « La perversion de la démocratie, a dit Platon, commence toujours par la fraude des mots ». Il avait raison. Notre conception ancienne de la démocratie populaire est devenue poussiéreuse, désuète. Il s’agit de prôner aujourd’hui l’épanouissement d’une civilisation égalitaire et diversitaire, seule traduction possible du progressisme.
Ce régime progressiste s’impose donc par le matraquage médiatique et culturel mais il est récusé par des intellectuels de renom, comme Alain Finkielkraut ou Michel Onfray par exemple, lequel a bien décrypté les manipulations mentales de nos gouvernants : « nous sommes plongés dans un nouveau totalitarisme soft, estime Onfray. Car, en dictature, le désaccord est réglé non pas par l’échange démocratique mais par la criminalisation de l’adversaire. Avant, on enfermait, on déportait, on torturait, on supprimait. Aujourd’hui, on insulte. On laisse la meute des réseaux sociaux effectuer la tâche du nettoyage idéologique. Les membres de l’oligarchie ont bien compris qu’ils ne vendraient plus leurs produits avec les vieilles recettes publicitaires mais ils les placeront en mettant en avant leur étiquette « bio », traçable, responsable, recyclable, etc. Dans cette perspective, l’homme blanc, occidental, voilà l’ennemi. L’homme nouveau sera asexué, augmenté, vegan, abstinent et surtout acéphale, donc sans cerveau. Nous vivons dans un totalitarisme insidieux, prélude à l’effondrement total de notre civilisation judéo-chrétienne ».
François Hollande, en veine de confidences, a écrit que la France était menacée d’une « partition ». Gérard Collomb, ancien ministre de l’Intérieur a évoqué lui des « communautés qui vivent côté à côte et qui seront demain face à face ». Quant à Emmanuel Macron, il a émis l’hypothèse récemment d’une « sécession » du pays. Je pense qu’ils ont tous les trois raison : il suffit d’examiner la carte électorale du pays lors du premier tour des dernières présidentielles.
Tout l’Est de la France a voté en faveur de Marine Le Pen (pour des mobiles que je vous laisse imaginer) et tout l’ouest en faveur de Macron, avec certaines disparités locales. Ce qui attend la France, c’est donc la création d’une France dissidente, une France entièrement musulmane à l’est, suivant une ligne de fracture partant de Lille jusqu’à Marseille en passant par Lyon. Cette France musulmane sera baptisée probablement la « Francasa » (France en arabe) et tout l’ouest accueillera la France ancestrale, celle des Catholiques, des Juifs, des Protestants, des Animistes, des Bouddhistes, des incroyants, des laïques et...des souverainistes.
José D’ARRIGO
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Mon cher José,
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