Skip to main content

Les actualités de
Monsieur Légionnaire

La leçon du Baptiste

Notre cher Président, le lieutenant-colonel Constantin Lianos, a souhaité que je lui fasse parvenir un poème sur l’Avent. Quelle demande !

Évidemment, nous sommes dans la bonne période, j’allais dire la bonne période pour écouter la Bonne Nouvelle.

S’il ne suffit pas de vouloir la foi pour la recevoir, il ne suffit pas de vouloir un poème pour l’avoir au bout de sa plume. Alors j’ai voulu me transporter symboliquement au temps de Jean Baptiste et j’ai imaginé que l’Empire romain était ravagé par une redoutable épidémie. Toute ressemblance avec la période présente ne serait que pure coïncidence ! Aussi Tibère décidait-il que tous les rassemblements étaient désormais interdits pour juguler l’expansion du mal. Pilate faisait naturellement appliquer le décret impérial en Judée. Comment Jean, dit le Baptiste, allait-il réagir ? Allait-il continuer à recevoir et à baptiser sur les rives du Jourdain les foules immenses rassemblées, alors que les rassemblements sont passibles de mort ? Et si Jésus se présentait ? Respecterait-il le décret de César ou Le baptiserait-il malgré tout ?

L’œuvre jointe illustrant le poème a été imaginée par Jean Brun, peintre aquarelliste. Vous remarquez que  son Jean Baptiste est très contemporain par son vêtement et son smart phone accroché à sa ceinture. Nous le remercions profondément. Jean Brun, grand artiste s’il en est, et grand ami, a réalisé ce dessin spécialement pour nous et nous l’offre en cadeau de Noël. Et je ne vous dis pas le peu de temps qui s’est écoulé entre le moment où je lui ai proposé d’illustrer un poème qu’il n’avait même pas encore lu, que je n’avais même pas encore écrit, dont nous ne connaissions que l’esprit et celui de l’envoi de son œuvre.  Merci, Jean, énormément. Que la Paix de Noël soit sur toi. J’en prends Jean le Baptiste pour témoin. Merci.

Jesus et Jean Baptiste

La leçon du Baptiste

De César, le puissant, le Juste, le Divin,

À toutes les nations de l’Empire romain :

« Tous les rassemblements, de jour comme de nuit,

Sont interdits.

Et tout contrevenant,

Par choix délibéré ou par simple ignorance

Méconnaissant la Loi, subira la sentence

Et sera mis à mort.

Tel en sera le sort ».

Ainsi le grand Tibère en a t-il décidé.

L’Empire plus que tout doit être préservé

De ce mal qui le ronge, de cette épidémie

Pourvoyeuse d’enfers. Ainsi le grand Tibère a dit.

Saisissant son stylet,

Pilate appliqua le décret

À toute la Judée.

Puis à son habitude, content de sa journée,

En se frottant les mains alla se les laver.

Siméon, l’âme triste,

S’en vint trouver Baptiste

Sur les bords du Jourdain :

« Tibère t’interdit au risque de ta vie

De baptiser les foules, et il en va aussi

De notre propre vie. Tu dois y renoncer.

Ceux qui viennent vers toi, il faut les renvoyer ».

 

Alors Jean répondit :

« Crois-tu donc que je suis sur ces rives boueuses

Pour mon propre plaisir et  mes deux jambes, heureuses

De mariner dans l’eau du matin jusqu’au soir ?

Tous ces gens qui sont là, le cœur empli d’espoir,

Ne comptent pas leurs pas en souhaitant me voir.

Ils veulent recevoir

Le pardon du Très-Haut, bien plus haut que César !

César, je le bénis s’il veut venir me voir.

Moi, j’obéis à Dieu qui me dit d’aplanir le chemin

Devant Celui qui vient.

- Mais Il ne viendra pas, répondit Siméon,

Ce serait pour César un incroyable affront.

- Regarde, ouvre tes yeux. Il est là, Il arrive.

Il est déjà présent et debout sur la rive.

On ne se sauve pas qu’en respectant la loi

Mais en étant toujours en accord avec soi.

La lettre n’a qu’un temps, un jour la lettre est morte.

Et seul l’Esprit l’emporte ».

Ainsi Jean le Baptiste, dit-il à Siméon,

Et baptisa Jésus, lui inondant le front

De cette eau du baptême ne cessant d’inonder

Le front des baptisés.

Allez au Sacré-Cœur, allez à Notre-Dame,

Allez partout où le dicte votre âme.

Allez, comme au temps de l’Avent,

Vous faire baptiser par Jean.

Ne ressuscitons pas le temps des catacombes

Où il fallait cacher sa foi au fond des tombes.

Personne ne saurait plus longtemps

Vous éloigner des sacrements

Et n’est-ce pas pure sottise

      De vouloir sceller nos églises ?

À Marseille, le 28 novembre 2020

Jean-Noël Beverini (Membre de la commission culture de l'ANACLE)

  • Vues: 1449