Nicolas René Henri de GRIMOUARD
Le nom de l’amiral Nicolas René Henri de Grimouard, représenté ici jeune officier, est aujourd’hui pratiquement inconnu. Pourtant sa biographie figure dans le Dictionnaire des marins français d’Étienne Taillemite (Ed. Tallandier 2002 p. 224, 225).
Né en 1743, le 25 janvier, à Fontenay-le-Comte (Vendée) l’amiral est condamné à mort le 7 février 1794 par le tribunal révolutionnaire de Rochefort et exécuté le jour même, la « justice » révolutionnaire, ou ce qui en portait le nom, étant, on le sait, plutôt expéditive.
Le futur amiral était entré aux Gardes-marine de Rochefort à l’âge de 14 ans (Rochefort où Mazarin avait créé en 1655 la première compagnie de Gardes-marine) et n’avait cessé de servir, d’embarquer, d’additionner les campagnes, de commander, de détruire des bâtiments anglais, d’être blessé, d’être fait prisonnier …
Mais ses brillants états de service, ses actions glorieuses durant la guerre d’Amérique (il servit sous de Grasse à Tobago), ses exploits contre la marine britannique, ses commandements ne pouvaient apaiser la véritable haine des Jacobins. Il faut dire que l’amiral cumulait deux défauts impardonnables :
- Il était comte, porté à cette dignité par Louis XVI à l’issue de son engagement en Amérique,
- Il avait osé, crime de lèse-république, donner sa démission de commandant en chef de l’escadre de Brest à la suite de l’exécution du Roi.
Voilà un homme sachant mettre en accord ses actions et ses convictions. Sa décision ne pouvait que révolter la Convention. Il le savait. Le Comité de Salut public et le tribunal révolutionnaire ne faisaient pas dans la dentelle et ne s’embarrassaient pas des droits inutiles de la défense. On est révolutionnaire ou on ne l’est pas.
L’amiral n’était pas le premier à démissionner : déjà en 1792, à Brest, le lieutenant-général comte d’Hector, commandant la marine, avait émigré. Suivant son exemple, son adjoint le vicomte de Marigny, démissionnait également en 1792. Cette même année, sur 640 officiers du port de Brest, seuls 210 étaient encore à leurs postes, moins de 33%. Noblesse, Clergé, bourgeois, paysans émigraient, redoutant les excès révolutionnaires et craignant pour leur vie. Chateaubriand, madame de Staël, Malouet … faisaient de même pour ne citer que trois grands exemples.
Mais démissionner suite à l’exécution du Roi, cela était très fort ! Les conditions où l’amiral choisit de le faire sont, pour le moins et dans les douces circonstances de la Terreur du moment, un acte courageux d’un homme profondément courageux. En ce 7 février 2025, je souhaitais ressusciter la mémoire de l’amiral Nicolas René Henri de Grimouard et saluer son acte frappé au sceau de la fidélité à ses engagements. Ce n’est pas fréquent. Cela ne l’était pas hier ; cela ne l’est pas davantage aujourd’hui. Même si nous en avons heureusement de magnifiques exemples.
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