Coronacircus OM-PSG et les garde-barrières
Ce matin, en allant acheter mon pain, avec mon « Ausweis » dans les mains, je suis tombé sur un de mes voisins, juché sur une petite échelle, qui repeignait son portail à toute allure. Je me suis permis de lui demander le motif de sa hâte insolite. Il m’a montré son seau et m’a répondu :
« Je me dépêche de finir avant qu’il n’y ait plus de peinture… »
Je dois vous dire que j’en suis resté estomaqué. J’ai pensé tout de suite en effet à la conférence, dite de presse, d’Edouard Philippe le Premier ministre et de son ministre de la Santé Olivier Véran. Je me suis dit qu’eux aussi étaient en train de repeindre le portail un peu terni de leur communication sédative. Ils l’ont fait avec une diligence et un talent pédagogique éblouissant, mais ils n’ont pas pu cacher, eux non plus, que leur seau était presque vide.
L’histoire retiendra sans doute que MM. Philippe et Véran sont d’excellents gestionnaires de la pénurie. Comme dirait Raymond Devos, ils font une quantité de choses avec trois fois rien : pas de masques, pas de blouses, pas de charlottes, pas d’écouvillons, pas de tests, pas de lunettes de protection, pas de traitement reconnu par les autorités scientifiques pour lutter contre le Covid-19, mais en revanche…un torrent de mots et d’émotion compassionnelle.
On envoie au front des soldats en blouses blanches sans le moindre armement contre la contagion et l’on trépigne devant des courbes géométriques pour nous faire comprendre que les cancres, c’est nous. Nos ministres ressemblent à ces moulins à vent qui se rebellent contre leur propre imposture. Ils sont dépassés par les événements faute de les avoir anticipés et habillent leur ignorance d’une fausse humilité. C’est pathétique. Au lieu de reconnaître simplement qu’ils ne disposent d’aucun moyen sérieux pour endiguer la vague épidémique, ils bricolent des stratégies de fortune pour « aplatisseurs de courbes » et prêcheurs de garde-barrières qui expédient les trains de malades à l’abattoir.
Voilà des années que les infirmières, les grands patrons, les internes, tout le personnel hospitalier crient « au secours », voilà des années qu’ils s’époumonent dans le désert pour alerter l’opinion sur les carences de l’hôpital : on ne peut plus soigner correctement les Français avec des bouts de chandelles, clament-ils. Dans la foulée, 1000 médecins hospitaliers ont démissionné de leurs postes à la fin de l’année 2019 pour protester contre leur dénuement.
Et soudain, on se rend compte qu’ils avaient raison. Désormais, c’est la détresse respiratoire de milliers de malades qui éclairent leurs doléances et leurs détresses professionnelles d’une lumière aveuglante et d’un souffle nouveau.
« Si vis pacem para bellum » : si tu veux la paix, prépare la guerre, professe l’adage latin. La vérité, c’est que nos gouvernements successifs n’ont rien prévu du tout. La plupart des hôpitaux de France menacent d’être en surtension face à la croissance exponentielle du virus. Souvenez-vous de La Fontaine : « la cigale alla crier famine chez la fourmi sa voisine : pas un seul petit morceau de mouche ou de vermisseau. Vous chantiez ? J’en suis fort aise. Eh bien dansez maintenant ! »
Sur les réseaux sociaux, c’est la danse des canards et le ballet des brancards. Le bon sens populaire donne pourtant la recette à nos édiles indélicats et à nos scientifiques bornés : la meilleure stratégie pour ne pas être pris au dépourvu, c’est d’être en mesure de se défendre. En France, on colmate les brèches. On masque les fuites. On colle des rustines. Pendant qu’à la télé on nous promet des millions des masques de protection, un médecin marseillais de renom n’a pu en récupérer que quatre datant de 2001 dans une pharmacie de la rue Paradis à Marseille…
Que fera-t-on lorsque le nombre de malades placés en réanimation sera supérieur à notre capacité d’accueil ? Que fera-t-on lorsque la péréquation régionale des malades sous respirateur artificiel ne pourra plus s’exercer ? Que feront nos dirigeants lorsqu’ils auront fini de déshabiller Pierre pour habiller Paul ? Quand disposerons-nous enfin d’un matériel de dépistage et de réactifs susceptibles de tester l’ensemble de la population, comme l’ont fait les Allemands ? C’est curieux que le seul « journaliste » présent à cette conférence dite de « presse » n’ait pas posé ces questions élémentaires.
On commande à la va-vite 1000 ventilateurs mécaniques à Air Liquide alors que les cas sévères se multiplient, on racle les fonds de tiroir et l’union européenne reste coite face à la catastrophe, comme si elle était la première victime du Coronavirus. On nous parle de transferts de malades, de commandes de masques « alternatifs », d’un objectif hasardeux de 14 500 lits de réanimation alors que nous n’en avons que 5000, bref c’est la tactique de la poudre aux yeux. On ne fait plus de médecine, on fait de la politique.
Didier Raoult : le sauveur
Le 13 janvier 2020, Mme Agnès Buzyn, ministre de la santé, nous assure que la Chloroquine est à classer parmi les « substances vénéneuses », ce qui la rend impropre à la consommation, et deux mois plus tard, le 26 mars 2020, son successeur publie un décret pour nous expliquer que cette même chloroquine, prônée par le professeur Didier Raoult, est soudain redevenue comestible et admissible. Pourquoi une telle volteface ?
Ce qui se profile aujourd’hui dans notre pays, au-delà de l’hécatombe prévisible à moyen terme, c’est le spectre de l’effondrement. L’Etat lui-même se fissure et les hommes politiques paraissent désarçonnés dans la tempête. Ils n’ont pas de mots pour exorciser la peur de la mort. Ceux qui ont tout fait pour déconstruire la nation et désintégrer la famille s’aperçoivent soudain que les frontières nationales et naturelles sont essentielles. Ils le reconnaissent en évoquant tout de même le « repli nationaliste », comme s’ils ne voulaient pas donner l’impression de manger leur chapeau.
Les progressistes multiplient les erreurs et n’en payent jamais le prix. Notre société n’est pas un laboratoire destiné à des cobayes de la modernité ou à des illuminés de l’intelligence artificielle qui délirent sur l’homme « augmenté » et sur l’immortalité éventuelle des bébés éprouvette. La claustration obligatoire risque de ranimer les vieux réflexes de survie et d’attiser l’agressivité des individus. Il faudra, le « jour d’après », sonner la fin des incantations magiques du progressisme mondial et restituer à l’individu les vertus du droit naturel. Il faudra permettre aux anciens parias de danser sur les décombres de la nouvelle société, idéalisée jadis par Jacques Chaban-Delmas.
Car soyez en certains, les dirigeants actuels ne se convertiront jamais à l’altruisme et à l’intérêt général. Ce sont les produits d’une caste qui les fait élire précisément pour que rien ne change. On reparlera de l’épidémie, certes, mais il s’agira de la « peste brune » et les mal-pensants seront de nouveau confinés dans leur tour d’ivoire.
On fustigera l’incivisme de ces joggeurs inconscients qui osent sortir pour aller s’aérer et l’on se gardera de verbaliser les dealers des quartiers rebelles qui caillassent les pompiers et crachent sur les policiers au moindre contrôle d’identité. Non, la crise sanitaire ne changera hélas rien au schmilblick : l’Etat n’a plus aucun levier d’action dans les territoires perdus de la République.
Quant aux travaux du professeur Didier Raoult à Marseille, ce sont des « couillonnades » émanant d’une assemblée de « fadas » sans la moindre rigueur scientifique. D’ailleurs ce Raoult, naguère conseiller d’Emmanuel Macron, n’est-il pas une copie conforme de « Panoramix », le druide d’Astérix, avec sa potion magique et son look de gourou du Mandarom, administrant sans précaution une combinaison de médicaments digne d’un messie cosmo-planétaire ?
Dites-moi, chers pédagogues endimanchés, à l’abri de professeurs estimables et de courbes bâtardes, pourquoi a-t-on supprimé en 2015 l’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires créé le 5 mars 2007 et fort de 2000 professionnels triés sur le volet ? Pourquoi avons-nous livré à la Chine dix-sept tonnes de matériel médical alors que nous allions en avoir un besoin impérieux ? Comment se fait-il que 80 pour cent des substances actives de nos médicaments sont fabriqués en Chine, en Inde et dans le sud-est asiatique ? Pour faire des économies ? Et lorsqu’on est mis au pied du mur, au lieu de répondre à ces questions légitimes, on préfère dédramatiser et se défausser de ses responsabilités sur l’inconscience populaire.
Que dit le professeur Raoult ? Il affirme à juste titre que l’objectif thérapeutique est de traiter les personnes qui présentent des infections à un stade suffisamment précoce pour éviter la progression vers un état grave et irréversible. Il est d’ailleurs soutenu dans sa démarche par le professeur Jean-Luc Harousseau, une sommité mondiale de l’infectiologie lui aussi, ancien président de la Haute Autorité de Santé, qui clame urbi et orbi : « Il n’y a pas de risques majeurs à l’emploi de la Chloroquine, on a tout à gagner, nous n’avons pas de temps à perdre. Le protocole de soin mis en place par Didier Raoult est le seul espoir de guérison rapide. Il doit s’appliquer seulement aux personnes hospitalisées faisant l’objet d’une surveillance quotidienne de leur électrocardiogramme car il y a un risque cardiovasculaire avéré. Ceux qui s’opposent à la Chloroquine sont trop attachés à la rigueur scientifique, on se moque des gardiens du temple quand des milliers de vies sont en jeu ».
La plupart des grands patrons de médecine marseillais que nous avons interrogés font chorus avec le professeur Harousseau et Didier Raoult : on n’a pas le droit de ne pas délivrer de Chloroquine en attendant six semaines la preuve scientifique de son efficacité et de son innocuité. Fermez le ban.
Le concert des épidémiologistes parisiens, souvent grassement rétribués par l’industrie pharmaceutique pour dire l’Evangile, ont beau s’indigner sur les étranges lucarnes, on ne les écoute plus. Vox populi, vox dei. On en revient aux exhortations classiques des Ultras-84 du virage sud : « Paris ! Paris ! On…t’annule ! »
Il est vrai que de nombreux produits, administrés par exemple pour lutter contre les maladies rares, n’ont jamais fait la preuve, eux non plus, de leur efficacité scientifique. Il faut simplement savoir adapter la posologie au cas particulier de chaque patient. Certes, les essais contrôlés « en double aveugle » avec une cohorte de patients ayant absorbé de la Chloroquine et une cohorte identique de témoins n’ayant pris que des placebos, peuvent seuls permettre de décréter si un médicament est efficace ou pas.
Mais les chicaneries d’intellos ne sont pas de mise lorsque les cercueils s’empilent à nos portes. Tant que la balance « bénéfices-risques » penche à 90 pour cent sur le plateau des bénéfices, il n’y a aucun doute à avoir. On pourrait certes objecter au professeur Raoult que le niveau de preuves sur son traitement conjoint n’est pas assez élevé en « période froide » et que les bonnes pratiques médicales exigent une étude plus large sur 800 patients au moins. Mais le temps presse. Et lorsque Didier Raoult rappelle à ses détracteurs qu’il ne fait qu’honorer son serment d’Hippocrate qui lui commande de rétablir, préserver ou promouvoir la santé, il a parfaitement raison.
Il réhabilite au passage le droit naturel dont le serment d’Hippocrate est issu puisqu’il repose sur l’équité et l’humanité. « Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité », peut-on lire dans le serment d’Hippocrate. Moyennant quoi, Didier Raoult cultive son indépendance avec un goût certain de la provocation et demeure fidèle à sa déontologie médicale. Il jette son serment à la figure des fonctionnaires rigoristes de la méthodologie et discrédite leurs ferments d’hypocrites.
Les maniaques de l’Etat universel, ou de l’Etat profond décrit par Michel Onfray, ont perdu la partie. L’avenir est à la liberté tous azimuts. Telle est la leçon essentielle de cette crise sans précédent. Le logiciel de Maastricht est à terre. Ses promoteurs sont translucides et évanescents. On mesurera plus tard l’inconséquence criminelle de certains de nos gouvernants. Ce n’est pas la fin du monde, c’est la fin d’un monde. Bien entendu, les Thénardier de la santé devront rendre des comptes aux Français qui pleurent leurs proches disparus. Ils devront s’expliquer sur certaines de leurs collusions, sur leur impéritie, leurs connivences au plus haut niveau, et sur la faillite de l’union européenne quand les nations se recroquevillent sur elles même pour survivre. Ils devront répondre surtout de « non-assistance à population en danger ».
Sous sa défroque chevelue et hirsute de Panoramix, Didier Raoult est le gilet jaune de l’infectiologie. Il nous a permis de nous réunir autour d’une vérité très simple : c’est lorsque la vie devient précaire qu’on en découvre le prix et qu’on en savoure la valeur. Les militaires, eux, connaissent d’instinct cette règle car ils défient la mort et la côtoient tous les jours.
Le second enseignement majeur de cette crise sanitaire, c’est l’arrêt de mort du droit positif, du droit légal, du droit « posé », écrit, codifié, au regard des exigences de la liberté et de l’humanité. Si le droit constitué ne trouve pas son fondement dans le droit naturel, ce n’est plus du droit, c’est de la tyrannie. Mon voisin avait raison : il ne pouvait pas achever son portail car il n’avait plus de peinture.
José D’ARRIGO,
Rédacteur en Chef du « Méridional »
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