Compte rendu de la conférence du 16 Octobre 2020
Le double combat de David Galtier contre le crime
Invité par le lieutenant-colonel Constantin Lianos à s’exprimer devant une assemblée clairsemée (Covid oblige) au siège marseillais de l’association nationale des anciens combattants de la Légion Etrangère, le général d’armée David Galtier, récemment élu vice-président de la métropole Aix-Marseille, a présenté son excellent ouvrage intitulé « Mon combat contre le crime » et, surtout, il a passionné ses auditeurs durant près de deux heures grâce à ses talents d’orateur.
Allons même plus loin : l’aisance avec laquelle David Galtier a fait vivre son propre texte nous incite à penser que, s’il n’avait pas embrassé la carrière militaire au sein de la gendarmerie nationale, il eût pu devenir un acteur ou un comédien de renom. Souhaitons-lui de réussir sa récente carrière politique à la tête des 92 communes de la métropole Aix-Marseille, même s’il semble affligé par le manque de moyens qui lui sont octroyés au regard de ceux qui étaient les siens dans la gendarmerie. Peut-être réussira-t-il à y poursuivre son éternel combat contre les désespérantes lenteurs de l’administration et les pesanteurs des routines.
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Guidé par le major Dante Stevenazzi, maître incontesté de la séance de chants, le général Galtier s’est conformé aux consignes sanitaires très strictes imposées par Constantin Lianos (gel, masque, distance règlementaire) puis il a entonné avec enthousiasme « La Lune est claire », le chant de sa compagnie, avant de prendre la parole sur les nombreuses affaires célèbres, résolues ou pas, qu’il a eu à traiter en sa qualité de gendarme versé dans l’investigation judiciaire, sa vraie passion.
Puis ce fut au tour de David Galtier d’être captivé par la cérémonie consacrée à la sonnerie aux morts et à la minute de silence observée à la mémoire des morts de la Légion Etrangère et de notre association depuis le Mars 2020. Le lieutenant-colonel Lianos a adoubé ensuite le général au sein de l’association en lui remettant l’insigne d’honneur de l'ANACLE et il a fait de même avec le commissaire divisionnaire honoraire Claude Dupont, fidèle auditeur des conférences de l’association depuis une dizaine d’années. Enfin, il a décoré Madame Nicole Tomei.
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Laroche et Raddad étaient coupables
Contrairement à ce que nous pensions, le meurtre en 1984 du petit Grégory, quatre ans, a bel et bien été résolu en son temps par les gendarmes grâce à l’audition de Muriel Bolle, la belle-sœur de Bernard Laroche, lequel fut abattu l’année suivante par le père du petit Grégory, Jean-Marie Villemin. Elle a clairement indiqué aux gendarmes qu’elle est partie en voiture avec son fils Sébastien et Bernard Laroche et qu’elle a assisté en direct à l’enlèvement du petit garçon qui jouait devant son domicile : « Bernard est parti avec le petit vers la Vologne et il est revenu tout seul ».
Un témoignage accablant. Le bébé a-t-il été jeté dans la rivière ou bien a-t-il été étranglé au préalable, nul ne peut le dire car les traces ont été polluées et l’analyse ADN à l’époque n’avait pas cours. C’est la requête en suspicion légitime déposée contre les gendarmes ayant procédé à cette audition révélatrice pour « pressions et extorsion d’aveux » qui a tout fait capoter et empêché une rapide résolution du dossier. Comme le fait remarquer Jean-Michel Verne, le journaliste co-auteur du livre, c’est la « justice médiatique » qui a triomphé de la justice.
L’affaire Omar Raddad, ce jardinier marocain qui dilapidait son argent au jeu et avec des prostituées, a elle aussi été parasitée par les médias qui ont contribué à « fabriquer un innocent » de toutes pièces. Car, une nouvelle fois, les gendarmes saisis de l’affaire ont eu rapidement la conviction pleine et entière que Omar Raddad était bien l’assassin de sa patronne Ghislaine Marchal dans le sous-sol de sa villa de Mougins. Mobile : Raddad lui réclamait en vain toujours plus d’argent pour assouvir ses vices et Mme Marchal refusait de lui en donner. Alors il l’a tuée dans sa cave à coups de chevrons sur la tête alors qu’elle était descendue régler son dispositif de piscine. Mais comme elle n’est pas morte tout de suite elle a eu le temps d’écrire à l’aide de son propre sang le fameux message : « Omar m’a tuer » (avec un « r ») sur le mur puis un autre sur la porte, après avoir pris l’ultime soin de se barricader, « Omar m’a t… » La malheureuse s’est éteinte avant d’achever d’écrire avec son index droit ensanglanté le nom de son tortionnaire.
On connait la suite : un académicien qui se prend pour Emile Zola et veut rejouer l’affaire Dreyfus, un avocat gauchiste en mal de sensations fortes et la quasi-totalité des médias mobilisent tous leurs appuis pour faire de Raddad un innocent aux mains sales. Et ils gagnent ! Car dans l’esprit des Français moyens, c’était bel et bien une erreur judiciaire, le jardinier était un coupable idéal, un gendre parfait, bref un type bien…
Prisonnier des obligations de la France envers l’Afrique et de son amitié indéfectible avec le roi Hassan II du Maroc, le président Chirac a gracié quelques années plus tard l’assassin pourtant dûment condamné par la justice française pour cet horrible assassinat. Ces « procès en dehors du procès » contribuent, hélas, à discréditer durablement la justice française.
Dans ces deux affaires hyper-médiatisées, les gendarmes ont été éreintés par des journalistes et des avocats partiaux ou obnubilés par leur idéologie. Je pense qu’il serait temps de légiférer en France pour contraindre les médias à respecter leur mission de vérité et de neutralité en engageant, s’il le faut, leur responsabilité pénale. Mais le général David Galtier n’est pas de cet avis car, souligne-t-il, la liberté d’expression est un principe sacré de notre république.
Le laxisme scandaleux de la justice
Le général Galtier a dressé le tableau (réel) de nombreuses affaires où la justice a dévoilé un laxisme scandaleux. Par exemple, les gendarmes ont la certitude absolue que Willy Bardon a bien participé en 2002 à la séquestration et au viol d’une jeune banquière de 24 ans près d’Amiens, il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité et…il a été libéré quelques mois plus tard par la chambre de l’instruction à la faveur d’arguties juridiques ! Autre exemple éloquent : l’incroyable verdict de la cour d’assises de Paris chargée de juger les preneurs d’otages somaliens du « Ponant » en avril 2008 : non seulement deux des accusés ont été acquittés, mais ils ont obtenu 90 000 euros d’indemnités pour « détention abusive » ainsi qu’un titre de séjour. Explication : les droits individuels, les délais de rétention et la législation internationale priment dans cette affaire sur la souffrance des victimes…
Dans certaines affaires sexuelles pouvant toucher des personnalités, comme celle dite des «disparues de l’Yonne», la justice n’est pas exempte de tout reproche. Le général Galtier révèle dans son livre que deux carnets contenant la liste des adeptes de soirées très spéciales ont mystérieusement disparu du palais de justice d’Auxerre. Qui les a dérobés, avec quelles complicités et pourquoi ? Le général nous a laissés deviner la réponse. Il a indiqué qu’il n’était pas favorable à la castration chimique de ces violeurs récidivistes car la plupart du temps, selon lui, il s’agit d’impuissants.
De même, il évoque les étonnantes complicités de Paul Touvier, le milicien en cavale, qui était un « séducteur né », un beau parleur capable d’embobiner Jacques Brel, Pierre Fresnay et le ministre résistant Edmond Michelet, mais qui a fini par être arrêté grâce à l’action opiniâtre de la gendarmerie.
A la fin de son ouvrage, le général Galtier décrit les efforts désespérés du pilote de la Germanwings pour réintégrer le cockpit de l’A 320 reliant Barcelone à Dusseldorf où Andréas Lubitz, son copilote devenu fou furieux s’était enfermé pour précipiter l’appareil contre la montagne des Alpes avec 150 jeunes passagers à bord. Ces précautions antiterroristes ont été abolies en France à la suite de cet accident dramatique.
Reste « la » question la plus délicate, posée avec tact et intelligence, par le commissaire divisionnaire Claude Dupont : celle des rapports parfois tendus entre les gendarmes et les policiers. Le général Galtier a admis que certaines luttes d’influences pouvaient nuire à l’efficacité du maintien de l’ordre et des enquêtes judiciaires mais ces frictions appartiennent au passé et la partition des forces de l’ordre entre militaires et policiers était une tradition française à laquelle on ne devait surtout pas déroger, même si elles sont placées aujourd’hui sous l’égide commune du ministère de l’Intérieur.
José D’Arrigo
Rédacteur en Chef du « Méridional », membre à vie de l'AACLE et de l'ANACLE.
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Compte rendu du Commissaire en chef Jean-Noël BEVERINI ancien commissaire du 5ème RE (Mururoa)
L’ANACLE et son président, le lieutenant-colonel Constantin Lianos, recevaient, ce vendredi 16 octobre 2020 au siège de la rue Aviateur Le Brix, un général et un journaliste.
Un duo que d’aucuns auraient pu juger inhabituel, voire surprenant. D’un côté, un membre d’une Institution affublée, il y a peu de temps encore, du qualificatif de « Grande muette » (1) et, de l’autre, le représentant d’un corps ayant fait de l’écrit et de la parole son métier et son passe-temps quotidien. Le premier est considéré comme ayant l’habitude de se taire ; le second souvent de trop parler !
En fait, rien de plus normal en l’espèce : le général et le journaliste ont trempé leur plume respective dans le même encrier pour donner naissance à un livre :
« Mon combat contre le crime ». (2)
Le premier est le général d’armée (2S) David Galtier, de la Gendarmerie nationale ; le second, le journaliste Jean-Michel Verne, de la Tribune de Genève.
Mais pour commencer et en levée de rideau : des Chants.
Si « En France tout finit par des chansons », il n’en est pas de même pour l’ANACLE où, au contraire « Tout commence par les chants ».
Honneur donc au Major Dante Stevenazzi. Légion et Chants sont inséparables et sacrés. Qui n’a vu le Major dans ses œuvres est passé à côté d’un moment inexprimable.
À titre d’exemples, en ce vendredi-là :
- Eugénie en lever de rideau … « 3 et 4 … nous partons pour le Mexique ».
- suivent le fanion de la Légion et La petite piste…
« Qui veut donner le ton ? ». Le lieutenant-Colonel Antoine Palazzolo (RC HIA Laveran) se lève et lance la note … « C’est acquis » résume le satisfecit du Maître de chant.
- « J’avais un camarade » en clôture et en l’honneur des camarades disparus. La légion n’oublie jamais.
Merci Major. Nous « marchons tous d’un même pas » et sortons de vos séances de chants « le front haut et l’âme fière » à l’image de vos hommes sur le terrain sous votre commandement. Tout dernier accord avec « Pourquoi bouder sans cesse ». Ne boudons pas notre plaisir : votre final est digne d’un chanteur d’opéra. Vous ne vous prénommez pas Dante sans raison !
Quarante ans de « combat » ; un an plus tard : un livre.
Veste bleue, pantalon beige et cravate bordeaux, le général apparaît pleinement heureux de se retrouver au milieu des anciens légionnaires et membres de l’ANACLE. Le plaisir est largement partagé. Toute la rencontre, car bien au delà d’une conférence il s’agit bien d’une rencontre, est vivifiée par cet esprit de chaleur et de compréhension entre des hommes (et n’oublions pas les femmes) qui ont consacré leur vie au service d’un idéal qui les dépasse individuellement.
À l’origine du livre ? Une discussion au cours d’un déjeuner que partagent les deux écrivains-conférenciers. Pourquoi ne pas « raconter » votre carrière et expliquer le fonctionnement trop méconnu de la Gendarmerie, questionne le journaliste. L’affaire est lancée, diligentée, approfondie et bouclée sous forme d’interviews dans la plus parfaite synergie. Normal, dans la Gendarmerie, l’on marche toujours par deux ; que l’on conduise une enquête ou … que l’on écrive un livre ! Entre les deux partenaires l’entente est plus que cordiale.
En fin de course, plutôt d’écriture : 25 dossiers sensibles, « cold cases » et homicides, lutte anti-terroriste, mafias et nouvelles formes de criminalité. Pas de langue de bois ; rien pour masquer la vérité dans le propos, les seuls masques étant ceux portés sur le visage !
Les affaires criminelles d’une vie et une vie dans les affaires criminelles.
- l’affaire Grégory : Bernard Laroche est coupable. Il a bien enlevé l’enfant. L’a t-il tué ? On ne le saura jamais, sa mort emportant la possibilité d’une autre version.
- Omar Haddad : Comment fabrique t-on un innocent ? Lisez et vous saurez ! Très instructif. Quand un académicien et un ténor du barreau se liguent pour habiller un meurtrier du vêtement immaculé de l’innocence.
- Élodie Kulik : Tournant capital dans la conduite d’une enquête ou la responsabilité démontrée d’un coupable suite à la recherche de « l’ADN de parentèle » et la prise en compte d’un « ADN partiel.
Première conclusion : ne jamais baisser les bras. Revenir toujours sur les « dossiers enterrés »
Lutte anti-terroriste, mafias, drogues et blanchiment d’argent …
Auditrices, auditeurs, capelez vos ceintures ; vous allez voyager sur terre, sur mer et dans les airs. La Gendarmerie est loin de se contenter « du plancher des vaches »
- Sud-Ouest et Espagne :c’est le terrorisme basque en 1980-1990.
- Nice: de la Promenade sanglante des Anglais au triple homicide de l’Esteron.
- Alpes de Haute Provence : Cramponnez-vous ; c’est le crash de la Germanwings et la gestion d’une affaire hors norme. Là encore, lisez le livre.
- Corse: Fly Fast digne d’un roman ou comment 500 kg de drogue se trouvent dans un hélicoptère avec à bord, en pur hasard, un ancien président de la chambre de commerce d’Ajaccio. N’était-ce point le biologiste Jacques Monod qui émettait des doutes sur l’existence du hasard ?
- Amazonie : Forêts vertes de Guyane et or jaune de l’orpaillage clandestin.
- Océan Indien : Embarquement à bord du Ponant, luxe sur les flots mais terreur sous les voiles. Quel sort sera t-il réservé aux preneurs d’otages ? Ils ne seront tout de même pas libérés et indemnisés ? À découvrir.
- Afrique : direction le Rwanda et l’histoire d’une longue traque avec interpellation et ce n’est pas la seule …
Vieille de 9 siècles mais à la pointe du progrès.
Le Tour du monde de la criminalité « du » général et « par » le général Galtier, non pas en quatre-vingt jours, pour reprendre le titre d’un ouvrage bien connu de Jean-Michel Verne (et pour cause), mais en quarante ans d’investigation, d’acharnement sans relâche et d’opiniâtreté sans concession s’achève par le tableau, peu réjouissant, de la nouvelle criminalité. À découvrir également, en particulier pour votre santé et votre bien-être !
La première conclusion mentionnée précédemment consistait à « ne jamais baisser les bras face au crime ». Il y en a une seconde :
La Gendarmerie : Vieille de 9 siècles mais à la pointe du progrès.
À la pointe du progrès scientifique et technique fondé sur la seule richesse qu’est l’homme au service d’une cause supérieure.
Un des mérites de « Mon combat contre le crime » est de le faire savoir. Haut et fort.
La prochaine présentation de l’ouvrage se tiendra devant l’École nationale de Journalisme. De quoi rendre encore plus fiers les membres de l’ANACLE pour le privilège dont ils ont pu ainsi bénéficier. Celui de pouvoir écouter une conférence « cinq étoiles » qui a magnifiquement su marier le Vert et Rouge de la Légion étrangère au Bleu (3) de la Gendarmerie nationale, mariage heureux s’il en est entre deux « grenades ».
Jean-Noël Beverini (4)
- Surnom donné à l’Armée après que Thiers ait refusé en 1872 le droit de vote aux militaires.
- « Mon combat contre le crime – De l’affaire Grégory au crash de la Germanwings ». Général d’armée David Galtier avec Jean-Michel Verne. Ed Robert Laffont (2020).
- La couleur de la Gendarmerie est le bleu dit « standard ».C’est aussi la couleur de la chape de Saint Martin. À titre de comparaison, celle de la police est le blanc. Pour simple rappel : le rouge et le vert de la Légion sont hérités des Suisses de la Légion (1855).
- Fier d’avoir, au cours d’une affectation parisienne, administré les Gendarmes maritimes.
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Cérémonie aux morts, minutes de silence, remise de décoration et adoubements :
Après ces emotions, nous avons invités nos auditeurs de partager le pot de l'amitié.
Le Général David GALTIER et Jean-Michel VERNE (adoubé déjà depuis le 16 Novemebre 2019) ont poursuivi à répondre aux questions et dédicacer le livre qui deviendra sûrement une référence pour nos forces de l'ordre.
Un grand merci à :
- la Direction de l'Animation de la Mairie du 9ème et 10ème arrondissements, à la Directrice de l'etablissement et son équipe.
-Madame Patricia GOMEZ-BASQUEZ pour avoir prepositionné le cocktail la veille avec le Capitaine Jean-Paul GIORGI.
-Aux membres dont les noms suivent : Roland LANDRE, Vincenzo ROMANO, Jean-Paul GIORGI et Mme Angela LAVERGNE pour avoir préparé la salle en ampithéâtre et servi le pot.
-Mesdames Marie-Claire RAULET et Fabienne MONTIES pour le stand de livres
-Au Lieutenant-colonel Bernard MEYRAN pour la couverture photos.
-Aux professeur José d'ARRIGO et au Commissaire en chef Jean-Noël BEVERINI pour leurs comptes rendus.
Débarquant le matin même au port de Marseille, sans leur aide cette conférence ne pouvait avoir lieu, à 19 H 00 j'ai invité nos aimables auditeurs de reprendre le chemin vers leurs domiciles. Les membres sont venus de loin, Marignane, La Ciotat, Bandol et Aix-en-Provence.
Désolé d'avoir refusé 71 fidèles autiteurs, les consisgnes strictes devaient être observées: La capacité etant limitée à 40 personnes. Les premiers 40 demandeurs ont été retenus.
Liens:
- Une séquence de la conférence du 16 Octobre 2020
- Invitation à la conférence du 16 Octobre 2020
- Conference de Jean-Michel VERNE du 16 Novembre 2019
Texte et photos © Monsieur-Légionnaire
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