Marseille, depuis plus de cinq jours sans enlèvement de ses ordures ménagères, avec les violents orages qu’elle a connus, envoie ses déchets à la mer.
Marseille, depuis plus de cinq jours sans enlèvement de ses ordures ménagères, avec les violents orages qu’elle a connus, envoie ses déchets à la mer.
Réaction des poissons méditerranéens.
JOLIS POISSONS, GROSSES ORDURES
Dessin Patrice Beverini
Jolis poissons, grosses ordures !
Le temps s’en va, l’ordure dure.
Les thons vous remercient
Et les dauphins, aussi,
Les bogues et les girelles,
Les rascasses et les pageots,
Les capelans, les bavarelles,
Les bonitous, les maquereaux.
Fini le temps où la sardine
Bouchait le Port non encore vieux.
Place aux ordures levantines.
C’était alors un temps heureux !
Pauvres habitants de nos eaux !
Il vous faut avoir l’écaille bien dure
Pour résister aux flots d’Éphe-Ô.
Je vous le dis, je vous l’assure.
Le Vieux-Port vient d’abriter
Un grand Congrès de la Nature.
Quel humour, n’est-il pas vrai,
Quand on voit toutes ces ordures.
Le poisson bleu quitte nos eaux
Disant à la rascasse brune :
« C’en est trop, vraiment c’en est trop ;
Vivement une autre lagune ! »
Le muge ne peut plus respirer.
Il a le nez tout boursoufflé.
« Fuyons, fuyons, dit la galinette,
Marseille nous tue et perd la tête ».
Quelle est donc, Éphe-Ô,
Cette drôle de bouillabaisse
Qui se cuisine dans nos eaux ?
Le poulpe d’or est à la fête !
Et ses tentacules époussettent
Tous ces virus, ces déchets
Que drainent les rues et les marchés.
« Fuyons, fuyons, dit la cigale.
Nous allons attraper la gale
Si nous restons dans ces calanques.
L’eau nous manque ! »
Le beau saint-pierre ne sait plus
À quel saint devoir se vouer !
Et l’étoile de mer n’en peut plus
Entre le flux et le reflux
De vieux papiers
« Grâce, grâce, fuyons cette épidémie
Depuis tant de jours et tant de nuits. »
À Marseille, le 5 octobre
De l’an de disgrâce 2021
Jean Lary de Fortuné
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