INAUGURATION D’UN MONUMENT DEDIE AUX PRISONNIERS DU VIET-MINH MORTS EN CAPTIVITE ENTRE 1946 ET 1954

Rédigé par Constantin LIANOS le 13 octobre 2024. Publié dans In memoriam.

Le 15 octobre 1954, les derniers prisonniers libérés par le Viêt-Minh embarquaient sur les bateaux de la marine française à Sam Son. Dès lors un macabre décompte permettait de mesurer l’épouvantable tragédie qui s’était jouée : plus de 40 000 prisonniers des armées française et vietnamienne manquaient alors à l’appel. Au sort dramatique de ces derniers venait s’ajouter celui des otages civils, hommes, femmes et enfants, capturés dès 1946 lors des soulèvements de Vinh et d’Hanoï puis tout au long de la guerre au Vietnam mais aussi au Laos et au Cambodge.

Honneurs à l’étendard du 2ème Régiment du Service Militaire Adapté de Brétigny sur Orge par le Lcl Langlois, CDC du 2ème RSMV.

Ce régiment est l'héritier du 10ème Régiment d’Artillerie Coloniale dont le 3eme groupe s’illustra sur le PA Isabelle lors de la bataille de Dien Bien Phu.

Le 5 octobre 2024, à quelques jours de ce 70^ème anniversaire, sous l‘impulsion de l’Association Nationale des Anciens Prisonniers Internés Déportés d’Indochine (ANAPI) un monument dédié "aux prisonniers du Viêt-Minh, morts en captivité entre 1946 et 1954" a été inauguré à Morsang sur Orge (91) dans le parc Simone Veil.

Outre le fait de rappeler le souvenir de ces malheureux prisonniers (européens, légionnaires, africains, nord-africains et indochinois), bien souvent disparus de notre mémoire collective, ce monument leur offre désormais une sépulture symbolique, eux qui en furent la plupart du temps privés. Cet aspect a notamment pu être concrétisée par l’intervention, en clôture de cérémonie, d’un représentant des différents cultes (bouddhiste, musulman, israélite, protestant et catholique).

Lors de cette inauguration étaient également présents sept prisonniers rescapés de l’enfer carcéral viêt-minh. Le rappel de leur parcours de captivité par des volontaires du Service National Universel (SNU) a été une séquence particulièrement émouvante, illustrant une transmission mémorielle entre les générations.

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M. Alain Castanier, préfet délégué pour l’égalité des chances entouré des élus, à sa gauche Mme Jocelyne Guidez, sénatrice de l’Essonne, le Lcl Martin Buliard DMD 91 adjoint, à sa droite Mme Mariane Duranton, maire de Morsang sur Orge et conseillère régionale IdF, M. Alexandre Touzet, vice-président du conseil départemental de l’Essonne et le CGA (2s) Philippe de Maleissye , président national de l’ANAPI.

Parmi ces vétérans se trouvait l’ex-légionnaire Pédro MARTINEZ-PARRA, matricule 85 266.

Pédro en Indochine	Pédro le 5 octobre 2024

Retour sur son parcours illustrant un fait d’armes peu connu au Laos en janvier 1954 au cours duquel un bataillon de la Légion a été totalement anéanti …

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Engagé volontaire pour 5 ans le 5 septembre 1951, Pédro Martinez-Parra rejoint tout d’abord le 6^ème REI et sert en Algérie et en Tunisie. Ce n’est que le 13 mars 1952 qu’il débarque en Indochine. Il a alors 24 ans. Affecté au 2^ème bataillon du 3^ème REI, il participe, début janvier 1954, aux opérations dans le nord du Laos dans la vallée de Paksane. Son bataillon est alors durement accroché du 30 janvier au 2 février 1954 à Kuong Kouel par un ennemi très supérieur en nombre et lourdement armé. Sur un effectif total de 325 hommes, 228 hommes sont tués ou portés disparus, seuls 19 rescapés parviennent à rejoindre les lignes françaises. Quant à son unité, la 6ème compagnie, déjà fortement étrillée, privée de deux de ses chefs de section, elle est décimée à Kuong Rip, ne parvenant ni à se regrouper, ni à rompre son encerclement. Avec un autre légionnaire espagnol, Pédro parvient néanmoins à franchir le dispositif ennemi, à la recherche désormais d’autres survivants. Leur objectif est simple rejoindre le premier poste encore tenu par les Français, à défaut, un pari fou, rejoindre la vallée de Dien Bien Phu située à quelques 80 km, soit 3 jours de marche, où un solide camp retranché s’est installé depuis novembre 1953.

Le 31 janvier 1954, se déplaçant le long d’une rivière, Pédro détecte la présence d’un combattant VM embusqué, prêt à faire feu sur son camarade qui progresse en tête. En se dévoilant et en attirant l’attention sur lui, Pédro sauve la vie de son camarade promis à une mort certaine mais est capturé. Ironie de l’histoire, ce sont finalement les combattants de Dien Bien Phu, faits prisonniers le 7 mai 1954 qui le rejoindront sur son lieu de captivité. Pédro Martinez-Parra est libéré 7 mois plus tard le 1^er septembre 1954 à Viétri (Vietnam). Après plusieurs mois de convalescence, il rejoint la 13^ème DBLE en Algérie où il termine son contrat et est rayé des contrôles de la Légion étrangère le 18 août 1956.

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Nos prisonniers du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient, leurs frères de misère de l’armée vietnamienne, ainsi que les otages civils, morts de maladie, d’épuisement et de désespoir, broyés par un véritable lavage de cerveau, ont à présent retrouvé leur place dans notre mémoire collective au travers de ce monument. Puissent-ils également trouver désormais le chemin de la paix et du repos éternel, eux qui sont amalgamés à tout jamais à cette terre indochinoise qu’ils avaient tant aimée.