Compte rendu de la visioconférence du 20 mai 2023 : L'avenir de la Police Nationale
L’inexorable déclin de la police française
Dans les années 70-80, la police française était une des meilleures du monde et de nombreux pays étrangers souhaitaient s’inspirer de son organisation et de ses méthodes. En un demi-siècle la donne a changé. La police aujourd’hui est considérée souvent comme absente, inefficace, incapable de faire face à l’explosion de la délinquance et de la criminalité. Que s’est-il passé ? Pourquoi cet inexorable déclin des forces de l’ordre qui faisaient l’admiration de toute l’Europe ?
C’est pour répondre à ces questions capitales que le lieutenant-colonel Constantin Lianos, président de l’association des anciens combattants et amis de la Légion Etrangère, a invité pour une visio-conférence internationale un expert reconnu de la sécurité : le commissaire divisionnaire honoraire Claude Dupont qui fit une brillante carrière à Marseille, à Nice et en Afrique. Ce haut-fonctionnaire a su relater avec précision l’histoire de notre police depuis sa création et sa conférence très complète a été magistrale. Mais à l’impossible nul n’est tenu : la police n’est pas la seule responsable de sa lente déliquescence.
Notre société n’accepte plus l’autorité, quelle qu’elle soit, et elle répugne à admettre la nécessité d’une force publique : le problème fondamental de la France du 21eme siècle, il est dans ce constat. La discipline est devenue une notion taboue. Et l’un des participants à cette superbe visio-conférence a fait observer qu’une simple gifle administrée à un de vos enfants pour lui apprendre à vivre peut aujourd’hui vous conduire en correctionnelle. Les maris qui auraient la main leste vis-à-vis de leurs épouses n’ont qu’à bien se tenir eux aussi. Le député Adrien Quatennens, qui n’a pourtant pas l’air d’un foudre de guerre, en sait quelque chose.
Tout se passe comme si la loi était devenue formelle et que son application était aléatoire. Voilà pourquoi le choix du lieutenant-colonel Constantin Lianos était très judicieux : il s’agit bel et bien aujourd’hui de s’interroger sur « l’avenir » de la police française, c’est-à-dire de savoir si elle a encore un avenir dans une société qui refuse obstinément toute contrainte. Le commissaire divisionnaire Claude Dupont a d’emblée fait écho à cette question existentielle avec l’introduction suivante qui fait froid dans le dos : « L’utilité de la police nationale se justifie-t-elle aujourd’hui : on peut raisonnablement en douter… »
Il est vrai que la police a été peu à peu démunie et désincarnée. Ce n’est même pas une question politique de gauche ou de droite puisque Nicolas Sarkozy lui-même, élu sur le thème d’une lutte ardente contre l’insécurité, n’a rien trouvé de mieux entre 2007 et 2012 que de ne pas remplacer 13 000 policiers et gendarmes qui partaient à la retraite, ce qui a entraîné la dissolution de plusieurs unités de maintien de l’ordre. A Marseille, de nombreux commissariats ont été fermés et seulement un tiers d’entre eux sont ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Ce qui me paraît très politique, en revanche, c’est la réforme de la police judiciaire proposée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et qui devrait, hélas, entrer en vigueur en septembre 2023 : il s’agit de départementaliser une police qui traite le haut du spectre de la criminalité avec une indéniable efficacité (85 % de taux d’élucidation des affaires) afin de désengorger les services de la sécurité publique noyés sous une avalanche de procédures (1,6 millions d’affaires non-traitées et en stock pour un taux d’élucidation de 10 % seulement).
Il s’agit dans l’esprit du gouvernement de prioriser le contentieux de masse, mais aussi, et personne ne le dénonce, de s’assurer un contrôle politique sur les enquêtes les plus sensibles puisque la nouvelle hiérarchie de la police judiciaire sera placée sous l’autorité directe du préfet, et non plus des procureurs et des juges qui pouvaient jusqu’ici saisir à leur guise tel ou tel service de police et instruire en toute liberté.
M. Darmanin, complètement à côté de la plaque, n’a pas hésité à évincer du jour au lendemain le patron de la zone sud de la police judiciaire, M. Eric Arella, inspecteur général des services actifs, un grand flic unanimement respecté par ses troupes, parce qu’il était suspecté d’avoir orchestré une manifestation de protestation lors de la venue à l’Evêché de M. Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale. Ce limogeage arbitraire et injuste n’est pas passé et il ne passera pas. La zone sud est vent debout contre cette réforme inutile qui démantèle un des plus beaux fleurons de la police française, celle des brigades du Tigre fondées par Georges Clémenceau.
Au lieu de réarmer moralement et juridiquement la police nationale, comme le souhaite M. Claude Dupont, les gouvernements font exactement l’inverse : ils la dénigrent, l’ostracisent et la déshabillent. Comment voulez-vous que les policiers puissent exercer leurs missions alors qu’ils en sont empêchés par tous les moyens possibles et corsetés dans leur action par une procédure pénale très favorable aux voyous ? Comment voulez-vous qu’un simple gardien de la paix puisse interpeller un délinquant en flagrant délit s’il n’a plus le droit de le maîtriser avec une clef de bras ou un placage ventral ? Comment peut-il faire cesser les rodéos à motos qui exaspèrent la population s’il ne peut plus prendre en chasse les fauteurs de troubles ? Comment oserait-il faire usage d’une arme à feu contre un malfaiteur qui le menace ou même d’un lanceur de balles de défense contre un « black-bloc » déchaîné s’il sait qu’il va finir en garde à vue et risque d’être radié de la police ?
La vérité, c’est que la police n’a quasiment plus le droit…de faire la police et que la légitime défense ne lui est plus reconnue. Quant aux magistrats, surtout ceux affiliés au syndicat de la magistrature, fervents partisans de l’excuse sociale, ils participent activement à cette démoralisation générale en se montrant laxistes avec des délinquants forcément victimes d’une société raciste et fasciste…
Le commissaire Claude Dupont et le lieutenant-colonel Lianos l’ont souligné à juste titre : les punitions ne sont plus exécutées en France. Ne parlons même pas des obligations de quitter le territoire qui sont devenues des permissions de demeurer sur le territoire, mais des peines de prison : lorsqu’un délinquant est condamné à dix ans de prison, il n’en fait que quatre et demi, lorsqu’il est puni de deux ans ferme, il ne met pas un pied en prison grâce aux « aménagements » de peine, et s’il écope de la perpétuité il a bon espoir de sortir au bout de dix-huit ans…
Autre exemple dramatique : le fiasco de la lutte contre le trafic de stupéfiants et la multiplication des « zones de non-droit » en France où le séparatisme est devenu une réalité. Pourquoi les policiers français, capables d’éradiquer la French-Connection dans les années 70 avec l’aide précieuse de nos amis américains ne sont-ils plus en mesure aujourd’hui de démanteler des réseaux qui gagnent jusqu’à 50 000 euros par jour ? La réponse du commissaire Dupont est très claire : parce que les pouvoirs publics considèrent le trafic de drogue comme « un instrument de paix sociale dans les banlieues » et qu’il faut mener « une action internationale très intense contre les pays producteurs de cannabis et de cocaïne ». Il s’agit de tarir l’offre de stupéfiants mais aussi la demande en s’attaquant aux toxicomanes autrement qu’en leur infligeant des amendes forfaitaires qui ne sont quasiment jamais réglées.
Le malaise est tel dans la police que les démissions et les suicides se multiplient. Toute vérité est devenue taboue : on ne peut plus dire par exemple que la plupart des délinquants emprisonnés sont des étrangers ou des Français issus de l’immigration africaine. Interrogé sur le « piston » en matière d’avancement, en particulier les coups de pouce liés à un appartenance maçonnique dans le corps des commissaires, M. Claude Dupont ne s’est pas dérobé :
« je pense que la maçonnerie a une influence néfaste sur le fonctionnement des services publics, a-t-il souligné, chaque individu est libre de son orientation politique, religieuse ou sexuelle mais force est de constater que la maçonnerie n’a pas permis une amélioration du fonctionnement de notre société… »
De nombreuses questions pertinentes ont été posées par les participants mais l’on retiendra surtout la prière instante du lieutenant-colonel Constantin Lianos qui a exhorté ainsi nos gouvernants : « ne laissez pas tomber une institution qui a largement fait ses preuves, ne cassez pas les services qui fonctionnent et ont fait leurs preuves ! » On retiendra également cette proposition intelligente du commissaire en Chef Alain Bévérini qui suggère de transposer le service de la police de l’air et des frontières (PAF) au sein même du territoire national : « puisque la France connait aujourd’hui des frontières intérieures, c’est-à-dire des zones de non-droit, où la police ne peut même plus pénétrer, pourquoi ne pas créer une police aux frontières intérieures qui serait en charge de la protection des territoires en sécession ? »
Le policier français était naguère considéré comme un sauveur. Un ange gardien. Il est aujourd’hui souvent perçu comme un gêneur. Hélas, M. Dupont a raison : on peut douter de l’utilité de la police aujourd’hui puisque…tout est permis ou presque.
José D’Arrigo
XXX
Un grand merci au Commissaire Divisionnaire Claude DUPONT pour cette visioconférence comme le cite José D'ARRIGO, magistrale et ce en tout point !
Merci aux auditeurs qui ont par leurs quetions pertinentes animé ce débat qui ne fait que commencer !
-Le commissaire divisionnaire Claude Dupont donnera la même conférence sur l’avenir de la police nationale le 15 juin 2023 à 18 h 30 salle Jean Jaurès à Rognac.
© Monsieur-Légionnaire
Respectez le travail des autres, au lieu de copier coller, mettez le lien.
- Vues: 1430