Monsieur de Bergerac, pour la dernière fois, avez-vous quelque chose à déclarer ?
« Monsieur de Bergerac, pour la dernière fois, avez-vous quelque chose à déclarer ? »
Votre « Monsieur », monsieur, me fatigue l’oreille
Personne n’a usé d’appellation pareille ;
Quand on s’adresse à moi, on parle à Cyrano.
Si Bergerac est noble, Cyrano est héros
Sur les champs de bataille et non dans les prétoires
Où l’on parle beaucoup sans récolter de gloire.
Innocent ou coupable, qu’importe la sentence
Dois-je vous dire ici que mon cœur s’en balance.
Cœur pur et noble sang sont les seuls à chanter
En toute connaissance où est la Vérité.
La mienne, cher monsieur, s’écrit en trois syllabes
Qui pour vous sont du grec, du chinois de l’arabe :
Ma Vérité à moi se nomme Liberté
Et personne ici-bas ne pourra me l’ôter.
Quel que soient vos avis, je resterai vivant
Ne le suis-je déjà depuis plus de cent ans
Sur bien d’autres théâtres que votre pâle Cour
Je vis dans un nid d’aigle et vous, en basse-cour.
Tous vos livres de droit, vos traités politiques
Ne vous enseigneront, jamais, dans la pratique
Ce panache qui vole bien au dessus des lois.
Le panache est refus de ne penser qu’à soi
Le panache, monsieur, c’est l’aile de l’oiseau
C’est le souffle du vent qui atteint le Très Haut
C’est le rire d’enfant qui se rit du danger
C’est la main du mendiant qui se tend pour manger
Mais qui pour rien au monde oserait s’abaisser
C’est l’humour du guerrier mortellement blessé.
Le suprême panache qui côtoie le tragique
L’invite galamment à danser en musique.
Le panache est à l’âme ce qu’est à mon visage
La grandeur de mon nez qui transcende les âges.
Vertichou ! J’ai voulu être admirable en tout
C’est cela mon panache envers et contre tout.
Nul besoin de mander que l’on m’ouvre la porte
Ce panache, monsieur, malgré vous, je l’emporte.
Le 22 septembre 2018
Jean Noël Beverini (membre de l'académie de Marseille, membre de l'AACLE de Marseille Provence)
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